L’hiver d’Anna de Noailles, extrait de son recueil Le cœur innombrable (1901), est un poème qui capture la beauté et la tristesse de la saison froide. À travers des images saisissantes, Noailles évoque la solitude des arbres et la lutte des éléments. Ce poème reste significatif pour sa capacité à faire ressentir la mélancolie de l’hiver tout en soulignant la force de la nature. En tant qu’œuvre marquante du début du 20ᵉ siècle, il témoigne de l’esthétique de la poésie symboliste.
C’est l’hiver sans parfum ni chants…
Dans le pré, les brins de verdure
Percent de leurs jets fléchissants
La neige étincelante et dure.
Quelques buissons gardent encor
Des feuilles jaunes et cassantes
Que le vent âpre et rude mord
Comme font les chèvres grimpantes.
Et les arbres silencieux
Que toute cette neige isole
Ont cessé de se faire entre eux
Leurs confidences bénévoles…
— Bois feuillus qui, pendant l’été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses,
Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l’horizon
Avec des gestes qu’ont les hommes.
Vous êtes las, vous êtes nus,
Plus rien dans l’air ne vous protège,
Et vos coeurs tendres ou chenus
Se désespèrent sur la neige.
— Et près de vous, frère orgueilleux,
Le sapin où le soleil brille
Balance les fruits écailleux
Qui luisent entre ses aiguilles…
Extrait de:
Le cœur innombrable (1901)
Dans le pré, les brins de verdure
Percent de leurs jets fléchissants
La neige étincelante et dure.
Quelques buissons gardent encor
Des feuilles jaunes et cassantes
Que le vent âpre et rude mord
Comme font les chèvres grimpantes.
Et les arbres silencieux
Que toute cette neige isole
Ont cessé de se faire entre eux
Leurs confidences bénévoles…
— Bois feuillus qui, pendant l’été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses,
Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l’horizon
Avec des gestes qu’ont les hommes.
Vous êtes las, vous êtes nus,
Plus rien dans l’air ne vous protège,
Et vos coeurs tendres ou chenus
Se désespèrent sur la neige.
— Et près de vous, frère orgueilleux,
Le sapin où le soleil brille
Balance les fruits écailleux
Qui luisent entre ses aiguilles…
Extrait de:
Le cœur innombrable (1901)
À travers ‘L’hiver’, Anna de Noailles nous invite à réfléchir sur la beauté éphémère de la nature et les émotions complexes qu’elle suscite. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de cet auteur pour découvrir davantage de sa sensibilité poétique.