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Liberté sous une mer en furie

Liberté sous une mer en furie
Plongez dans ‘Liberté sous une mer en furie’, un poème épique qui explore les profondeurs de l’âme humaine face à la puissance déchaînée de l’océan. À travers les yeux d’Élias, gardien d’un phare oublié, découvrez une histoire de fraternité, de sacrifice et de liberté, où chaque vague porte le poids des souvenirs et chaque tempête révèle les vérités enfouies.
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Le Serment Englouti

Au crépuscule des dieux marins où l’écume se fait linceul,
Un voyageur aux yeux d’orage, égaré dans son propre deuil,
Foule d’un pas fantôme les jetants que la houle ronge en secret.
Ses mains, parchemin des naufrages, serrent un médaillon de fer
Où dort miniature d’un sourire effacé par dix hivers.

La mer ici n’est point complice, mais bourreau à l’haleine saline,
Elle mord les falaises en crinoline de brume et de chagrin.
Son chant ? Un requiem d’antres froides psalmodié sous les étoiles mortes,
Chaque lame portant en sa crête la mémoire vive des épaves.
L’homme, lui, se nomme Élias – ou l’ombre de ce qu’il fut :
Gardien d’un phare dont les larmes de verre ont cessé de luire,
Cœur vivant d’une île oubliée où les promesses vont mourir.

***

Souviens-toi, Élias, quand la vie était un cristal tendre
Où dansaient les reflets d’Adrien, ton frère d’armes et de sang.
Vous aviez scellé pacte au sommet du récif qui défiait les cieux :
« Tant que les flots mordront la terre et que les goélands pleureront,
Nous serons les veilleurs de la flamme, les remparts contre l’abandon. »
Le phare alors dressait sa tour comme un défi au firmament,
Son faisceau d’or traversant la nuit en éventail de serment.

Mais les saisons sont des fileuses aux doigts perfides et patients :
Un matin de givre et de ventre creux, le navire de l’exil
Emporta Adrien vers le sud où les guerres buvaient les hommes.
« Je reviendrai quand sonnera l’heure où la liberté prend son vol »,
Avait-il murmuré en posant sur l’épaule une main de granit.
Le médaillon qu’il laissa – ultre vestige d’un temps révolu –
Devint bible et bourreau d’Élias, prisonnier volontaire des flots.

***

Ce soir, l’océan se déchire en ululations simiesques,
Les nuages courent en troupeau de bêtes éventrées.
Élias, sentinelle hallucinée, compte chaque coup de boutoir
Que le ressac assène aux fondations de son royaume chancelant.
Dans la chambre des lampes où la mort danse en robe de brume,
Il remonte le mécanisme d’airain qui grince comme un vieux chagrin.
La lentille s’embrase – œil cyclopéen trouant les ténèbres –
Mais quel espoir guider quand nul vaisseau ne brave la tempête ?

Soudain, entre deux rafales hurlant des litanies funèbres,
Une lueur folle perce le mur d’eau : feu Saint-Elme ou mirage ?
Non – une voile ! Déchiquetée, squellette d’espoir en loques,
Fendant la tourmente en titubant telle une âme en détresse.
Élias se penche, collant son front au vitrail qui pleure,
Et reconnaît dans l’écume la figure de proue enracinée
Dans ses cauchemars : le *Perséphone*, navire-ombre aux mâts maudits.

***

« Adrien… » Le nom explose en lui comme un boulet dans la cale,
Dix ans de silence pulvérisés par ce spectre venu des abysses.
L’homme là-bas, arcbouté au gouvernail dans son manteau de sel,
A le visage de son frère en plus vieux que les pierres.
Ses cheveux sont des algues, ses yeux des coquillages aveugles,
Mais sa voix quand il crie porte l’accent des matins disparus :
« Élias ! Brisons les chaînes de l’attente, suis-moi vers l’aurore ! »

Le gardien sent ses genoux ployer sous le poids du choix.
Le phare tremble, blessé mortel, colonne vertébrale fissurée.
Rester ? Accomplir son vœu jusqu’à la pulpe de l’être,
Laisser sombrer l’unique raison de ses veilles insensées ?
Partir ? Arracher de sa chair le devoir cousu fil à fil,
Rendre au néant les années d’abnégation et de silence ?
Dans le médaillon, le portrait sourit, énigme indéchiffrable.

***

La mer décide pour eux. Un craquement monstre déchire la nuit.
Le phare vacille, blessé au ventre par la vague qui l’éventre.
Élias tombe, saisit la rampe en spirale qui devient serpent,
Tandis qu’en bas, le *Perséphone* se disloque en gémissant.
« Je viens ! » hurle-t-il à la gueule des vents qui volent ses mots.
Il court – non, tombe, rampe, dégringole l’escalier visqueux,
Les mains en sang sur les marches devenues lames de couteau.

Sur le quai que la mer avale déjà par bouchées voraces,
Adrien tend un bras que les lames déchirent en lambeaux.
Leurs doigts se frôlent – espace d’un éclair – avant qu’un remous
N’engloutisse l’épave et l’homme dans un rire de cataracte.
Élias plonge, corps en lame dans l’encre glaciale des profondeurs,
Saisit une épaule qui se défait comme algue sous les doigts.
Dans ses poumons brûle le chant des noyés qu’il refusait d’entendre.

***

Quand il revient à la surface – ou est-ce l’antichambre des morts ? –
Le phare s’effondre en gerbe d’étincelles et de crachats marins.
La lentille géante roule vers lui, œil éteint devenu projectile,
Écrasant entre deux eaux le médaillon et son fantôme de rire.
Adrien flotte à contresens des courants, paupières déjà scellées,
Tandis qu’au large, privés de leur guide, trois navires ivres
Se déchirent les flancs sur les récifs en hurlant leur agonie.

Élias comprend alors l’ampleur de sa défaite : liberté
N’est pas choix entre deux abîmes, mais vertige de la chute.
Il enlace le corps de son frère, offrande ultime aux dieux marins,
Et se laisse couler où plus aucun serment ne les séparera.

***

Au matin, les pêcheurs trouveront deux étreintes enlacées :
Celle des frères changés en corail par le baiser de l’océan,
Et celle, plus au large, des épaves mariées aux rochers.
Le phare n’est plus qu’un fémur de pierre dressé vers nulle part,
Tandis que sur le sable, le médaillon rouillé continue de sourire
À la liberté qui n’est jamais qu’un mot gravé sur de l’éternel.

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Dans l’écho des vagues et le silence des profondeurs, ‘Liberté sous une mer en furie’ nous rappelle que la liberté n’est pas toujours un choix, mais parfois une chute dans l’inconnu. Ce poème nous invite à réfléchir sur les chaînes que nous portons, les promesses que nous gardons, et le prix de la véritable libération. Et si, au fond, la liberté résidait dans l’acceptation de notre propre vulnérabilité ?
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr
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