L’élégie : un genre poétique de réflexion sérieuse
L’élégie est un poème de réflexion sérieuse, et dans la littérature anglaise, elle est généralement un lamentation pour les morts. Cependant, selon The Oxford Handbook of the Elegy, « malgré sa prévalence … l’élégie reste remarquablement mal définie : parfois utilisée comme un terme générique pour désigner des textes d’un ton sombre ou pessimiste, parfois comme un marqueur de monumentalisation textuelle, et parfois strictement comme un signe de lamentation pour les morts ».
Le terme grec ἐλεγείᾱ (elegeíā ; provenant de ἔλεγος, élegos, « lamentation ») faisait à l’origine référence à tout vers écrit en couplets élégiaques et abordant un large éventail de sujets (mort, amour, guerre). Ce terme incluait également des épitaphes, des chansons tristes et mélancoliques, ainsi que des vers commémoratifs. L’élégie latine de la littérature romaine ancienne était le plus souvent de nature érotique ou mythologique. En raison de son potentiel structurel pour des effets rhétoriques, le couplet élégiaque était également utilisé par les poètes grecs et romains pour des sujets spirituels, humoristiques et satiriques.
En dehors des épitaphes, des exemples d’élégies anciennes en tant que poèmes de deuil incluent le Carmen 101 de Catulle, sur son frère décédé, et des élégies de Properce sur sa maîtresse Cynthia morte ainsi que sur une matriarche de la famille Cornélienne éminente. Ovide a écrit des élégies déplorant son exil, qu’il a comparé à une mort.
Dans la littérature anglaise, le sens plus moderne et restreint, d’une lamentation pour un être cher disparu ou un événement tragique, n’est d’usage que depuis le seizième siècle ; le concept plus large était encore employé par John Donne pour ses élégies écrites au début du dix-septième siècle. Ce concept plus lâche est particulièrement évident dans le Exeter Book en vieil anglais (c. 1000 CE), qui contient des poèmes « sérieux et méditatifs » bien connus comme « Le Vagabond », « Le Marin », et « Le Lament de l’Épouse ». Dans ces élégies, les narrateurs utilisent le « je » lyrique pour décrire leurs propres expériences personnelles et deuils. Ils racontent l’histoire de l’individu plutôt que la tradition collective de son peuple, comme le fait la poésie épique.
Au moment de Samuel Taylor Coleridge et d’autres, le terme en était venu à signifier « poème méditatif sérieux » : « L’élégie est une forme de poésie naturelle à l’esprit réfléchissant. Elle peut traiter de n’importe quel sujet, mais elle doit traiter de aucun sujet pour elle-même ; mais toujours et exclusivement en référence au poète. Comme il ressentira des regrets pour le passé ou un désir pour l’avenir, ainsi la tristesse et l’amour sont devenus les thèmes principaux de l’élégie. L’élégie présente tout comme perdu et disparu ou absent et futur ». Un exemple célèbre d’élégie est Elegy Written in a Country Churchyard de Thomas Gray (1750).
En français, peut-être l’élégie la plus célèbre est Le Lac (1820) d’Alphonse de Lamartine. En Allemagne, l’exemple le plus célèbre est Duino Elegies de Rainer Maria Rilke (1922). Dans le monde islamique, notamment le chiisme, les exemples les plus célèbres sont les élégies écrites par Sachay Bhai sur la bataille de Karbala. Des élégies écrites sur Husayn ibn Ali et ses partisans sont très courantes et produites encore aujourd’hui. En Espagne, l’une des œuvres capitales en espagnol est Coplas por la Muerte de su Padre (Stances sur la mort de son père), écrite entre 1460 et 1470 par Jorge Manrique.
« Élégie » (en français : élégie) peut également désigner un type d’œuvre musicale, généralement de nature triste ou sombre. Un exemple bien connu est l’Élégie, Op. 10, de Jules Massenet. Ce morceau a été à l’origine écrit pour piano, comme œuvre d’étudiant ; puis il a été mis en chanson ; et enfin il est apparu comme « Invocation », pour violoncelle et orchestre, une section de sa musique d’accompagnement aux Les Érinnyes de Leconte de Lisle. D’autres exemples incluent l’Élégie en do mineur (op. 24) de Gabriel Fauré, l’Élégie Op. 58 d’Edward Elgar, l’Élégie pour cordes de Benjamin Britten, et le premier mouvement, « Élégie », du Quatuor à cordes n°4 de Pēteris Vasks. Bien que non spécifiquement désigné comme une élégie, l’Adagio for Strings de Samuel Barber a un caractère élégiaque.
Exemple de poème : Élégie
Voici un poème respectant le genre poétique de l’élégie :
Dans le silence de l’ombre, je pleure
Les souvenirs d’un temps révolu,
Les rivières de larmes, les cœurs en pleurs,
Mon âme erre, perdue dans l’inconnu.
Ô doux ami, repose en paix,
Ta voix résonne dans le vent du soir.
Chaque étoile brille, mais sans lumière,
La nuit me manque, toi, mon espoir.
Les jours passent, mais le chagrin demeure,
Un écho lointain d’un amour perdu.
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