Qu’est-ce que la Dub Poetry ?
La dub poetry est une forme d’expression poétique qui a émergé à la fin des années 1970, principalement en Jamaïque et au Royaume-Uni. Ce mouvement poétique se distingue par son utilisation du spoken word sur des rythmes reggae, offrant une plateforme pour les commentaires politiques et sociaux. Contrairement au deejaying, qui se concentre sur l’improvisation, la dub poetry se caractérise par des performances préparées, où les poètes récitent leurs œuvres accompagnés de musiciens.
Origines et développement
Le terme « dub poetry » a été popularisé par le poète Linton Kwesi Johnson (LKJ) en 1976. Ce dernier, ayant émigré en Grande-Bretagne à l’âge de 11 ans, a joué un rôle central dans le développement du genre. Son premier recueil, Voices of the Living and the Dead, publié en 1974, a posé les bases de sa carrière. En 1978, son album Dread Beat an’ Blood a marqué un tournant pour le mouvement, le propulsant sur la scène musicale internationale.
Thèmes et style
La dub poetry aborde des thèmes variés, notamment le racisme, les inégalités sociales et l’impérialisme. Les textes sont souvent écrits en patois jamaïcain, ce qui renforce leur authenticité et leur impact. Par exemple, dans son poème Fite Dem Back, LKJ évoque la résistance contre les forces fascistes :
« Fashist an di attack
Noh baddah worry ’bout dat
Fashist an di attack
Wi wi’ fite dem back »
Artistes emblématiques
La scène de la dub poetry est riche et diversifiée, comptant des artistes de renom tels que :
- Linton Kwesi Johnson
- Mutabaruka
- Jean « Binta » Breeze
- Benjamin Zephaniah
- Oku Onuora
- Lillian Allen
- Mushapata
La scène internationale
En dehors de la Jamaïque, Toronto, au Canada, a développé une scène florissante de dub poetry, avec des artistes comme Lillian Allen, qui est une pionnière de l’héritage canadien de la dub poetry. Plusieurs festivals de poésie dub ont été organisés à Toronto, favorisant l’échange artistique et la reconnaissance de ce mouvement.
Différences avec d’autres formes de reggae
La dub poetry se distingue des autres genres de reggae, notamment le dancehall, par son approche littéraire et politique. Alors que le deejay se concentre souvent sur des performances improvisées avec des thèmes de célébration ou d’exhibition, les dub poets se concentrent sur un message social et politique. Leurs performances sont souvent accompagnées d’une orchestration complète, incluant des sections rythmiques et des cuivres, ce qui enrichit l’expérience auditive.
Impact et héritage
La dub poetry a établi sa place en tant que forme majeure de l’art populaire noir, influençant d’autres artistes et mouvements littéraires. Des poètes comme Benjamin Zephaniah ont également élargi leur portée en publiant des romans et en participant à des discussions littéraires plus larges. La dub poetry continue d’inspirer les générations actuelles, abordant des problématiques contemporaines avec la même passion et le même engagement que ses prédécesseurs.