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Souvenirs d’enfance sous un temple ancien

Souvenirs d'enfance sous un temple ancien
Plongez dans ‘Les Ombres du Sanctuaire’, un poème envoûtant qui explore les méandres de la mémoire et la quête désespérée d’un jeune homme pour retrouver les éclats de son enfance perdue. Sous les voûtes d’un temple en ruine, entre les murmures du vent et les gémissements des pierres, se dévoile une méditation profonde sur la mélancolie, le temps et l’impossibilité de ressusciter ce qui a été englouti par les années.
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Les Ombres du Sanctuaire

Au cœur des bois où gît un temple aux pierres grises,
Un jeune homme égaré, que le destin maudit,
Foule d’un pas tremblant les dalles enfouies,
Comme un spectre hantant les décombres promises.
Ses yeux, deux lacs brûlants où nage la folie,
Cherchent dans les débris les reflets d’autrefois,
Quand l’enfance riait sous les arceaux étroits,
Et que les dieux muets veillaient sur ses émois.

Le vent pleure en courbant les cyprès séculaires,
Ses doigts froids ont sculpté des sanglots dans les airs ;
Les murs croulants, témoins des joies disparues,
Gardent l’écho lointain des chants ensevelis.
« Ô vous, ombres des jours que mon cœur idolâtre,
Rendez-moi le parfum des matins envolés ! »
Mais le temple répond par des gémissements,
Et le passé se tait, muré dans son silence.

Soudain, une lueur, pâle enfant de la lune,
Déchire le linceul des ténèbres profondes :
Sur un autel brisé, parmi les lys fanés,
Se dresse un souvenir en robe de fantôme.
C’est elle ! La douceur des matins éclatants,
La voix qui consolait ses terreurs enfantines,
Sa mère, dont les mains, plus blanches que les cygnes,
Effleuraient son front chaud comme un rameau de brise.

« Mère, est-ce toi ? » murmure-t-il, l’âme en suspens,
Tendant vers la lueur ses paumes décharnées.
L’apparition frêle, évanescente et triste,
Ouvre ses lèvres d’ombre où tremble un chant ancien :
« Mon enfant, pourquoi donc hanter ces lieux funèbres ?
Le bonheur est un fruit qui pourrit sur sa tige ;
Les souvenirs sont des miroirs brisés par l’âge…
Fuis ! La mélancolie est un nid de vipères. »

Mais lui, brûlant d’étreindre un reflet de tendresse,
S’élance… L’ombre fuit, glissant entre les colonnes,
Tandis qu’un rire amer, né du vent des tombeaux,
Roule sous les arceaux en lugubres sanglots.
Il court, ivre d’espoir, à travers les décombres,
Bousculant les hiboux aux regards de jadis,
Franchissant les amas de chapiteaux brisés
Où dansent les clartés des spectres du passé.

Ses pieds saignent, percés par les ronces cruelles,
Mais sa folle poursuite ignore les douleurs :
« Je veux revoir ton visage avant que ne meure
Ce cœur trop lourd, trop plein de larmes et de pleurs ! »
Enfin, au fond du sanctuaire en ruine,
Où la lune suspend son lampadaire blême,
Il découvre un enfant assis sur un trône vide,
Couronné de lierre et vêtu de lumière.

« Qui donc es-tu, petit prince des illusions ? »
L’enfant tourne vers lui des yeux de source claire :
« Je suis celui qui fut, celui que tu as perdu,
L’écho cristallin des rires de jadis.
Pourquoi m’avoir quitté pour les sombres royaumes ?
Regarde : entre mes doigts coulent des jours de miel,
Les matins où le ciel embrassait les collines,
Et les soirs où ton âme était un nid d’étoiles. »

Le poète se jette à genoux, éperdu,
Pressant contre son sein cette image éphémère :
« Rends-moi ces instants purs où vivait l’espérance !
Je donnerais mon sang pour un seul de ces jours. »
Mais l’enfant pâlit, son corps devient fumée,
Et ses mots se dissolvent en pluie de poussière :
« On ne revient jamais au jardin des commencements…
Adieu. Ton paradis n’est qu’un cercueil de brume. »

