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Chant Premier
Le poème ‘Chant Premier’ de Jean-Joseph Vadé, un écrivain du 18ᵉ siècle, se distingue par son ton humoristique et sa satire mordante. À travers des scènes de la vie quotidienne, Vadé expose les relations humaines et les tensions qui en découlent, tout en divertissant le lecteur. Ce tableau vivant nous plonge dans une époque où la convivialité était reine, mais où les querelles n’étaient jamais loin.
JE chante sans crier bien haut, Ni plus doucement qu’il ne faut, La destruction de la Pipe De l’infortuné la Tulipe. On sçait que le Port aux Bleds Maints Forts à bras sont assemblés, L’un pour sur ses épaules larges Porter ballots, fardeaux ou charges ; Celui-ci pour les débarquer, Et l’autre enfin pour les marquer. On sçait, ou peut-être on ignore, Que tous les jours avant l’aurore Ces beaux muguets à bran-de-vin Vont chez la veuve Rabavin Tremper leur coeur dans l’eau-de-vie, Et fumer, s’ils en ont envie. Un jour que se trouvant bien là, Et que sur l’air du beau lanla Ils chantoient à tour de mâchoire, Maints et maints Cantiques à boire, Que gueule fraîche et les pieds chauds, Ils se fichoient de leurs bachots, Sans réfléchir qu’un jour ouvrable N’étoit point fait pour tenir table, Hélas ! la femme de l’un d’eux, Trouble-plaisir et boutte-feux, Arrive, et retrousse ses manches ; Déjà ses poings sont sur ses hanches, Déjà tout tremble ; on ne dit mot ; Plus de chansons ; chacun est sot. Jean-Louis que ceci regarde, Veut appaiser sa femme hagarde, Mais en vain est-on complaisant Avec un esprit malfaisant. «- Tiens ! lui dit-il, bois une goutte. «- Vas-t’en, chien, que l’aze te foutte. Lui dit-elle en levant un bras ; «Saqueurgué ! tu me le payeras. Et bravement vous lui détache Un coup de poing sur la moustache. Jérôme lui saisit les mains, Dont les jeux étoient inhumains. «- La paix, dit-il, morgué, comere, «Vous avez tort. – Allez, copere, «Vous ne valez pas mieux que lui ; «Vrament, ce n’est pas d’aujourd’hui «Qu’on vous connoît, gueux que vous êtes ; «A votre avis, les jours de Fêtes «N’arrivont-ils pas assez tôt ? «Jarni ! Si je prends mon sabot, «Je vous en torcherai la gueule ! «Puis-je gagner assez moi seule «Pour nourrir quatre chiens d’enfans «Qui mangeont comme des satans ? «Et ma fille qu’est à nourice ! «La pauvre enfant ! Dieu la benisse, «Un jour alle aura ben du mal ! «Tu nous réduis à l’Hôpital. «Jérôme, lâche-moi, j’enrage. «Ah ! Tu vas voir un beau ménage, «Vas sac à vin ; crève maudit ! A peine eut-elle cedi dit, Qu’on vit renforcer l’ambassade D’un duo femelle et maussade. Jérôme voyant sa moitié, Rit à l’envers, frappe du pié ; La Tulipe avisant la sienne Montée en belle et bonne chienne, Eût mieux aimé voir un serpent, Ou le Beau-fils qui rompt et pend Ceux qui point dans leur lit ne meurent. Enfin tous, interdits, demeurent Dans un silence furieux : L’une écrase l’autre des yeux ; Mais la grosse et rouge Nicole Recouvrant enfin la parole, Ainsi que les gestes mignards, Dit ces mots en termes poissards. «- Vous vla donc, Tableaux de la Grève, «Dieu me pardonne ! et qu’il vous crève : «Saint Cartouche est votre Patron. «Françoise, tien ben mau chaudron. «Allons vilain coulis d’emplâtre ! «Un Diable et puis vous trois font quatre : «Marionnettes du Pilori ! «Reste de farcin mal guéri ! «Enfans trouvés dans d’la paille ! «Sans nous vous faites donc ripaille, «Visages à faire des culs, «Et trop heureux d’être cocus… «- Cocus ! Interrompit Françoise ? «Nicole, ne cherchons pas noise, «Si ton chien d’homme est dans le cas, «Tant pis ; mais le mien ne l’est pas… «- Il l’est. – T’as menti. – Qui, moi ? Paffe ! Un soufflet. Même pataraphe Est ripostée. Autres soufflets, Autres rendus. Adieu bonnets, Fichus de suivre la coëffure, Tétons bleux, rousse chevelure De se montrer aux spectateurs. Le feu, la rage, au lieu de pleurs, Sortent des yeux de chaque actrice, Et dans ce galant exercice Elles alloient enfin périr, Si forcé de les secourir, On ne l’eût fait. Jean se dépêche De puiser un beau sceau d’eau fraîche, Et de nos braves s’approchant, Les tranquillise en leur lâchant Le tout à travers les oreilles. Ce remede fit des merveilles ; On but beaucoup par là-dessus, Et bien-tôt il n’y parut plus. Les voilà d’accord. La paix faite, Jean-Louis chante, et l’on répéte : Or voici donc ce qu’on chanta, Et ce que chacun répéta.
En explorant ‘Chant Premier’, vous découvrirez une facette ludique et critique de la société du 18ᵉ siècle. N’hésitez pas à partager vos réflexions sur ce poème ou à explorer d’autres œuvres de Vadé pour enrichir votre compréhension de son art.