Site icon Un Poème pour chaque instant

Rêve et réalité sous une île lointaine

Rêve et réalité sous une île lointaine
Plongez dans un monde où les rêves et la réalité s’entrelacent sur une île lointaine. Ce poème raconte l’histoire de Lysandre, un artiste obsédé par les cieux, et d’Éliane, une âme tendre qui cherche à toucher son cœur. À travers des vers envoûtants, explorez les thèmes de l’amour inassouvi, de la quête artistique et de la solitude qui consume.
« `

Le Dernier Soupir de l’Étoile Éteinte

Sur une île lointaine où les vents sans patrie
Bercent l’écho des flots en une plainte aigrie,
Vivait un solitaire au regard de cristal,
Dont les doigts frêles sculptaient l’âme des météores.
Lysandre, nom fragile aux lèvres des aurores,
Cherchait dans l’éther sourd l’accord du grand ritual.

Son atelier, creuset des songes éperdus,
Ouvrait sur l’infini ses murs de pierre nue,
Où dansaient les reflets des astres dévêtus.
Il y peignait la nuit, les comètes fanées,
Les silences du ciel en écharpes tissées,
Mais nul ne contemplait ces chefs-d’œuvres perdus.

Seule Éliane, enfant des brumes et des sources,
Au pas furtif glissé sous les nocturnes torpeurs,
Fréquentait son antre aux secrètes douleurs.
Ses yeux, deux lacs d’argent où buvaient les étoiles,
Fixaient sans les comprendre les toiles après toiles,
Tandis qu’en son cœur mur croissait l’amour en fleur.

Elle venait, portant dans ses mains diaphanes
Des fruits couleur de lune et des herbes lointaines,
Prétextes transparents à des aveux tus.
Lui, perdu dans sa fièvre où brûlaient les pigments,
Ne voyait que les cieux en leurs éclairs changeants,
Jamais l’ombre d’amour sur les jouches fanées.

« Maître, dit-elle un soir où la mer suspendue
Retenait son haleine en sa grotte éperdue,
Pourquoi peindre l’azur qui jamais ne répond ?
La terre a des beautés moins hautaines, moins vaines… »
Mais il levait déjà son pinceau vers les voûtes,
Saisissant au vol l’éclair qui fuit au fond.

« L’art est ce diamant que l’on cherche en soi-même,
Répliquait-il, voix creusée aux gouffres suprêmes,
Il faut lui tout sacrifier, même le soleil.
Je suis l’époux lié aux constellations,
Et mon sang n’est qu’encre où les destins se lisent… »
Elle écoutait, brûlant d’un feu pareil au deuil.

Les lunes s’effilèrent en nocturnes guirlandes,
Tandis que s’enrouait, sous les brumes trop grandes,
L’impossible aveu que portait l’océan.
Lysandre, chaque nuit, engouffrait sa détresse
Dans le sein des nébuleuses et des comètes,
Incapable de voir le cœur battant près de lui.

Un matin où l’automne en robe de brumaire
Étirait sur les caps ses doigts de funéraire,
Éliane apporta l’ultme présent :
Un coffret de nacre où dormait, sous verre,
Un pétale d’étoile arraché au mystère,
Symbole éclatant d’un espoir défunt.

« Prends ceci, murmura-t-elle, et qu’il te rappelle
Qu’un cœur trop lourd d’amour devient cercueil à soi-même. »
Mais le peintre, absorbé par un nouveau chef-d’œuvre,
Déposa sans un mot l’objet sur une étagère,
Où il rejoignit d’autres reliques amères,
Tandis que s’écroulait l’âme de la tendre.

La tempête arriva quand venait le solstice,
Monstre avide éventrant la chair de l’île exquise.
Les vagues, loups hurlants, léchaient les rochers noirs,
Et Lysandre, élevant ses toiles comme un bouclier,
Tentait en vain d’offrir aux cieux son fol espoir :
L’ouragan déchira ses rêves en lambeaux.

Éliane accourut, cheveux ruisseaux de braise,
Cherchant à sauver l’homme plus que les œuvres mortes.
« Fuyons ! cita-t-elle, la falaise s’effrite !
Viens, je connais un antre où l’on peut se cacher… »
Mais lui, les yeux rivés au ciel déchaîné,
Restait cloué au sol, statue du désespoir.

« Pars sans moi ! Je suis l’épave que réclame l’abîme,
Mon royaume n’est plus qu’un mensonge sublime.
Emmène ces tableaux où survit ma raison… »
Elle prit une toile, une seule, éperdue,
Celle où malgré lui s’était glissée, perdue,
L’ombre d’un sourire à la fleur d’un buisson.

Quand l’aube émergea, pâle, du ventre des ombres,
L’île n’était plus qu’un squelette de décombres.
Éliane, agenouillée au bord du néant,
Serrait contre son sein la toile miraculée :
Dans un coin du tableau, sous les astres froissés,
Veillait son portrait en larmes, jamais peint.

Lysandre avait sombré avec ses constellations,
N’emportant que le coffret aux vaines espérances.
Les vagues le rendirent au crépuscule suivant,
Son corps rigidifié étreignant la relique
Où brillait, intacte, la poussière cosmique,
Et dans sa main glacée, un mot : « Pardonnez… »

Depuis, chaque nuit où les cieux se déchirent,
On entend monter des profondeurs marines
Un chant mêlé de pigments et de sanglots amers.
Éliane, fantôme aux paupières mauves,
Erre sur le rivage où meurent les dauphins,
Portant haut le tableau — seul tombeau de l’hiver.

L’amour fut ce pétale perdu dans les ténèbres,
Ce soupir étouffé par les astres funèbres,
Ce dialogue absent entre deux solitudes.
L’art consume parfois ceux qui croient le dompter,
Et le rêve n’est souvent qu’un reflet dans l’eau,
Que l’on prend pour les cieux jusqu’à s’y noyer.

« `

Ce poème nous rappelle que l’art et l’amour sont souvent des miroirs de nos âmes, reflétant nos espoirs et nos désillusions. Lysandre et Éliane incarnent deux solitudes qui ne se rencontrent jamais vraiment, laissant derrière eux un héritage de beauté et de douleur. Réfléchissez à vos propres rêves : sont-ils des reflets dans l’eau, ou des étoiles à atteindre ?
Rêve| Réalité| Amour| Solitude| Art| Étoiles| Île| Poésie| Désespoir| Beauté| Quête Artistique| Poème Rêve Et Réalité| Rêve Et Réalité| Alexandrins Classiques| Sombre| Un Artiste Incompris
Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr
Quitter la version mobile