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La Chasse (1412)

La Chasse, un poème d’Aloysius Bertrand écrit en 1412, plonge le lecteur dans une scène de chasse où la beauté de la journée contraste avec la tragédie du meurtre. Ce poème explore la complexité des émotions humaines face à la nature et aux relations familiales, tout en reflétant un moment historique significatif. Bertrand, reconnu pour son style unique, nous offre ici une œuvre riche en symbolisme et en profondeur émotionnelle.
Allons ! courre un petit le cerf, ce luy dist-il.
Poésies inédites
Et la chasse allait, allait, claire étant la journée, par les monts et les vaux, par les champs et les bois, les varlets courant, les trompes fanfarant, les chiens aboyant, les
faucons volant, et les deux cousins côte à côte chevauchant, et perçant de leurs épieux cerfs et sangliers dans la ramée, de leurs arbalètes hérons et
cigognes dans les airs.
« Cousin, dit Hubert à Regnault, il me semble que, pour avoir scellé notre paix ce matin, vous n’êtes guère en gaieté de cœur ?
– Oui-dà ! », lui répondit-on.
Regnault avait l’œil rouge d’un fou ou d’un damné; Hubert était soucieux; et la chasse toujours allait, toujours allait, claire étant la journée, par les monts et les
vaux, par les champs et les bois.
Mais voilà que soudain une troupe de gens de pied, embusqués dans la baume des fées, se rua, la lance bas, sur la chasse joyeuse. Regnault dégaina son épée et ce
fut – signez-vous d’horreur ! – pour en bailler plusieurs coups au travers du corps de son cousin, qui vida les étriers.
« Tue, tue ! criait le Ganelon.
Notre-Dame, quelle Pitié ! – et la chasse n’allait plus, claire étant la journée par les monts et les vaux, par les champs et les bois.
Devant Dieu soit l’âme d’Hubert, sire de Maugiron, piteusement meurtri le troisième jour de juillet, fan quatorze cent douze; et les diables aient l’âne de Regnault, sire de
l’Aubépine, son cousin et son meurtrier ! Amen.
Ce poème invite à réfléchir sur les conséquences tragiques de nos actions, même dans les moments de joie apparente. Il est essentiel de considérer les œuvres d’Aloysius Bertrand, qui continuent d’inspirer et de questionner notre humanité à travers les âges.
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