Présentation de l’École de Rochefort
L’École de Rochefort est un mouvement poétique français majeur du XXe siècle, qui émergea en 1941 à Rochefort-sur-Loire. Fondée par le pharmacien-poète Jean Bouhier et le peintre Pierre Penon, cette école se distingue par son approche libre et humaniste de la poésie, en réaction à la poésie traditionnelle promue par le Gouvernement de Vichy, durant l’occupation allemande.
Les Origines et la Philosophie de l’École
Le manifeste théorique de l’école, intitulé Position poétique de l’école de Rochefort, rédigé par Jean Bouhier en mai 1941, ne fixe pas de règles strictes, mais propose une orientation sur le rôle de la poésie. Les membres de ce mouvement, bien que partageant certaines idées, sont avant tout un groupe d’amis, comme l’a souligné René Guy Cadou. Ce dernier a décrit Rochefort comme une « cour de récréation » plutôt que comme une véritable école.
Les Premiers Poètes
Au départ, l’école se compose d’un noyau de jeunes poètes de l’Ouest de la France, comprenant des figures comme René Guy Cadou, Jean Bouhier et Michel Manoll. Ce groupe s’élargit rapidement pour inclure des auteurs d’autres régions de France. De 1941 à 1961, l’École de Rochefort devient le mouvement poétique le plus prolifique du pays, tant par la diversité que par le nombre de ses poètes.
Esthétique et Engagement
L’École de Rochefort n’est pas uniquement un nouveau « art poétique ». En intégrant des éléments de la nature et de la vie quotidienne dans leurs œuvres, les poètes cherchent à établir un lien profond entre la poésie et le monde qui les entoure. Jean Bouhier affirmait que les poètes de Rochefort voulaient « dire leurs poèmes à la face du monde », les mêlant aux « rythmes de la nature ».
Surromantisme et Réaction
René Guy Cadou, tout en s’inscrivant dans cette démarche, a introduit le concept de Surromantisme pour qualifier sa poésie, marquant ainsi une transition vers des formes d’expression plus contemporaines. Dans les années 1950, l’école se positionne également contre les excès de la poésie engagée, qui était alors soutenue par des poètes de la résistance tels que Louis Aragon.
Publications et Influence
Au total, 149 titres ont été publiés sous le sigle « Rochefort », à travers des collections telles que Les Cahiers de l’École de Rochefort et Les Amis de Rochefort. Ces publications ont été soutenues par l’éditeur parisien René Debresse et ont permis de faire connaître les voix de poètes tels que Fernand Marc, Marcel Béalu, Jean Rousselot, et bien d’autres.
Les Dernières Années
Bien que l’activité de l’École de Rochefort ait diminué à la fin des années 1940, elle a connu un renouveau après la mort de René Guy Cadou en 1951. Les poètes se sont alors regroupés à Paris, continuant à se retrouver chaque mercredi au restaurant de La Coupole. Le mouvement a perduré jusqu’au début des années 1960, époque à laquelle Jean Bouhier s’est retiré, marquant le déclin des « Amis de Rochefort ». Cependant, l’esprit de l’école a continué à vivre à travers des manifestes tels que Poésie pour vivre – Manifeste de l’homme ordinaire, publié en 1964 par Jean Breton et Serge Brindeau.
Conclusion
L’École de Rochefort, avec ses poètes emblématiques et son approche unique de la poésie, a laissé une empreinte indélébile dans le paysage littéraire français. Ce mouvement a non seulement enrichi la poésie de son époque, mais a également permis de redéfinir le rapport entre l’homme, la nature et l’art, offrant ainsi une nouvelle perspective sur la création poétique.