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Liberté sous une ville en ruines

Liberté sous une ville en ruines
Plongez dans un univers où les ruines d’une ville deviennent le théâtre d’une quête émouvante. Ce poème explore les thèmes de l’amour, de la perte et de la liberté, à travers les yeux d’une âme errante qui tente de retrouver ce qui a été englouti par le temps. Les images poignantes d’une cité en cendres et d’un amour évanescent vous transporteront dans un monde où chaque pierre murmure des souvenirs enfouis.
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L’Âme et les Décombres

Au cœur d’un soir éteint, où les astres muets
Pleuraient l’éclat perdu des soleils disparus,
Une cité gisait, spectre aux contours dissous,
Sous un ciel de suie où rôdaient les regrets.
Les murs, jadis fiers de leur éternel défi,
N’étaient plus que des dents brisées par les ans voraces ;
Les rues, où seuls hurlaient les vents en interstices,
Gardaient l’écho lointain des rires ensevelis.

Là, parmi les débris d’un monde en cendre éteint,
Errait une ombre frêle, âme sans nom ni geste,
Dont les pas alourdis par l’éternel céleste
Foulaient les souvenirs d’un bonheur trop lointain.
Son regard, deux flambeaux consumés de tristesse,
Cherchait dans le néant les traits d’un visage aimé :
Car en ces lieux maudits, jadis, elle avait laissé
L’être dont la présence était sa seule allégresse.

« Ô toi qui fis de moi l’esclave du désir,
Où donc es-tu parti, bel astre de ma nuit ?
Le temps a dévoré les chemins que je suis,
Et je n’entends plus rien que mon propre soupir. »
Ainsi parlait l’Esprit, errant de pierre en pierre,
Quand soudain, sous un arbre à demi calciné,
Un murmure léger, comme un chant destiné,
Effleura son oreille en écho de prière.

Il courut, franchissant l’abîme des ruines,
Et vit, sous un linceul de poussière et de froid,
Une forme pâlir, fragile comme un foit,
Qui tendait vers le ciel des mains déjà enclines.
« C’est toi ! » cria son cœur, mais sa voix resta close,
Car l’être gisant là, fantôme aux yeux éteints,
Portait sur son front blême et ses lèvres sans teint
L’empreinte indélébile et sombre de la chose.

« Approche, ombre chérie, et reconnais mon tourment :
La ville m’a lié de ses chaînes funèbres,
Mon sang s’est échappé par mille fissures ténèbres,
Et mon souffle se meurt dans cet isolement.
Je ne suis plus qu’un songe égaré dans la brume,
Un reflet sans miroir, un soupir sans écho…
Mais toi, pourquoi reviens-tu peupler mon tombeau ?
Fuis ! L’abîme est jaloux de ceux que l’amour fume. »

L’âme, alors, se pencha sur ce corps dévasté,
Et de ses doigts de brume effleurant la paupière,
Sentit couler en elle une douce lumière,
Comme un fleuve secret où boit l’éternité.
« Non, je ne fuirai point le destin qui t’enserre :
Si la mort est ton lit, j’y graverai mon nom.
Ton souffle est mon printemps, ton regard ma saison ;
Sans toi, que serait l’aube au seuil de la terre ? »

Le moribond sourit, d’un sourire de cire :
« L’amour est un lien que le néant défait.
Vois comme les remparts croulent sous leur forfait :
La liberté n’est rien qu’un feu qui nous déchire.
Pars, cherche au-delà des ombres de ce monde
Un rivage où ton cœur pourra s’épanouir…
Laisse-moi disparaître, et cesse de jouir
De ce frêle espoir qu’un spectre te réponde. »

Mais l’Esprit, obstiné dans sa folle tendresse,
Saisit les mains glacées du bien-aimé perdu,
Et jura d’affronter le destin éperdu
Pour rompre à tout jamais l’anneau de la détresse.
« Écoute, j’ai trouvé dans les ruelles sourdes
Un antique secret gravé sur un vieux mur :
L’amour peut transcender l’édifice obscur
Si l’un s’immole afin que l’autre vive. »

Le mourant se dressa, tel un roseau qui ploie,
Et dans ses yeux soudain brilla l’éclair d’un pleur :
« Non, ne prononce pas ces mots chargés de malheur !
La vie n’est qu’un leurdre où s’abreuve l’effroi.
Que gagnerais-tu à mourir pour une ombre ?
Je ne suis déjà plus qu’un souvenir flétri…
Laisse le vent m’emporter vers quelque autre abri,
Et garde ta lumière intacte dans la pénombre. »

Mais l’amour est plus fort que les raisonnements :
L’âme, ivre de douleur et de sublime audace,
Brisa d’un geste lent le voile qui le glace,
Et fit jaillir son cœur en d’ultimes tourments.
« Prends ce qui reste en moi de force et d’étincelle,
Et que mon dernier souffle allège tes liens !
Je t’offre l’infini des matins aériens…
Vis, même sans moi, pour que mon chant s’y mêle. »

Alors, un feu subtil embrasa l’horizon :
Le corps pâle frémit, comme sous une atteinte,
Tandis que l’âme errante, en une étreinte éteinte,
Se dissipait en brume au seuil de la raison.
Le bien-aimé, debout, sentit renaître en lui
Le goût oublié de l’air et des étoiles,
Mais son cœur, désormais orphelin de ses voiles,
Ne battait plus qu’au rythme d’un adieu inouï.

La ville, un instant, sembla reprendre haleine,
Et les murs éventrés murmurèrent tout bas
Le nom de celle qui ne reviendrait pas,
Tandis qu’au lointain grondait une peine vaine.
L’homme, libre enfin, marcha vers les lueurs naissantes,
Mais chaque pas creusait en lui l’absence aimée,
Et la liberté, conquise par cette fumée,
N’était plus qu’un désert aux saveurs décevantes.

Ainsi, dans les débris d’un monde sans clémence,
Seul, il erra toujours, cherchant en vain l’instant
Où l’aube aurait la voix de l’être disparu,
Où la nuit porterait l’odeur de son enfance.
Car la liberté, don funeste et magnifique,
N’est qu’un miroir brisé reflétant l’infini :
On y voit resplendir l’amour que l’on a nié,
Et l’on y boit la cendre d’un bonheur chimérique.

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Ce poème nous rappelle que la liberté, bien que désirée, peut être un cadeau ambivalent. Elle nous libère des chaînes, mais nous laisse souvent face à l’absence de ce que nous chérissions. Réfléchissez à la manière dont l’amour et la perte façonnent notre existence, et comment, même dans les ruines, nous cherchons à reconstruire des fragments de bonheur. La liberté est-elle vraiment une délivrance, ou simplement une autre forme de solitude ?
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr
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