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Guerre sous une ville en ruines

Guerre sous une ville en ruines
Plongez dans ‘Guerre sous une ville en ruines’, un poème poignant qui explore les cicatrices d’un conflit dévastateur à travers les yeux d’un orphelin. Dans un paysage de cendres et de ruines, l’enfant incarne l’innocence brisée et la quête désespérée d’un sens au milieu du chaos. Ce récit poétique mêle mélancolie et espoir, invitant le lecteur à réfléchir sur les conséquences de la guerre et la résilience de l’esprit humain.
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L’Orphelin des Cendres

Au cœur d’un soir d’automne où les brumes s’étirent,
Un enfant aux yeux creux, que les destins martyrisent,
Chemine à pas feutrés dans les décombres gris
D’une cité en deuil, spectre aux murs dévorés.
Ses mains, frêles rameaux sur un sol de poussière,
Sondent l’ombre éternelle où gît un monde entier.
Il cherche, dit-on, l’âme éparse d’un mystère,
Un mot enseveli sous les cris du passé.

Les tours jadis altières, couronnées de gloire,
Ne sont plus que squelettes rongés par l’embrasement.
Le vent hurle à travers les arceaux en mémoire,
Évoquant les clairons d’un lointain régiment.
L’enfant, drapé de loques, écoute les murmures
Que lui souffle la pierre en ses éclats mordorés :
« Vois ces dalles qui saignent sous les constellations,
Chaque fente recèle un chuchotement sacré. »

Il avance, guidé par les lueurs orphelines
Qui dansent sur les eaux stagnantes des canaux,
Comme autant de flambeaux aux lèvres clandestines
Révélant par fragments un drame sans écho.
Soudain, au détour d’une venelle effondrée,
Une voix sans visage émerge du néant :
« Qui trouble le repos des ombres éplorées ?
Tes pas font tressaillir les morts sous leur linceul blanc. »

L’enfant, sans reculer, tend sa main vers le vide :
« Je suis l’héritier nu des silences trahis,
Celui que les combats ont jeté dans le vide
Sans nom, sans lendemain, sans chant pour m’étourdir.
Rendez-moi ce qui fut arraché à ma vie
Avant que le fer rouge n’embrase l’horizon !
— La vérité, petit, est un miroir brisé :
Ses éclairs te blesseront plus que les bataillons. »

Mais l’orphelin, obstiné, franchit les portiques
Où veillent des guerriers sculptés dans le basalte,
Leurs prunelles de jade fixant les chroniques
D’un empire englouti par son propre vertige.
Il gravit les degrés d’un palais en ruine
Dont les fresques racontent un soleil éclipsé :
« Ici régnait la paix, lisait-on sous les vignes,
Avant que les canons n’en fassent un bûcher. »

Au faîte de la tour qu’assiègent les corbeaux,
Un coffret de cuivre luit dans la pénombre.
L’enfant, le cœur battant comme un fragile oiseau,
En soulève le couvercle englué de cendre.
À l’intérieur, un livre aux parchemins jaunis
Déploie ses phrases enlacées de sang séché :
« Je fus jadis l’espoir, le serment, la promesse,
Mais l’homme a préféré le glaive au mot chanté. »

Les pages se déroulent sous ses doigts tremblants,
Dévoilant les soupirs d’un amour interdit :
Une reine guerrière, un poète brûlant,
Un pacte scellé dans les larmes de la nuit.
« Le roi, ivre de haine, ordonna le massacre,
Craignant que leur union n’ébranle son pouvoir.
Le poète expira sous les chaînes des astres,
La reine but son fiel plutôt que de se rendre. »

L’enfant pleure des mots qu’il ne comprend qu’à demi,
Sentant monter en lui la marée d’un passé
Qui mêle à son sang pauvre un destin ennemi.
« Suis-je le fruit maudit de ces amours tranchés ?
— Tu es l’ultime étincelle allumée dans l’abîme,
L’écho d’un monde ancien que la folie a tué »,
Répond la voix, plus proche, étreignant sa détresse.
« Ton nom est oublié, mais ton sang est marqué. »

Le vent redouble alors, charriant des épaves,
Des lambeaux d’étendards, des hennissements morts.
L’enfant serre le livre contre sa poitrine lavée,
Tandis que les murs croulent sous les assauts du sort.
« Pars avant que les mânes ne te clouent au supplice !
Fuis ces pierres qui gardent le venin des aleuls !
— Non, je resterai ici, dans l’ombre maternelle,
Car ma place est parmi ces débris minuscules. »

Un éclair déchire alors la nue ulcérée,
La foudre embrase l’air d’un souffle furibond.
Le palais tout entier, secoué de colère,
S’effondre en un soupir de poudre et de limon.
L’enfant, sous les gravats, murmure une prière
Que le siècle étouffa dans ses plis meurtriers :
« Que ceux qui naîtront après, dans la lumière claire,
N’oublient pas que la guerre est un fruit sans pardon. »

Quand l’aube se lèvera sur les cendres calmées,
Un lierre entourera les ruines d’un linceul.
Les voyageurs diront, en frissonnant de peine,
Qu’un chant faible et têtu flotte encore dans les airs :
C’est l’âme de l’enfant, liée aux pierres blêmes,
Qui redit sans relâche aux vivants égarés
Que nul ne guérit jamais du venin des blasphèmes
Et que les mots perdus sont les seuls vérités.

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Alors que les cendres retombent et que le silence enveloppe les ruines, le poème nous laisse avec une question profonde : que reste-t-il de l’humanité après la guerre ? L’enfant, devenu symbole de mémoire et de résistance, nous rappelle que les mots perdus et les vérités oubliées sont les seuls remparts contre l’oubli. Puissions-nous, à travers ses larmes et ses murmures, apprendre à écouter les échos du passé pour éviter de répéter les mêmes erreurs.
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr
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