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La Sybille

Le poème ‘La Sybille’ de Casimir Delavigne, écrit au XIXe siècle, est une œuvre fascinante qui évoque les thèmes de la mort, de la mémoire et de l’héritage des civilisations. À travers un voyage imaginaire vers les ruines de la Rome antique, le poète nous invite à réfléchir sur la déchéance des empires et les ombres persistantes de l’histoire. Avec son style riche et évocateur, Delavigne parvient à capturer la mélancolie d’un monde autrefois glorieux, à travers les yeux de la Sybille, une figure emblématique de la mythologie qui prédit l’avenir.
Pouzzole.
Marchons, le ciel s’abaisse, et le jour pÃĒlissant
N’est plus à son midi qu’un faible crÃĐpuscule;
Le flot qui vient blanchir les restes du port Jule
Grossit, et sur la cendre expire en gÃĐmissant.
Cet orage ÃĐloignÃĐ que l’Eurus nous ramÃĻne
Couvre de ses flancs noirs les pointes de MisÃĻne;
Avançons, et, foulant d’un pied religieux
Ces rivages sacrÃĐs que cÃĐlÃĐbra Virgile,
Et d’oÃđ NÃĐron chassa la majestÃĐ des dieux,
Allons sur l’avenir consulter la Sibylle.
<< Ces dÃĐbris ont pour moi d'invincibles appas, >>
Me rÃĐpond un ami, qu’aux doux travaux d’Apelle,
A Rome, au Vatican son art en vain rappelle;
<< Ils parlent à mes yeux, ils enchaÃŪnent mes pas. << Ces lentisques flÃĐtris dont la feuille frissonne; << Ces pampres voltigeants et rougis par l'automne, << Tristes comme les fleurs qui couronnaient les morts, << Ces frÊles cyclamens, fanÃĐs à leur naissance, << Plaisent à ma tristesse, en mÊlant sur ces bords << Le deuil de la nature au deuil de la puissance. << OÃđ sont ces dais de pourpre ÃĐlevÃĐs pour les jeux, << Ces troupeaux d'affranchis, ces courtisans avides? << OÃđ sont les chars d'airain, les trirÃĻmes rapides, << Qui du soleil levant rÃĐflÃĐchissaient les feux? << C'est là que des clairons la bruyante harmonie << A d'Auguste expirant ranimÃĐ l'agonie; << Vain remÃĻde! et le sang se glaçait dans son coeur, << Tandis que sur ces mers les jeux de Rome esclave, << Retraçant Actiura à ce pÃĒle vainqueur, << Faisaient sourire Auguste au triomphe d'Octave! << Ces monuments pompeux, tous ces palais romains, << OÃđ triomphaient l'orgueil, l'inceste et l'adultÃĻre, << De la vaine grandeur dont ils lassaient la terre << N'ont gardÃĐ que des noms en horreur aux humains. << Les voilà, ces arceaux dÃĐsunis et sans gloire << Qui de Caligula rappellent la mÃĐmoire! << Vingt siÃĻcles les ont vus briser le fol orgueil << Des mers qui les couvraient d'ÃĐcume et d'ÃĐtincelles, << Leur chaÃŪne s'est rompue et n'est plus qu'un ÃĐcueil << OÃđ viennent des pÃĐcheurs se heurter les nacelles. << Ces temples du plaisir par la mort habitÃĐs, << Ces portiques, ces bains prolongÃĐs sous les ondes, << Ont vu NÃĐron, cachÃĐ dans leurs grottes profondes, << Condamner Agrippine au sein des voluptÃĐs. << Au bruit des flots, roulant sur cette voÃŧte humide, << Il veillait, agitÃĐ d'un espoir parricide! << Il lançait à Narcisse un regard satisfait, << Quand, muet d'ÃĐpouvante et tremblant de colÃĻre, << Il apprit que ces flots, instrument du forfait, << Se soulevant d'horreur, lui rejetaient sa mÃĻre. << Tout est mort : c'est la mort qu'ici vous respirez: << Quand Rome s'endormit do dÃĐbauche abattue, << Elle laissa dans l'air ce poison qui vous tue; << Il infecte les lieux qu'elle a dÃĐshonorÃĐs. << Telle, aprÃĻs les banquets de ces maÃŪtres du monde, << S'ÃĐlevait autour d'eux une vapeur immonde << Qui pesait sur leurs sens, ternissait les couleurs << Des fastueux tissus OÃđ retombaient leurs tÊtes, << Et fanait à leurs pieds sur les marbres en pleurs, << Les roses dont Pestum avait jonchÃĐ ces fÊtes. << Virgile pressentait que, dans ces champs dÃĐserts << La mort viendrait s'asseoir au milieu des dÃĐcombres>>
<< Alors qu'il les choisit pour y placer les ombres, << Le Styx aux noirs replis, l'Averne et les Enfers. << Contemplez ce pÃĐcheur; voyez, voyez nos guides; << Interrogez les traits de ces patres livides: << Ne croyez-vous pas voir des spectres sans tombeaux, << Qui, laissÃĐs par Caron sur le fatal rivage, << Tendant vers vous la main; entr'ouvrent leurs lambeaux << Pour mendier le prix de leur dernier passage?...>>
Il disait, et dÃĐjà j’ÃĐcartais les rameaux
Qui cachaient à nos yeux l’antre de la Sibylle,
Au fond de ce cratÃĻre, oÃđ l’Averne immobile
Couvre un volcan ÃĐteint de ses dormantes eaux.
