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L’Éternel Serment aux Pierres Évanouies

L'Éternel Serment aux Pierres Évanouies
Plongez dans un univers où le temps se fracture et les souvenirs s’effritent. Ce poème explore les vestiges d’une cité fantôme, où une âme errante cherche désespérément les traces d’un amour perdu. À travers des images poignantes et des métaphores profondes, il interroge la nature éphémère des serments et la douleur de l’attente infinie.
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L’Éternel Serment aux Pierres Évanouies

Dans les flancs éventrés d’une cité fantôme,
Où le temps s’est fracturé comme un miroir sans gloire,
Erre une ombre dont les pas ne trouvent plus de royaume,
Spectre lié à des mots prononcés dans l’ivoire.

Les murs, jadis fiers, ne sont que dents cassées,
Mâchant l’écho lointain des rires ensevelis.
Le vent, seul habitant, souffle des nuits passées
À travers les arceaux brisés, gardiens immobiles.

Elle avance, l’Âme, drapée de brumes anciennes,
Ses mains translucides effleurant les décombres,
Cherchant en chaque pierre un fragment de ses peines,
Un sceau de souvenir parmi l’oubli qui sombre.

« Ô promesse ! » murmure-t-elle aux crépuscules sourds,
« Toi qui fus gravée au sang des étoiles déclives,
Pourquoi m’as-tu liée à l’heure où meurent les jours,
Sans offrir le linceul qui délivre les captives ? »

***

Il était une ville où le marbre épousait l’aube,
Les fontaines chantaient des hymnes à l’éternel.
Deux cœurs, sous les tilleuls, avaient fait choir les daubes
Du destin, croyant leur serment plus fort que le ciel.

« Reviens à l’orée de l’automne, avant que les feuilles,
En tombant, n’écrivent l’adieu sur le pavé.
Je t’attendrai, dit-il, même si les dieux recueillent
Le temps dans des vases que la nuit a crevés. »

Mais l’automne versa son fard sur les collines,
Les feuilles, en dansant, tissèrent un linceul.
L’horizon, chaque soir, guettait les silhouettes fines…
Seul le vent répondait, porteur d’un rire aigre-doux.

***

Les années ont rougé les seuils où elle veille,
Transformant les palais en gueuses de chagrin.
L’Âme, telle une branche à jamais dépourvue de feuille,
S’accroche au crépuscule où tout devint brume soudain.

Un jour, un étranger franchit les portes mortes,
Son manteau tissé d’ombres et de silences froids.
Dans ses yeux brillaient des larmes jamais rapportées,
Miroirs troubles reflétant l’abîme des pourquoi.

« Qui pleures-tu ? » demanda-t-il, voix de cendre et de givre.
L’Âme tourna son front, constellé de douleurs :
« Je pleure un serment mort que plus rien ne délivre,
Un amour parti sans laisser de veilleur. »

L’étranger tendit vers elle une main de mystère,
Où scintillait un collier de lunes et de regrets :
« Je parcours les débris des passions de la terre,
Cherchant ce que les cœurs ont enfoui secret.

Montre-moi la blessure où s’accroche ta peine,
Et je te dirai si ton attente est vaine. »

***

Elle mena l’étranger vers le jardin défunt,
Où gisait un banc de pierre aux inscriptions perdues.
« Ici, chaque matin ciselait un présent,
Avant que le départ ne rompe l’équarrue.

Il jura son retour sur les lèvres du vent,
Promit que les saisons n’auraient pas de pouvoir.
Mais l’hiver vint, glaçant les mots triomphants,
Et son absence creusa un puits de désespoir. »

L’étranger toucha le banc, et sous ses doigts,
Les lettres mortes s’illuminèrent en frissons.
« Vois, dit-il, les serments sont des oiseaux sans voix
Dont les ailes se dissolvent au pays des trahisons.

Celui que tu attends a franchi d’autres rives,
Son cœur, depuis longtemps, habite un autre nom.
Ton amour n’est plus qu’une cloche plaintive
Sonnant pour des vivants qui n’entendent plus son ton. »

***

L’Âme vacilla, drapée de brise et de stupeur,
Tandis que s’effaçaient les dernières lueurs.
« Alors pourquoi, souffla-t-elle, garder cette douleur
Qui me cloue à ces murs en lambeaux, sœur mineure ?

Si l’oubli est le prix de nos élans trop fous,
Pourquoi le ciel planta-t-il ces étoiles en nous ? »

L’étranger, déjà ombre parmi les ombres,
Lui offrit un sourire tissé de mélancolie :
« Les promesses sont des fruits mûrs pour les décombres,
Leur sueur abreuve ceux que la foi a trahis.

Ton serment était vrai… pour l’instant où il naquit.
Mais le temps, grand faucheur, moissonne les racines.
Tu n’es plus que l’écho d’un amour qui mentit
En croyant éternelles les roses assassines. »

***

Quand l’aube érafla les tours en pénitence,
L’étranger n’était plus qu’un souffle évaporé.
L’Âme, debout devant les ruines qui dansent,
Sentit son être entier lentement s’effriter.

« Ainsi donc, tout était mensonge ? » murmura-t-elle,
Tandis que ses doigts fondaient en pluie argentée.
« Le marbre tombe en poudre, et la parole est aile
Qui se brise au seuil de l’éternité frustrée. »

Elle leva les yeux vers le ciel qui se déchire,
Où passait un vol d’oiseaux aux chants écorchés.
Dans leur sillage, enfin, elle sentit se dissoudre
Les chaînes de mots vains jadis tant espérés.

***

La cité, ce jour-là, s’écroula plus avant,
Avalant dans ses flancs l’Âme et son long supplice.
Il ne resta bientôt qu’un champ de vent mouvant,
Où parfois, dit-on, erre un sanglot complice.

Et si tu viens, un soir, entendre sous tes pas
Un murmure qui glisse entre les pierres mortes,
Sache que c’est l’écho des promesses soldats
Mourant au front glacé des trahisons trop fortes.

Nul ne sait si l’amour survit aux cendres froides,
Mais les ruines, toujours, gardent l’odeur du feu.
L’Âme, à jamais, erre en les plis de l’histoire vide,
Prisonnière d’un « jamais » qui fut un « toujours » en vœu.

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Ce poème nous rappelle que les promesses, bien que sincères dans l’instant, sont souvent emportées par le flux inexorable du temps. Il nous invite à réfléchir sur la fragilité des liens humains et sur la manière dont nous portons les cicatrices de nos espoirs déçus. Les ruines de cette cité fantôme sont un miroir de nos propres blessures, nous incitant à accepter que certaines choses ne peuvent être éternelles, mais que leur beauté réside dans leur impermanence même.
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr
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