Le poème ‘Van Gogh, le Suicide de la Société’ d’Antonin Artaud est une œuvre puissante qui examine la douleur et l’aliénation ressenties par l’artiste Vincent Van Gogh. Dans ce texte, Artaud évoque la lutte d’un génie incompris face à une société qui ne peut tolérer son intensité émotionnelle. Par cette exploration, Artaud parvient à toucher des sujets profonds, révélant la fragilité de la condition humaine et le lien entre souffrance et création.
(extrait)
Et c’est ainsi que
Van
Gogh est mort suicidé, parce que c’est le concert de la conscience entière qui n’a plus pu le supporter.
Car s’il n’y avait ni esprit, ni âme, ni conscience, ni pensée,
il y avait du fulminate,
du volcan mûr.
de la pierre de transe,
de la patience,
du bubon,
de la tumeur cuite,
et de l’escarre d’écorché.
Et le roi
Van
Gogh sommeillait incubant la prochaine alerte de l’insurrection de sa santé.
Comment?
Par le fait que la bonne santé c’est pléthore de maux rodés, de formidable ardeur de vivre, par cent blessures corrodées, et qu’il faut quand même faire vivre,
qu’il faut amener à se perpétuer.
Qui ne sent pas la bombe cuite et le vertige comprimé n’est pas digne d’être vivant.
C’est le dictame que le pauvre
Van
Gogh en coup de flamme se fit un devoir de manifester.
Mais le mal qui veillait lui fit mal.
Le
Turc, sous sa figure honnête, s’approcha délicatement de
Van
Gogh pour cueillir en lui la praline,
afin de détacher la praline (naturelle) qui se formait.
Et
Van
Gogh y perdit mille étés.
De qvioi il est mort à ans,
avant vivre,
car tout singe a vécu avant lui des forces qu’il avait rassemblées.
Et c’est maintenant ce qu’il va falloir rendre, pour permettre à
Van
Gogh de ressusciter.
En face d’une humanité de singes lâches et de chiens mouillés, la peinture de
Van
Cîogh aura été celle d’un temps où il n’y eut pas d’âme, pas d’esprit, pas de conscience, pas de pensée, rien que des éléments premiers tour à tour
enchaînés et déchaînés.
Paysages de convulsions fortes, de traumatismes forcenés, comme d’un corps que la fièvre travaille pour l’amener à l’exacte santé.
Le corps sous la peau est une usine surchauffée.
et dehors,
le malade brille,
il luit,
de tous ses pores,
éclatés.
Ainsi un paysage
de
Van
Gogh
à midi.
Seule la guerre à perpétuité explique une paix qui n’est qu’un passage,
ainsi qu’un lait prêt à verser explique la casserole où il bouillait.
Méfiez-vous des beaux paysages de
Van
Gogh tourbillonnants et pacifiques,
convulsés et pacifiés.
C’est la santé entre deux reprises de la fièvre chaude qui va passer.
C’est la fièvre entre deux reprises d’une insurrection de bonne santé.
Un jour la peinture de
Van
Gogh armée et de fièvre et de bonne santé,
reviendra pour jeter en l’air la poussière d’un monde en cage que son cœur ne pouvait plus supporter.
Et c’est ainsi que
Van
Gogh est mort suicidé, parce que c’est le concert de la conscience entière qui n’a plus pu le supporter.
Car s’il n’y avait ni esprit, ni âme, ni conscience, ni pensée,
il y avait du fulminate,
du volcan mûr.
de la pierre de transe,
de la patience,
du bubon,
de la tumeur cuite,
et de l’escarre d’écorché.
Et le roi
Van
Gogh sommeillait incubant la prochaine alerte de l’insurrection de sa santé.
Comment?
Par le fait que la bonne santé c’est pléthore de maux rodés, de formidable ardeur de vivre, par cent blessures corrodées, et qu’il faut quand même faire vivre,
qu’il faut amener à se perpétuer.
Qui ne sent pas la bombe cuite et le vertige comprimé n’est pas digne d’être vivant.
C’est le dictame que le pauvre
Van
Gogh en coup de flamme se fit un devoir de manifester.
Mais le mal qui veillait lui fit mal.
Le
Turc, sous sa figure honnête, s’approcha délicatement de
Van
Gogh pour cueillir en lui la praline,
afin de détacher la praline (naturelle) qui se formait.
Et
Van
Gogh y perdit mille étés.
De qvioi il est mort à ans,
avant vivre,
car tout singe a vécu avant lui des forces qu’il avait rassemblées.
Et c’est maintenant ce qu’il va falloir rendre, pour permettre à
Van
Gogh de ressusciter.
En face d’une humanité de singes lâches et de chiens mouillés, la peinture de
Van
Cîogh aura été celle d’un temps où il n’y eut pas d’âme, pas d’esprit, pas de conscience, pas de pensée, rien que des éléments premiers tour à tour
enchaînés et déchaînés.
Paysages de convulsions fortes, de traumatismes forcenés, comme d’un corps que la fièvre travaille pour l’amener à l’exacte santé.
Le corps sous la peau est une usine surchauffée.
et dehors,
le malade brille,
il luit,
de tous ses pores,
éclatés.
Ainsi un paysage
de
Van
Gogh
à midi.
Seule la guerre à perpétuité explique une paix qui n’est qu’un passage,
ainsi qu’un lait prêt à verser explique la casserole où il bouillait.
Méfiez-vous des beaux paysages de
Van
Gogh tourbillonnants et pacifiques,
convulsés et pacifiés.
C’est la santé entre deux reprises de la fièvre chaude qui va passer.
C’est la fièvre entre deux reprises d’une insurrection de bonne santé.
Un jour la peinture de
Van
Gogh armée et de fièvre et de bonne santé,
reviendra pour jeter en l’air la poussière d’un monde en cage que son cœur ne pouvait plus supporter.
Ce poème invite à une réflexion sur la profonde solitude des artistes et leur place dans une société souvent indifférente. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres d’Antonin Artaud pour découvrir davantage de ses pensées provocatrices et poignantes.