Alors, le jeune homme hurle à la nuit entière,
Ses cris vrillant le ciel comme des clous de glace :
« Déités sans pitié, rendez-moi mon enfance !
Ou brisez ce cœur trop humain pour l’oubli ! »
Le temple alors frémit, secoué de convulsions,
Les murs vomissent l’ombre et les pierres maudites,
Les degrés se dérobent sous ses pas égarés,
Et les dieux endormis rouvrent leurs yeux avides.

Une voix tonne alors, venue des profondeurs :
« Insensé ! Crois-tu donc que le Temps se dévide ?
Chaque souvenir est un anneau de chaîne,
Et ton âme en est lourde autant que les montagnes.
Tu voulais renouer les fils du vieux destin ?
Regarde : ton enfance est un linceul qui brûle. »
L’autel craque, s’effondre en un nuage âcre,
Et dans la poussière, il voit – horreur ! – sa propre tombe.

L’épitaphe, gravée en lettres de sang noir,
Clame : « Ci-gît celui qui voulut ressusciter
Les morts, les jours enfuis, les songes éphémères ;
La vie est un adieu qu’on ne peut retarder. »
Ses doigts fouillent la terre, arrachent les racines,
Cherchant en vain son nom sous les mots implacables,
Quand soudain, le sol cède… Il tombe, tombe encore,
Dans un puits sans écho peuplé de mains spectrales.

En bas, dans les ténèbres où stagnent les regrets,
Il distingue des formes, des pleurs, des sanglots sourds :
Ce sont tous les défunts de sa mémoire pâle,
Ses espoirs déchirés, ses amours en lambeaux.
« Accueillez-moi ! » leur crie-t-il, les bras ouverts,
Mais les fantômes fuient, car nul ne peut entendre
Celui qui veut forcer les portes du passé ;
Seul un miroir brisé lui renvoie son reflet.

Son visage est ridé, ses cheveux blancs de cendre,
Ses yeux deux diamants noirs sertis de douleur :
« Qui suis-je ? Un vieillard né des cendres du désir ?
Un monstre engendré par mes propres chimères ? »
Alors, comprenant trop tard l’arrêt des Destins,
Il s’écroule, brisant le miroir sous sa chute.
Les éclats transpercent sa chair et ses illusions,
Et son sang se mêle aux larmes du silence.

Quand l’aube vient laver les murs du sanctuaire,
Rien ne reste du fou qui défia les ombres :
Seul un manuscrit, perdu dans les décombres,
Garde trace des vers qu’il grava dans sa peine.
Les derniers mots, écrits d’une main fiévreuse,
Disent : « J’ai trop aimé ce qui ne peut renaître.
Passant, apprends de moi : vis, mais ne regarde
Jamais en arrière – le passé mord et dévore. »

Depuis, quand la nuit tombe sur le temple en ruine,
On entend parfois, mêlé au vent qui sanglote,
Un long gémissement montant des profondeurs :
C’est l’âme du poète, éternel prisonnière,
Qui murmure aux échos des strophes insensées,
Tandis que les hiboux, juges indifférents,
Observent de leurs yeux d’ambre et de mélancolie
Cet homme qui voulut voler le feu du temps.

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Ce poème nous rappelle que le passé, bien que précieux, est un miroir brisé dont les éclats ne peuvent être rassemblés. À travers les larmes et les cris du jeune homme, nous sommes invités à réfléchir sur notre propre rapport au temps : devons-nous nous accrocher à ce qui ne reviendra jamais, ou apprendre à vivre pleinement dans le présent, malgré les cicatrices laissées par les souvenirs ? ‘Les Ombres du Sanctuaire’ est une ode à la fragilité de l’existence et un avertissement contre la tentation de défier l’irréversible.
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr
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