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À Hélène

Le poème ‘À Hélène’ d’Edgar Allan Poe, écrit au XIXe siècle, est une œuvre profonde qui capture l’essence de l’amour perdu et la beauté éphémère des souvenirs. À travers une nuit étoilée et une lune éclatante, Poe nous transporte dans un jardin enchanté où le temps semble s’arrêter. Ce poème demeure significatif, car il évoque des émotions universelles et intemporelles sur l’amour et la perte.
Je te vis une fois — une seule fois — il y a des annÃĐes : combien, je ne le dois pas dire, mais peu. C’ÃĐtait un minuit de Juillet ; et hors du plein orbe d’une lune qui, comme ton ÃĒme mÊme s’ÃĐlevant, se frayait un chemin prÃĐcipitÃĐ au haut du ciel, tombait de soie et argentÃĐ un voile de lumiÃĻre, avec quiÃĐtude et chaud accablement et sommeil, sur les figures levÃĐes de mille roses qui croissaient dans un jardin enchantÃĐ, oÃđ nul vent n’osait bouger, si ce n’est sur la pointe des pieds ; — il tombait sur les figures levÃĐes de ces roses qui rendaient, en retour de la lumiÃĻre d’amour, leurs odorantes ÃĒmes en une mort extatique ; — il tombait sur les figures levÃĐes de ces roses qui souriaient et mouraient en ce parterre, enchantÃР— par toi et par la poÃĐsie de ta prÃĐsence. Tout de blanc habillÃĐe, sur un banc de violette, je te vis à demi gisante, tandis que la lune, tombait sur les figures levÃĐes de ces roses, et sur la tienne mÊme, levÃĐe, hÃĐlas ! dans le chagrin.
N’ÃĐtait-ce pas la destinÃĐe qui, par ce minuit de Juillet, — n’ÃĐtait-ce pas la destinÃĐe, dont le nom est aussi chagrin, — qui me commanda cette pause devant la grille du jardin pour respirer l’encens de ces sommeillantes roses ? Aucun pas ne s’agitait : le monde dÃĐtestÃĐ tout entier dormait, exceptÃĐ seulement toi et moi (oh ! cieux ! — oh ! Dieu ! comme mon cœur bat d’accoupler ces deux noms !), exceptÃĐ seulement toi et moi. — Je m’arrÊtai, — je regardai, — et en un instant toutes choses disparurent. (Ah ! aie en l’esprit ceci que le jardin ÃĐtait enchantÃĐ !) Le lustre perlÃĐ de la lune s’en alla : les bancs de mousse et le mÃĐandre des sentiers, les fleurs heureuses et les gÃĐmissants arbres ne se firent plus voir : des roses mÊmes l’odeur mourut dans les bras des airs adorateurs. Tout, — tout expira, sauf toi, sauf moins que toi, sauf seulement la divine lumiÃĻre en tes yeux, sauf rien que l’ÃĒme en tes yeux levÃĐs. Je ne vis qu’eux ; — ils ÃĐtaient le monde pour moi. Je ne vis qu’eux, — les vis seulement pendant des heures, — les vis seulement jusqu’alors que la lune s’en alla. Quelles terribles histoires du cœur semblÃĻrent inscrites sur ces cristallines, cÃĐlestes sphÃĻres ! Quelle mer silencieusement sereine d’orgueil ! Quelle ambition osÃĐe ! pourtant quelle profonde, quelle insondable puissance pour l’amour !
Mais voici qu’à la fin la chÃĻre Diane plongea hors de la vue dans la couche occidentale d’un nuage de foudre : et toi, fantÃīme, parmi le sÃĐpulcre des arbres, te glissas au loin. Tes yeux seulement demeurÃĻrent. Ils ne voulurent pas partir ; — ils ne sont jamais partis encore !
Éclairant ma route solitaire à la maison cette nuit-là, ils ne m’ont pas quittÃĐ (comme firent mes espoirs) depuis. Ils me suivent, ils me conduisent à travers les annÃĐes. Ils sont mes ministres ; pourtant je suis leur esclave. Leur office est d’illuminer et d’embraser ; mon devoir, d’Être sauvÃĐ par leur brillante lumiÃĻre, et purifiÃĐ dans leur feu ÃĐlectrique, et sanctifiÃĐ dans leur feu ÃĐlysÃĐen. Ils emplissent mon ÃĒme de beautÃĐ (qui est espoir), et sont loin, au haut des cieux, — les ÃĐtoiles devant qui je m’agenouille dans les tristes, taciturnes veilles de ma nuit ; tandis que, dans le rayonnement mÃĐridien du jour, je les vois encore, — deux suaves, scintillantes VÃĐnus, inextinguibles au soleil.
Extrait de:
Les PoÃĻmes d’Edgar Poe, (1889) traduit par StÃĐphane MallarmÃĐ
En conclusion, ‘À Hélène’ invite le lecteur à réfléchir sur les souvenirs et les réflexions liés à l’amour, encourageant chacun à explorer davantage les œuvres d’Edgar Allan Poe pour découvrir d’autres trésors poétiques envoûtants.
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