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La Veillée avec André Lafon

Le poème ‘La Veillée avec André Lafon’ de François Mauriac est une œuvre profondément émotive qui explore le thème du silence et de la mémoire. Écrit au 20ᵉ siècle, il reflète l’impact de la perte et la quête de paix intérieure à travers les souvenirs d’un ami. La plume délicate de Mauriac nous plonge dans une atmosphère nostalgique, où chaque vers évoque la tendresse d’une amitié perdue.
Entre comme autrefois.
Tu vis encor.
La cendre
Chaude attire tes mains où ne luit pas d’anneau.
Tes yeux ont le silence et le sommeil de l’eau,
O toi qui te taisais pour que l’on pût t’entendre…
Tes lourds souliers de feu fument d’un long chemin.
Mais sur ton front rayonne une paix étemelle,
Et tu goûtes, au soir des combats inhumains, l’anéantissement près de mon cœur fidèle.
Mon ami que mes mains n’ont pas enseveli,
Je fuis dans tes regards l’immense hiver funèbre
Et tous les corps vivants ou morts que cette nuit
Enveloppe de froid, de pluie et de ténèbre.
Une heure délaissant les martyrs, à travers
Les branches du passé touffu, mon cœur s’avance
Sur l’allée, au midi, quand les brusques piverts
S’éloignaient dans le bois en blessant le silence.
L’odeur de ce matin où tu étais vivant
Remonte d’un passé de songe et de faiblesse.
Les cloches des coteaux se mêlaient dans le vent.
Ma mère revenait de la première messe.
La houle qui berça mes voyages d’antan
Savait moins consoler ma souffrante insomnie
Que celle qui gonflait ta poitrine endormie, 0 dormeur étendu dans l’herbe du printemps !
Ce soir reflue en moi où tu étais vivant.
Les feux de la
Saint-Jean étoilaient les collines.
Le sang ne souillait pas les cheveux des enfants.
L’hiver ne glaçait pas d’immobiles poitrines.
Au retour des chemins où nous ne causions plus,
Tu dénombrais au ciel les astres, tes royaumes.
Un bouvier presque enfant passait, d’ombre vêtu :
Comme ils étaient vivants encor, les jeunes hommes !
Comme vous vous leviez, fronts ce soir confondus
Dans l’argile d’où votre odeur s’élève et rôde…
C’était l’époque où l’août sur les provinces chaudes
Tend ses ciels traversés de bolides perdus.
Mon
André, ton silence remplit ce soir l’espace.
Ce calme en moi, c’est bien ton étemelle paix.
Que la fenêtre est vide où ton corps se penchait !
Et pourtant, tu est là, silencieuse
Face.
Ainsi nous poursuivons cette étrange veillée.
Loin d’un monde à jamais souillé du sang d’Abel.
Je ne t’arrache pas à ton songe étemel.
Tu ne regardes rien, hors mes lèvres scellées.
Jusqu’à ce que, tremblant de vertige et d’effroi.
Surgissant de ma couche au brusque appel du
Père,
J’apparaisse souillé et nu dans ta lumière,
O mort ! et me découvre aussi vivant que
Toi.
Ce poème incite le lecteur à réfléchir sur l’importance des souvenirs et des liens qui perdurent même après la mort. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de François Mauriac et à partager vos réflexions sur ce poignant hommage à l’amitié.
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