Le poème ‘Il est des Instants Étranges, Uniques’ de Yannis Ritsos nous plonge dans des moments de la vie quotidienne qui semblent anodins mais recèlent une profondeur insoupçonnée. Écrit au XXe siècle, Ritsos parvient à capturer la beauté des instants fugaces qui nous entourent, nous rappelant que même les scènes les plus banales peuvent porter une signification riche et touchante. Ce poème, à travers ses images frappantes, invite ses lecteurs à une contemplation attentive de leur environnement.
Il est des instants étranges, uniques, presque cocasses.
Un homme marche à midi en portant un panier sur sa tête;
le panier lui cache entièrement le visage
comme s’il était sans tête ou déguisé,
portant une tête monstrueuse et sans yeux,
aux yeux innombrables.
Tel autre,qui flâne rêveusement dans le crépuscule,
trébuche quelque part, pousse un juron,
revient sur ses pas, cherche;
— un caillou minuscule; il le soulève; il l’embrasse;
puis il s’inquiète soudain : quelqu’un d’autre a pu le surprendre;
il s’éloigne d’un air coupable.
Une femme met sa main dans sa poche; elle n’y trouve rien;
elle ressort sa main, l’élève, l’observe attentivement :
une main imprégnée de la poussière du vide.
Un garçon de café a refermé sa paume sur une mouche
— il ne la serre pas;
un client l’appelle; il a oublié la mouche;
il desserre sa paume; la mouche s’envole, se pose sur le verre.
Un papier roule dans la rue avec hésitation,
en marquant des temps d’arrêt,
sans attirer l’attention de qui que ce soit, — cela lui plaît.
Pourtant, à chaque instant,
il émet un craquement particulier qui est un démenti;
comme s’il cherchait maintenant
quelque témoin incorruptible de sa marche modeste, mystérieuse.
Et toutes ces choses ont une beauté solitaire, inexplicable,
une peine très profonde venue de nos propres gestes, étrangers et inconnus
— n’est-ce pas?
Un homme marche à midi en portant un panier sur sa tête;
le panier lui cache entièrement le visage
comme s’il était sans tête ou déguisé,
portant une tête monstrueuse et sans yeux,
aux yeux innombrables.
Tel autre,qui flâne rêveusement dans le crépuscule,
trébuche quelque part, pousse un juron,
revient sur ses pas, cherche;
— un caillou minuscule; il le soulève; il l’embrasse;
puis il s’inquiète soudain : quelqu’un d’autre a pu le surprendre;
il s’éloigne d’un air coupable.
Une femme met sa main dans sa poche; elle n’y trouve rien;
elle ressort sa main, l’élève, l’observe attentivement :
une main imprégnée de la poussière du vide.
Un garçon de café a refermé sa paume sur une mouche
— il ne la serre pas;
un client l’appelle; il a oublié la mouche;
il desserre sa paume; la mouche s’envole, se pose sur le verre.
Un papier roule dans la rue avec hésitation,
en marquant des temps d’arrêt,
sans attirer l’attention de qui que ce soit, — cela lui plaît.
Pourtant, à chaque instant,
il émet un craquement particulier qui est un démenti;
comme s’il cherchait maintenant
quelque témoin incorruptible de sa marche modeste, mystérieuse.
Et toutes ces choses ont une beauté solitaire, inexplicable,
une peine très profonde venue de nos propres gestes, étrangers et inconnus
— n’est-ce pas?
En explorant la richesse de ‘Il est des Instants Étranges, Uniques’, nous sommes encouragés à reconnaître la beauté cachée dans le quotidien. Partagez vos réflexions sur ce poème et découvrez d’autres œuvres de Yannis Ritsos pour continuer cette aventure poétique.