Dinggedicht : Une forme poétique spécifique
Le Dinggedicht (en allemand : littéralement, « poème des choses » ou « poème objet » ; pluriel, Dinggedichte) est une forme poétique qui se concentre sur un thème poétique particulier. Développé au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, le Dinggedicht se concentre sur un objet animé ou inanimé, décrit de manière distancée, souvent dissociée et objectivée. Le poète vise à trouver un langage spécifique et prétendument indigène à l’objet en question. Il tente de faire parler l’objet lui-même dans son propre langage. Cette forme poétique est censée exprimer l’être intérieur de l’objet en focus. Dans cette tradition, des objets issus des arts ont souvent été abordés, mais plus récemment, les poètes ont également exploré des objets de la vie quotidienne. De plus, le Dinggedicht n’a pas nécessairement pour but de viser un objet physique ; il peut également capturer des notions abstraites de manière objectivée. La voix dans le Dinggedicht est fréquemment à la troisième personne.
Le terme technique poétologique a été inventé par le chercheur littéraire allemand Kurt Oppert.
Poètes notables et poèmes en Dinggedicht
Parmi les poètes notables de Dinggedicht, on peut citer :
- Eduard Mörike (par exemple, Auf eine Lampe)
- Conrad Ferdinand Meyer (par exemple, Der römische Brunnen)
- Rainer Maria Rilke (par exemple, Archaïscher Torso Apollos, Der Panther, Das Karussell)
- Paul-Henri Campbell (par exemple, The Spacewalk Sutra)
Pour approfondir, on peut consulter les ouvrages suivants :
- Dieter Hoffmann (2008). Das Ding-Bild und Ding-Gedicht, Stuttgart.
- Rolf Eichhorn (2007). Mörikes Dinggedichte: das schöne Sein der Dinge, Marburg.
- Hartmut Engelhardt (1973). Der Versuch, wirklich zu sein: zu Rilkes sachlichem Sagen, Frankfurt am Main.
Exemple de poème en Dinggedicht
Voici un exemple d’un poème inspiré par la forme du Dinggedicht :
Une Vieille Horloge
Dans l’ombre du couloir, elle s’accroche,
Ses aiguilles dansent,
Mécanisme ancien, murmure du temps,
Rythmée, elle raconte,
Les heures passées, les souvenirs présents.
En bois poli, son corps,
Racontant des histoires d’autrefois,
Chaque tic, chaque tac,
Une mélodie de vie,
Sculptée par les années,
Elle reste, fière, éternelle.
Écho des rires, des pleurs,
Ses battements se mêlent aux cœurs,
Un lien entre le passé et l’avenir,
Dans son silence, elle sait,
Qu’elle est bien plus qu’une simple horloge.
Ce poème illustre la forme du Dinggedicht en mettant en avant un objet, ici une horloge, et en lui donnant une voix propre, tout en explorant des notions de temps et de mémoire. Les éléments tels que la distanciation et l’objectivation sont présents, ce qui en fait un exemple concret de ce genre poétique.