Le poème ‘Immeuble Ii’ de Dominique Grandmont, écrit dans les années 70, nous plonge dans une vision poignante de Paris. Avec des images saisissantes, Grandmont évoque les bruits de la ville, les rencontres éphémères et la mélancolie inhérente à la vie urbaine. Ce poème reste significatif par sa capacité à capturer des moments simples mais profonds, reflétant le rythme et l’âme de Paris.
Paris 1970 ou 1973.
Les chiens, les titres de journal,
le klaxon répété d’une voiture dans le passage
et les mariés dans un taxi.
La fenêtre
n’est qu’entrouverte et toutes les transparences
grandissent quand la porte, toutes les portes se referment.
Ou est-ce simplement le bruit des clés jetées sur une table
et la cigarette qui se fume toute seule, comme ici.
On aperçoit au fond
cette horloge arrêtée des scènes de théâtres, quand
l’acteur ne sait plus ce qu’il faut dire ou comme si, dans un couloir,
il regardait soudain qui peut bien le suivre,
devant un miroir qui le refléterait alors qu’il n’y a rien en face de lui,
devant un miroir oublié d’instants morts plus forts que la mort,
et peut-être y a-t-il quelqu’un d’immobile sur un lit et peut-être est-il en avance
à un rendez-vous que personne
ne lui a fixé.
Des pas s’éloignent : ils s’approchent.
On parle aussi dans l’escalier.
Un talon claque.
Des verres traînent sur un plancher.
(Dimanches clairs et vides ou, qui sonneraient à l’envers,
des heures mal comptées, trop lentes.
Et des points de repère réels, mais provisoires,
des avions, des banlieues, mais tout cela n’est pas certain).
Seulement quand un métro passe on sent parfois trembler les vitres
et la force du monde ou quelque chose
d’abord comme un pas lourd sur un parquet
tremblant, presque des mots.
Martèlements qu’on n’entend pas.
On n’entend pas ce qui est enfermé dans de la peau brûlante, le temps dehors, les voix debout.
En face les grues sont comme dessinées sur le ciel et tout paraît si neuf et la proximité si grande qu’un souffle aussitôt les efface.
Le ciel est un peu gris, les choses plutôt jaunes à cause d’un midi d’automne.
En bas quelqu’un regarde une moto en mâchant un sandwich.
Un
Noir au long manteau, près de l’arrêt de l’autobus, arrange sur le sol des bibelots, des ceinturons, des
masques, et s’assoit sur le banc, le dos tourné.
Il a un bonnet de laine et les passants de tous les jours ont tous le même corps, les mêmes bras, les mêmes
jambes.
Mais on ne sait pas s’ils vont ou s’ils viennent, on ne sait plus à quel
moment c’était.
Le doigt de la mendiante, sur sa canne d’aluminium — quand elle s’arrête titubante pour injurier les magasins — est potelé, bruni par la crasse et par la terre.
Les arbres sont poilus et font des gestes incompréhensibles jusqu’au troisième étage des immeubles aux lourds
frontons de pierre.
La gare droite comme un temple marque l’heure un
peu plus loin, entre les colonnes doriques de fonte noire et les
affiches on voit encore les drapeaux sur une voiture comme des enfants qui courent,
mais c’est tout.
La lumière cette fois
recule et jusqu’à l’horizon,
on n’entend, de nouveau, que le bruit de la ville.
Les chiens, les titres de journal,
le klaxon répété d’une voiture dans le passage
et les mariés dans un taxi.
La fenêtre
n’est qu’entrouverte et toutes les transparences
grandissent quand la porte, toutes les portes se referment.
Ou est-ce simplement le bruit des clés jetées sur une table
et la cigarette qui se fume toute seule, comme ici.
On aperçoit au fond
cette horloge arrêtée des scènes de théâtres, quand
l’acteur ne sait plus ce qu’il faut dire ou comme si, dans un couloir,
il regardait soudain qui peut bien le suivre,
devant un miroir qui le refléterait alors qu’il n’y a rien en face de lui,
devant un miroir oublié d’instants morts plus forts que la mort,
et peut-être y a-t-il quelqu’un d’immobile sur un lit et peut-être est-il en avance
à un rendez-vous que personne
ne lui a fixé.
Des pas s’éloignent : ils s’approchent.
On parle aussi dans l’escalier.
Un talon claque.
Des verres traînent sur un plancher.
(Dimanches clairs et vides ou, qui sonneraient à l’envers,
des heures mal comptées, trop lentes.
Et des points de repère réels, mais provisoires,
des avions, des banlieues, mais tout cela n’est pas certain).
Seulement quand un métro passe on sent parfois trembler les vitres
et la force du monde ou quelque chose
d’abord comme un pas lourd sur un parquet
tremblant, presque des mots.
Martèlements qu’on n’entend pas.
On n’entend pas ce qui est enfermé dans de la peau brûlante, le temps dehors, les voix debout.
En face les grues sont comme dessinées sur le ciel et tout paraît si neuf et la proximité si grande qu’un souffle aussitôt les efface.
Le ciel est un peu gris, les choses plutôt jaunes à cause d’un midi d’automne.
En bas quelqu’un regarde une moto en mâchant un sandwich.
Un
Noir au long manteau, près de l’arrêt de l’autobus, arrange sur le sol des bibelots, des ceinturons, des
masques, et s’assoit sur le banc, le dos tourné.
Il a un bonnet de laine et les passants de tous les jours ont tous le même corps, les mêmes bras, les mêmes
jambes.
Mais on ne sait pas s’ils vont ou s’ils viennent, on ne sait plus à quel
moment c’était.
Le doigt de la mendiante, sur sa canne d’aluminium — quand elle s’arrête titubante pour injurier les magasins — est potelé, bruni par la crasse et par la terre.
Les arbres sont poilus et font des gestes incompréhensibles jusqu’au troisième étage des immeubles aux lourds
frontons de pierre.
La gare droite comme un temple marque l’heure un
peu plus loin, entre les colonnes doriques de fonte noire et les
affiches on voit encore les drapeaux sur une voiture comme des enfants qui courent,
mais c’est tout.
La lumière cette fois
recule et jusqu’à l’horizon,
on n’entend, de nouveau, que le bruit de la ville.
En somme, ‘Immeuble Ii’ nous invite à contempler la beauté fragile de notre environnement urbain. N’hésitez pas à explorer davantage d’œuvres de Dominique Grandmont et à partager vos réflexions sur ses mots évocateurs.