Qu’est-ce que l’Objectivisme?
L’objectivisme est un mouvement poétique qui a émergé dans les années 1930 aux États-Unis, principalement à New York. Fondé par des poètes tels que William Carlos Williams, Louis Zukofsky, George Oppen, Charles Reznikoff, et Carl Rakosi, ce courant est souvent considéré comme une réponse aux limitations de l’imagisme, un mouvement antérieur. L’objectivisme met l’accent sur l’importance de la poésie en tant qu’objet et se concentre sur la représentation objective du réel, éloignant ainsi le poète de l’expression de ses émotions personnelles.
Origines et développement du mouvement
Le terme « objectiviste » a été introduit lors d’un numéro spécial de la revue Poetry en 1931, édité par Louis Zukofsky, à la demande de Harriet Monroe. Ce numéro regroupait des œuvres de plusieurs poètes associés au mouvement, dont des poèmes de Carl Rakosi et William Carlos Williams. Ce dernier, bien que déjà établi comme poète, a joué un rôle mentor pour Zukofsky, qui avait alors 24 ans.
Les influences littéraires
L’objectivisme est influencé par l’imagisme, mais se distingue par son rejet des préoccupations classiques et mythologiques. Les poètes objectivistes, tels que Reznikoff et Oppen, partagent en outre une origine juive, ce qui a façonné leur vision artistique. Zukofsky lui-même a décrit la poésie comme un « détail, non un mirage », soulignant l’importance de la sincérité et de l’objectification dans le processus créatif.
Les principes de la poétique objectiviste
Selon Zukofsky, les principes de la poétique objectiviste incluent le traitement du poème comme un objet, avec une insistance sur l’intelligence, la sincérité et la capacité du poète à observer le monde de manière lucide. Ce courant s’oppose au lyrisme qui se concentre sur la subjectivité et les émotions de l’auteur. Au lieu de cela, l’objectivisme cherche à révéler des connexions invisibles au sein de la réalité, en utilisant un langage quotidien et en évitant les métaphores élaborées.
Réception et impact
La première réception de l’objectivisme a été mitigée. Bien que certains critiques aient exprimé leur hostilité envers ce mouvement, d’autres, y compris des poètes comme Gertrude Stein et Ezra Pound, ont reconnu son importance. Le travail des objectivistes a par la suite influencé la poésie moderne, y compris la Beat Generation et le Language School des années 1970.
Les contributions individuelles
Chaque poète du mouvement a contribué à façonner l’esthétique objectiviste. Par exemple, Charles Reznikoff est notamment connu pour son œuvre Testimony, qui illustre la méthode du témoignage objectif. De même, George Oppen, avec son poème « 1930s », illustre la capacité de voir le monde tel qu’il est, sans embellissement. Louis Zukofsky, quant à lui, a travaillé sur un long poème en 24 parties intitulé A, qui approfondit la recherche formelle et stylistique du mouvement.
Influence en France
En France, l’objectivisme a trouvé un écho à travers des poètes tels que Denis Roche et Emmanuel Hocquard, qui ont exploré les liens entre le langage et la réalité à travers des approches minimalistes. Le mouvement a influencé des revues littéraires et des auteurs qui s’intéressent à l’agencement de matériaux en dehors de la poésie traditionnelle.
Conclusion de l’objectivisme
Bien que le mouvement ait connu des périodes de déclin et d’abandon par certains de ses membres, son héritage perdure à travers les générations de poètes qui continuent de s’inspirer de ses principes. Aujourd’hui, l’objectivisme demeure un sujet d’étude important dans le cadre de la poésie moderne, illustrant la richesse et la diversité de la voix poétique américaine.