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Vers la Liberté
Le poème ‘Vers la Liberté’ de Georges Boulanger est un puissant cri de ralliement à la lutte contre l’oppression. Écrit dans le contexte des révoltes au Canada au 19ᵉ siècle, il évoque la fierté nationale et le sacrifice des héros. À travers une riche imagerie et des métaphores saisissantes, Boulanger rappelle l’importance de la liberté et de la résistance face aux tyrans.
Aux jours sombres et froids de ces temps endeuillés Où les enfants du sol se voyaient dépouillés D’indéniables droits, leur vieille âme française Tressaillit de courroux ; car, sous la botte anglaise Ils avaient trop souvent reployé leur fierté. Aussitôt dans leur coeur parla la Liberté. Sa voix, comme un écho que le zéphyr emporte, Leur dit à chacun d’eux, en passant leur porte : « De la valeur bretonne encore trop rapprochés « Pour subir plus longtemps des tyrans l’arrogance, « Que les ardents lutteurs, dans leurs droits retranchés, « Se lèvent en héros ! Vive l’Indépendance ! » D’un principe élevé, généreux et décis, Naquit alors la guerre aux bourreaux endurcis. Pour augmenter encore aux belles épopées, Papineau commandait aux troupes équipées. Des villages entiers accourent au combat, S’entraînent à la lutte, et ceux dont le coeur bat Pour un peu d’équité, de valeur, de mérite, De courageux soldats formèrent une élite. Hésitant à cacher dans les nuages gris Sa face rubiconde et ses rayons pâlis, Le soleil est témoin de l’infâme bataille Entre le fort ayant pour force la mitraille Et le faible vaincu qui proclame son droit. On s’empresse partout, on vient de chaque endroit Pour soutenir les chefs et donner confiance. La sérénité d’âme inspire l’espérance, La foi stimule et mène au but les insurgés. Mais du parti royal, non plus sont négligés Du combat meurtrier les apprêts nécessaires, Et paraissent bientôt devant les téméraires Colborne et ses soldats, deux mille combattants. Les révoltés, inquiets, ont resserré leurs rangs Près du temple vieilli qu’on nomme Saint-Eustache. Sur la foi d’un serment que la bravoure attache, Chénier leur fait jurer de combattre ou mourir. Et tous, pleins de fierté, clament un cri : Tenir. L’armée anglaise approche. Au paisible village, Ayant de la Patrie en eux la douce image, Les insurgés armés, enivrés des exploits, Changent en châteaux-forts les maisons et les toits. Lorsqu’ainsi transformé comme une forteresse, Saint-Eustache est l’endroit que la valeur caresse. Dans un petit fossé, près du temple divin, Deux braves sont cachés : Louis Bart et Paul Gauvin. Les régiments anglais, silencieux, s’avancent ; Pour seconder l’espoir du tyran, ils s’élancent Sur le bien faible bourg, commencent le conflit, Canonnent le couvent qu’ils ont tôt démoli, Font un feu meurtrier, ceinturent le village, Reculent un instant… mais la lutte fait rage : Le succès se fait lent, les insurgés tiennent, Ils s’arment de courage, et le combat soutiennent. Le temple, encore debout, tombe sous les boulets, S’enveloppe bientôt dans un nuage épais, Brûle, fume, s’effondre en écrasant les braves. La Victoire s’égare en ces heures trop graves. Cachés dans le fossé, Gauvin et son ami Nourrissent bien leur feu, harcèlent l’ennemi. Les Anglais accourus sont prompts à la riposte. Les héros sont blessés en défendant leur poste ; Frappés mortellement, ils n’ont plus qu’un soupir Pour affirmer encore qu’ils ont voulu tenir. Et, tandis que leur sang s’échappe avec leur vie, Les yeux tournés au ciel, dans leur âme ravie, Ils murmurent tout bas ces deux mots que le coeur Prononce en gémissant sous le talon vainqueur : Les mots doux et divins de Patrie et de Mère. Afin que du combat dont la défaite amère Ne ressuscitât point un reste de fierté ; Afin qu’il ne parut, du vieux clocher resté Chancelant et noirci, rien, pas la moindre trace ; Comme pour effacer le souvenir vivace D’un effort surhumain vers notre liberté, Vers ce grand idéal, trop longtemps écarté, Les boulets destructeurs culbutent les décombres Et font planer partout la ruine et les ombres. Le feu lèche les murs, le temple est un brasier Allumé par l’Anglais qui cherche à rassasier Son appétit brutal, son instinct et sa rage. Quand le clocher s’écroule, au milieu du carnage, Du fracas de la chute, on distingue soudain Un son divin et pur s’exhaler de l’airain ! C’est le glas des héros dont la note funèbre Accompagne à la gloire un désastre célèbre. * * * Reposez, chevaliers du mérite et du droit ! Nous marchons après vous, ivres de cet exploit ; À tailler un drapeau nous travaillons sans trêve Afin de le hisser au mât de votre rêve ! Extrait de: L’Heure Vivante, Québec, (1926)
Ce poème nous pousse à réfléchir sur le coût de la liberté et l’héroïsme nécessaire pour la défendre. Explorez davantage d’œuvres de Georges Boulanger pour découvrir d’autres voix puissantes du patrimoine littéraire.