Armand Gatti, poète engagé du 20ᵉ siècle, nous offre avec ‘La Part en Trop’ une réflexion profonde sur l’identité humaine, l’exil et la mémoire. À travers ses vers puissants, Gatti explore les multiples facettes des luttes personnelles et collectives, tout en questionnant la notion de mémoire dans un monde constamment en mouvement. Ce poème, écrit dans un contexte historique troublé, résonne encore aujourd’hui, nous invitant à revisiter notre propre rapport à l’identité et à l’histoire.
(extraits)
Lui dans sa démesure.
Nous derrière cette démesure
le suivant (image par image) sans jamais le trouver
mais sachant qu’il n’y a pas d’autre route
pour se rendre sur les lieux
de la bataille aux dizaines d’identités
que celle du passeur.
(Une part libertaire en exil aux quatre coins du monde
une part combattante sur l’horloge espagnole
une part émigrée vers d’autres combats
une part emprisonnée dans les passages des montagnes
une part coincée dans les strophes de
L’Internationale…)
Chaque fois il y a une part en trop.
Celui qui vient de l’autre côté du lac
ILe spectateur peut-il à travers les morts de la guerre civile plantés aux quatre coins du monde devenir son propre spectacle ?
une part alouette montant à la verticale des lieux de la tuerie
une part oiseau migrateur faisant le tour du monde une part rouge-gorge dans la rigueur hivernale.)
Toujours une part en trop.
*
Le regard du coyote
Verticalité de la mort
(nommée sur les plans de tourisme :
Entrée des incroyants)
comme s’il s’agissait d’ajouter une part en plus
au portrait-robot.
Le passeur fait de ces incroyants
un de ses lieux de passage.
Huit voyelles et onze consonnes bout à bout
cartes que l’histoire garde
pour dire qu’elle a encore un jeu qu’elle peut abattre.
Trois pierres
(essentiellement du vide avec quelques tourbillons
d’atomes — plus le physicien avance, plus le réel
devient insaisissable).
Le réel est là — et il n’y a rien.
Menée par lui
la légende déborde quand même de tous les côtés.
*
Celui des signaux de fumée sur la montagne
Il reste leurs noms.
Dans leurs visages d’alors
la sentence de mort n’est pas entrée.
Elle est restée au-dedans, flamme blanche.
MORT
EXIL
PRISON
Image après image ils ont traversé
tous les moments du portrait-robot.
La triangulation est née d’eux, avant de se multiplier.
Les montagnes que traversent les révolutions perdues
continuent à dérouler leurs soliloques
en dehors de toute commémoration.
Ceux qui contre toutes les haltes
se sont voulus trajets entiers
voient les portes se refermer
lorsque le chien de la mémoire
s’aventure sur les ziggurats pyrénéennes
qu’ils ont eux-mêmes tracées, une imprimerie sur le
dos.
La triangulation, ils l’ont continuée avec le garrot et la rafale en pleine rue.
La bataille, tous croient l’avoir gagnée eux seuls l’ont perdue.
Impossible de retrouver les siens parmi les siens de s’y nommer.
On les voit avec l’éternelle part en trop soudain mûrir dans une parole et avancer dans la nuit des robots.
Mais qui avance avec eux ?
Lui dans sa démesure.
Nous derrière cette démesure
le suivant (image par image) sans jamais le trouver
mais sachant qu’il n’y a pas d’autre route
pour se rendre sur les lieux
de la bataille aux dizaines d’identités
que celle du passeur.
(Une part libertaire en exil aux quatre coins du monde
une part combattante sur l’horloge espagnole
une part émigrée vers d’autres combats
une part emprisonnée dans les passages des montagnes
une part coincée dans les strophes de
L’Internationale…)
Chaque fois il y a une part en trop.
Celui qui vient de l’autre côté du lac
ILe spectateur peut-il à travers les morts de la guerre civile plantés aux quatre coins du monde devenir son propre spectacle ?
une part alouette montant à la verticale des lieux de la tuerie
une part oiseau migrateur faisant le tour du monde une part rouge-gorge dans la rigueur hivernale.)
Toujours une part en trop.
*
Le regard du coyote
Verticalité de la mort
(nommée sur les plans de tourisme :
Entrée des incroyants)
comme s’il s’agissait d’ajouter une part en plus
au portrait-robot.
Le passeur fait de ces incroyants
un de ses lieux de passage.
Huit voyelles et onze consonnes bout à bout
cartes que l’histoire garde
pour dire qu’elle a encore un jeu qu’elle peut abattre.
Trois pierres
(essentiellement du vide avec quelques tourbillons
d’atomes — plus le physicien avance, plus le réel
devient insaisissable).
Le réel est là — et il n’y a rien.
Menée par lui
la légende déborde quand même de tous les côtés.
*
Celui des signaux de fumée sur la montagne
Il reste leurs noms.
Dans leurs visages d’alors
la sentence de mort n’est pas entrée.
Elle est restée au-dedans, flamme blanche.
MORT
EXIL
PRISON
Image après image ils ont traversé
tous les moments du portrait-robot.
La triangulation est née d’eux, avant de se multiplier.
Les montagnes que traversent les révolutions perdues
continuent à dérouler leurs soliloques
en dehors de toute commémoration.
Ceux qui contre toutes les haltes
se sont voulus trajets entiers
voient les portes se refermer
lorsque le chien de la mémoire
s’aventure sur les ziggurats pyrénéennes
qu’ils ont eux-mêmes tracées, une imprimerie sur le
dos.
La triangulation, ils l’ont continuée avec le garrot et la rafale en pleine rue.
La bataille, tous croient l’avoir gagnée eux seuls l’ont perdue.
Impossible de retrouver les siens parmi les siens de s’y nommer.
On les voit avec l’éternelle part en trop soudain mûrir dans une parole et avancer dans la nuit des robots.
Mais qui avance avec eux ?
En somme, ‘La Part en Trop’ d’Armand Gatti est un invitation à réfléchir sur le poids de la mémoire et de l’identité, et sur ce que signifie avancer en portant une part de l’autre en soi. N’hésitez pas à explorer davantage les œuvres de Gatti pour découvrir d’autres réflexions poignantes sur l’humain et le politique.