‘Au Dubitatif’ est une œuvre d’Alain Bosquet, poète belge notable du 20e siècle. Ce poème audacieux remet en question les notions traditionnelles de la divinité et de l’existence à travers un dialogue intime et provocateur. Avec son style incisif et sa réflexion profonde sur le doute, la création et la relation avec Dieu, ce poème reste pertinent dans nos discussions modernes sur la spiritualité et la créativité. Plongez dans ces vers puissants qui interrogent notre compréhension de la foi et de soi.
Dieu te demande un entretien ?
Qu’il sache attendre.
Explique-lui que tu conclus un compromis
Avec des scarabées qui espèrent te vendre
Quelques objets : leurs grands-parents ; c’est en amis
Qu’ils t’ont cédé parfois des lunes illégales
À bon compte.
Ce
Dieu te laisse indifférent;
Tu lui préfères ce poème, un beau scandale
Du verbe, un doux refrain.
Tu sais qu’il se méprend
Sur toi.
Tu n’oublies pas qu’il était ton collègue
En création.
Pourquoi s’est-il discrédité
Comme un faux-monnayeur ?
Est-ce d’être plus bègue
Que le vautour pris comme un rat ?
Dois-tu lutter
Contre ce concurrent ?
Tu gères ta fabrique
De miracles, mais lui qui travaille à façon.
Que peut-il contre toi ?
Tu tires ce tropique
D’une syllabe ; ces forêts, d’une chanson
Perçue dans ton sommeil.
Dieu n’est que ta fatigue,
Un être subalterne : il faudrait l’ausculter.
Leucémie du remords, sclérose par l’intrigue !
Un seul conseil pour lui : la maison de santé.
Dédain si malaisé !
Lequel de vous invente
L’autre ?
Dieu sans merci, arête de poisson
Au travers de ta gorge…
Est-ce toi qui te plantes
Comme un pal dans sa chair?
Tous deux, à l’unisson,
Vous ne distinguez plus — créateurs, créatures? —
L’esclave du tyran.
Qui vous aura privés,
Lui, de toi ? toi, de vous ?
Devenir son épure, Était-ce un rêve au fond d’un rêve mal rêvé ?
II est en toi ce que tu redoutais : faiblesse
Et clownerie.
Tu es en lui le seul hasard
Qu’il respecte.
Raison de la raison qui blesse,
Tu serais son poème, et lui ton œuvre d’art ?
Tu chasses
Dieu qui est ton ombre illégitime
Et qui a fait le vœu de rester ton oblat.
Tu es immunisé contre toi, tu t’abîmes À te trouver des remplaçants pour l’au-delà.
Qu’il sache attendre.
Explique-lui que tu conclus un compromis
Avec des scarabées qui espèrent te vendre
Quelques objets : leurs grands-parents ; c’est en amis
Qu’ils t’ont cédé parfois des lunes illégales
À bon compte.
Ce
Dieu te laisse indifférent;
Tu lui préfères ce poème, un beau scandale
Du verbe, un doux refrain.
Tu sais qu’il se méprend
Sur toi.
Tu n’oublies pas qu’il était ton collègue
En création.
Pourquoi s’est-il discrédité
Comme un faux-monnayeur ?
Est-ce d’être plus bègue
Que le vautour pris comme un rat ?
Dois-tu lutter
Contre ce concurrent ?
Tu gères ta fabrique
De miracles, mais lui qui travaille à façon.
Que peut-il contre toi ?
Tu tires ce tropique
D’une syllabe ; ces forêts, d’une chanson
Perçue dans ton sommeil.
Dieu n’est que ta fatigue,
Un être subalterne : il faudrait l’ausculter.
Leucémie du remords, sclérose par l’intrigue !
Un seul conseil pour lui : la maison de santé.
Dédain si malaisé !
Lequel de vous invente
L’autre ?
Dieu sans merci, arête de poisson
Au travers de ta gorge…
Est-ce toi qui te plantes
Comme un pal dans sa chair?
Tous deux, à l’unisson,
Vous ne distinguez plus — créateurs, créatures? —
L’esclave du tyran.
Qui vous aura privés,
Lui, de toi ? toi, de vous ?
Devenir son épure, Était-ce un rêve au fond d’un rêve mal rêvé ?
II est en toi ce que tu redoutais : faiblesse
Et clownerie.
Tu es en lui le seul hasard
Qu’il respecte.
Raison de la raison qui blesse,
Tu serais son poème, et lui ton œuvre d’art ?
Tu chasses
Dieu qui est ton ombre illégitime
Et qui a fait le vœu de rester ton oblat.
Tu es immunisé contre toi, tu t’abîmes À te trouver des remplaçants pour l’au-delà.
À travers ‘Au Dubitatif’, Alain Bosquet nous invite à réfléchir sur notre relation avec le divin et la complexité de notre existence. Partagez vos pensées sur ce poème et découvrez d’autres œuvres significatives de cet auteur fascinant.