L’enfer, devant nos pas, ouvrait la bouche antique
D’oÃđ sortit pour ÉnÃĐe une voix prophÃĐtique;
Un flambeau nous guidait, et ses feux incertains
Dessinaient sur les murs des larves, des fantÃīmes,
Qui sans forme et sans vie, et fuyant sous nos mains,.
Semblaient le peuple vain de ces sombres royaumes.
<< PrÊtresse des dieux, lÃĻve-toi! << Viens! m'ÃĐcriai-je alors, furieuse, ÃĐcumante, << Le front pÃĒle, et les yeux troublÃĐs d'un saint effroi, << Pleine du dieu qui te tourmente, << Viens, viens, Sibylle, et rÃĐponds-moi! << Vers les demeures infernales, << Dis-moi pourquoi la mort pousse comme un troupeau << Cette foule d'ombres royales, << Que nous voyons passer de la pourpre au tombeau? << Est-ce pour insulter à l'alliance vaine << Que Waterloo scella de notre sang? << Veut-elle, à chaque roi qu'elle heurte en passant, << Briser un des anneaux de cette vaste chaÃŪne? << Le dernier de ces rois, que le souffle du Nord << A du trÃīne des czars apportÃĐ sui ce bord, << Pliait sous le nom d'Alexandre; << Allons-nous voir les chefs de son armÃĐe en deuil << Donner des jeux sanglants autour de son cercueil, << Pour un sceptre flottant qu'il ne peut plus dÃĐfendre? << Verrons-nous couronner l'hÃĐritier de son choix, << Et ce maÃŪtre nouveau d'un empire sans lois << Doit-il, usant ses jours dans de saintes pratiques, << Assister de loin comme lui << Aux funÃĐrailles hÃĐroÃŊques << D'AthÃĻnes qui l'implore et qui meurt sans appui? << N'offrira- t-elle un jour que des dÃĐbris cÃĐlÃĻbres? << La verrons-nous tomber aprÃĻs ses longs efforts, << Vide comme Pompei, qui du sein des tÃĐnÃĻbres, << En secouant sa cendre, ÃĐtale sur vos bords << Ses murs oÃđ manque un peuple, et ses palais funÃĻbres << OÃđ manquent les restes des morts? << RÃĐponds-moi! rÃĐponds-moi! furieuse, ÃĐcumante, << Le front pÃĒle, et les yeux troublÃĐs d'un saint effroi, << Pleine du dieu qui te tourmente, << Viens, viens, Sibylle, et rÃĐponds-moi! << La verrons-nous, cette belle Ausonie, << Jeter quelques rayons de sen premier ÃĐclat? << Ou ce flambeau mourant des arts et du gÃĐnie << Doit-il toujours passer avec ignominie << De la France aux Germains, du pontife au soldat, << Semblable aux feux mouvants, aux clartÃĐs infidÃĻles << Qui, changeant de vainqueurs, volent de mains en mains, << Vain jouet des combats que livrent les Romains << Dans leurs saturnales nouvelles? << L'Espagne, qui prÃĐfÃĻre au plus beau de ses droits << La sainte obscuritÃĐ dont la nuit l'environne, << MarÃĒtre de ses fils, infidÃĻle à ses lois, << A l'esclavage s'abandonne, << Et s'endort sous sa chaÃŪne en priant pour ses rois. << Reprendra-t-elle un jour son ÃĐnergie antique? << Libre, doit-elle enfin, d'un bras victorieux, << Combattre et dÃĐchirer le bandeau fanatique << Qu'une longue ignorance ÃĐpaissit sur ses yeux? << Un arbre sur la France ÃĐtendait son ombrage: << Nous l'entourons encor de nos bras impuissants; << Le fer du despotisme a touchÃĐ son feuillage, << Dont les rameaux s'ouvraient chargÃĐs de fruits naissants. << Si par sa chute un jour le tronc qui les supporte << Doit de l'Europe entiÃĻre ÃĐbranler les ÃĐchos, << Le fer, sous son ÃĐcorce morte, << De sa sÃĻve de feu tarira-t-il les flots? << Ou de sa dÃĐpouille flÃĐtrie << Quelque rameau ressuscitÃĐ << Reprendra-t-il racine au sein de la patrie, << Au souffle de la libertÃĐ? << RÃĐponds-moi, rÃĐponds-moi! furieuse, ÃĐcumante, << Le front pÃĒle, et les yeux troublÃĐs d'un saint effroi, << Pleine du dieu qui le tourmente, << Viens, viens, Sibylle, et rÃĐponds-moi!... >>
J’ÃĐcoutais : folle attente! espÃĐrance inutile!
L’oracle d’Apollon ne rÃĐpond qu’à Virgile;
Et ces noms mÃĐconnus qu’en vain je rÃĐpÃĐtai,
Ces noms jadis si beaux : patrie et libertÃĐ,
N’ont pas mÊme aujourd’hui d’ÃĐcho chez la Sibylle.
En conclusion, ‘La Sybille’ nous rappelle que le passé, bien qu’il puisse sembler révolu, continue d’influencer nos existences présentes. Nous vous invitons à partager vos pensées sur cette œuvre touchante de Delavigne et à explorer d’autres poèmes classiques qui interrogent notre rapport à la mémoire et à l’histoire.

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