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Voyage intérieur sous une ville en ruines

Voyage intérieur sous une ville en ruines
Plongez dans un univers où les ruines d’une ville deviennent le théâtre d’une quête intime et douloureuse. Ce poème, ‘Voyage intérieur sous une ville en ruines’, explore les méandres d’une âme en quête de rédemption, errant parmi les débris d’un amour brisé et les murmures d’un passé révolu. À travers des images poignantes et des métaphores profondes, il nous invite à réfléchir sur la fragilité des promesses et l’éternel combat entre l’espoir et la désillusion.
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La Dernière Marche des Ombres

Au cœur d’un soir éteint où les murs sans mémoire
Étalent leurs lambeaux sous un ciel de suie et d’or,
Une femme, fantôme égaré dans l’histoire,
Foule d’un pas las les débris d’un accord.
Ses yeux, deux lacs brûlés par les larmes anciennes,
Cherchent en vain l’écho d’un serment envolé :
La ville est un tombeau où gît l’âpre harmonie
Des rires engouffrés dans le passé troublé.

Les pavés, cicatrices des places dévastées,
Murmurent des secrets que le temps a trahis.
Elle écoute, espérant que les pierres vantées
Lui rendront la douceur d’un impossible lit.
Mais le vent, ce menteur aux haleines funèbres,
Ne porte que le fard des cendres et des adieux :
« Ô toi qui hantes l’ombre où dorment les ténèbres,
Tes pleurs sont les clameurs d’un ciel silencieux. »

Souviens-toi, murmuraient les arceaux sans visage,
Des matins où l’aurore enrobait vos destins ;
L’azur tissait alors un lumineux présage,
Et l’espoir fleurissait, fragile pousse en vain.
« Il reviendra », disait la voix de la fontaine
Dont l’eau vive étanchait les fièvres de l’été.
Leurs mains avaient scellé, dans l’ardeur incertaine,
Un pacte avec le sort — hélas ! mal accepté.

Les saisons ont broyé les couleurs éphémères,
La source a tari son chant de vérité,
Et les murs, désormais gardiens de chimères,
Ont vu s’évanouir leur unique été.
Elle erre, chaque nuit, parmi les colonnades
Où jadis rayonnaient les feux de leur dessein,
Et serre contre elle, comme un fragment de rade,
Le médaillon fêlé qui lui glace les mains.

Un soir, l’ombre s’étend plus lourde que les autres :
La lune perce à peine un dais de nuages froids.
Elle voit se dresser, parmi les stèles cloîtres,
La forme d’un passé qui lui tend enfin les doigts.
« Est-ce toi ? » dit son cœur, mais la bouche se tait,
Craignant que le silence avale son espoir.
L’apparition, hélas ! n’est qu’un reflet muet,
Un mirage sculpté par le deuil et le soir.

Pourtant, elle le suit, à travers les décombres,
Là où le fleuve noir chante un hymne étouffé,
Où les ponts effondrés semblent d’antiques ombres
Tendant leurs bras rompus vers un but avorté.
« Arrête ! » crie-t-elle aux murs qui se dérobent,
Mais l’écho ricane en ses multiples sanglots :
« Tu n’entendras plus jamais, ô âme qui se probe,
Que le râle du vent sur l’énigme des flots. »

Soudain, au détour d’une ruelle engloutie,
Une lueur se faufile, humble et clandestine :
C’est la lampe d’un vieux marchand d’illusions perdues,
Dont la boutique croule sous la poussière divine.
« Que cherches-tu, spectre aux paupières meurtries ?
Je vends ce que la vie a refusé de prendre :
Des instants révolus, des paroles flétries,
Et les clés d’un jardin qui ne veut plus s’ouvrir. »

Elle tend le médaillon, joyau de son naufrage,
Où deux noms enlacés luttent contre l’oubli.
Le vieillard, souriant d’une infinie sagesse,
Soupèse en son regard le poids de l’inouï :
« L’objet est sans pouvoir, mais ton âme est trop lourde
Pour saisir que l’amour n’est qu’un prêt du hasard.
Rends-toi : le pacte fut rompu par quelque sourde
Main qui efface en nous l’empreinte du regard. »

Follement, elle hurle aux vestiges nocturnes :
« J’ai marché chaque pierre, écouté chaque mur,
J’ai porté cet espoir plus haut que les ciernes,
Et vous m’offrez l’écho d’un mensonge obscur ? »
Le marchand, secouant sa tête constellée,
Lui tend un miroir noir où danse un feu lointain :
« Vois : ton cœur n’est plus qu’une épave étoilée
Qui sombre dans la nuit où tout devient destin. »

Elle fuit, et ses pas la mènent vers le fleuve
Dont les flots ont gardé l’appel des jours anciens.
Là, jadis, ils avaient promis d’être ce fleuve :
Insoumis, éternels, défiant les siens.
Mais l’eau n’est qu’un suaire aux plis infranchissables,
Le courant un serpent qui dévore les noms.
Elle s’agenouille au bord des eux insondables,
Et le médaillon glisse — ultime abandon.

La ville tout entière retient son souffle immonde
Quand le joyau descend vers les profondeurs sans fin.
Un éclat de rire fuse, venu de l’abîme :
« Tu crois donc que la mort absout les parchemins ?
Ton serment était vain dès l’aube des mensonges,
Car l’homme que tu plains n’est plus que cendre au vent.
Tu as aimé l’écho, et non la voix — mensonge
Dont se nourrit l’espoir jusqu’à l’heure du sang. »

Elle se lève, drapée dans sa peine ultime,
Et fixe l’horizon où meurt l’astre ennemi.
Ses doigts effleurent l’eau, y tracent un abîme,
Puis elle se penche, lentement, vers l’infini.
La nuit boit son soupir, le fleuve son image ;
Le médaillon, là-bas, achève son destin.
La ville, en un frisson, referme son visage :
Il ne reste qu’un cri figé dans le matin.

Et quand l’aube cruellement déchire les voiles,
On ne trouve plus rien — ni corps, ni désespoir.
Seul persiste, gravé au fronton d’une étoile,
Un nom que le vent jette aux oubliettes du soir.
Les ruines à présent savent ce qu’elles pleurent :
L’amour, ce voyageur égaré dans les temps,
N’est qu’un mot que le sort aux lèvres des heures leurre,
Et la promesse humaine… un feu mort dans les vents.

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Ce poème nous rappelle que les ruines ne sont pas seulement celles des pierres, mais aussi celles de nos cœurs. Il nous invite à accepter que certaines promesses ne peuvent être tenues, que certains amours ne sont que des échos dans le temps. Pourtant, dans cette acceptation réside une forme de libération. La ville en ruines devient alors un symbole de résilience, un lieu où l’on peut reconstruire, même à partir de rien. Et vous, que garderez-vous de vos propres ruines ?
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr
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