Définition de l’élegiaque
L’adjectif élegiaque possède deux significations possibles. Premièrement, il peut se référer à quelque chose de, relatif à, ou impliquant une élégie ou quelque chose qui exprime une mélancolie ou un chagrin similaire. Deuxièmement, il peut désigner plus spécifiquement la poésie composée sous forme de couplets élégiaques.
Un couplet élégiaque se compose d’un vers en hexamètre dactylique suivi d’un vers en pentamètre dactylique. Étant donné que l’hexamètre dactylique est utilisé dans toute la poésie épique, et que la forme élégiaque était toujours considérée comme un style « inférieur » à l’épopée, les élégistes, ou poètes qui écrivaient des élégies, écrivaient souvent avec la poésie épique à l’esprit et se positionnaient par rapport à l’épique.
Origines de la poésie élégiaque
Les premiers exemples de poésie élégiaque écrite proviennent de la Grèce classique. La forme remonte presque aussi loin que l’épopée, avec des auteurs tels qu’Archiloque et Simonide de Céos au début de l’histoire de la Grèce. Le premier grand poète élégiaque de la période hellénistique était Philitas de Cos : les poètes augustéens associaient son nom à une grande écriture élégiaque.
L’un des écrivains élégiaques les plus influents fut le rival de Philitas, Callimaque, qui eut un impact énorme sur les poètes romains, qu’ils soient élégistes ou non. Il propagea l’idée que l’élégie, plus courte et plus compacte que l’épopée, pouvait être encore plus belle et digne d’appréciation. Properce le relia à son rival avec le couplet bien connu :
Callimachi Manes et Coi sacra Philetae,
in vestrum, quaeso, me sinite ire nemus.
(L’esprit de Callimaque et le sanctuaire de Philitas de Cos, laissez-moi entrer dans votre bosquet sacré, je vous en prie.)
Le rhétorique du Ier siècle après J.-C., Quintilien, classa Philitas juste derrière Callimaque parmi les poètes élégiaques.
Poètes élégiaques de l’Antiquité romaine
D’autres poètes élégiaques grecs, comme Héraclite d’Halicarnasse, furent également mentionnés dans des élégies de Callimaque. Hermesianax était aussi un poète élégiaque. Les principaux écrivains élégiaques de l’ère romaine furent Catulle, Properce, Tibulle et Ovide. Catulle, d’une génération antérieure aux trois autres, influença grandement ses homologues plus jeunes. Tous, en particulier Properce, tirèrent leur influence de Callimaque et se lisèrent mutuellement, répondant aux œuvres des autres. Notamment, Catulle et Ovide écrivirent également dans des mètres non élégiaques, mais Properce et Tibulle non.
Évolution de l’élégie en poésie anglaise
L’« élégie » était à l’origine une forme classique avec peu d’exemples en anglais. Cependant, en 1751, Thomas Gray écrivit « Elegy Written in a Country Churchyard ». Ce poème inspira de nombreux imitateurs, et bientôt, tant l’ode pindarique révivifiée que l’« élégie » devinrent courantes. Gray utilisa le terme élégie pour un poème de solitude et de deuil, et pas seulement pour un vers funèbre (éloge). Il libéra également l’élégie de la métrique élégiaque classique.
Par la suite, Samuel Taylor Coleridge soutint que l’élegiaque est la forme « la plus naturelle à l’esprit réfléchissant » et qu’elle peut porter sur n’importe quel sujet, tant qu’elle réfléchit sur le poète lui-même. Coleridge était bien conscient que sa définition confondait l’élegiaque avec le lyrique, mais il mettait l’accent sur la nature réfléchie et recollectée du lyrique qu’il favorisait, en faisant référence à l’élégie popularisée par Gray. Charlotte Smith utilisa également le terme pour décrire sa série de Sonnet élégiaques. De même, William Wordsworth affirmait que la poésie devait provenir des « émotions recollectées dans la tranquillité ». Après les Romantiques, le terme « élegiaque » retourna lentement à sa signification plus étroite de vers composé en mémoire des morts.
Dans d’autres exemples de poésie, comme « La Dame de Shalott » d’Alfred Tennyson, un ton élégiaque peut être utilisé, où l’auteur loue quelqu’un d’une manière sombre. J. R. R. Tolkien, dans son essai « Beowulf: The Monsters and the Critics », soutient que Beowulf est une élégie héroïque.
Exemple de poème français dans le genre élégiaque
À l’ombre d’un chêne, je pleure en silence,
Les souvenirs d’un temps où tout était éclat.
Un doux parfum de fleurs, une danse de l’enfance,
Dans le vent du soir, je cherche ton regard.
Les étoiles s’allument, comme des larmes d’argent,
Dans la nuit profonde, je murmure ton nom.
L’écho de ta voix, un chant résonnant,
En ce lieu tranquille, je rêve d’un horizon.
Alors que l’ombre s’étend, mon cœur se languit,
Dans le crépuscule, ton image s’efface. Une élégie pour toi, mon amour, mon ami,
Dans le silence du temps, j’embrasse ta trace.