Cantigas de escárnio e maldizer
Les cantigas de escárnio e maldizer (en portugais), cantiga de escarnio e maldicir (en galicien) ou cantigas d’escarnho e de maldizer (en galicien-portugais) sont des poèmes d’insulte, de moquerie et de mépris, presque toujours avec une intention comique, qui constituent l’un des trois principaux genres de la lyrique médiévale galicienne-portugaise.
Le roi Alphonse X, le Sage, est l’auteur de ces cantigas. Le corpus lyrique galicien-portugais comprend environ 400 textes appartenant à ce genre. Il est souvent mal caractérisé comme de la satire, la différence étant que ce genre insulte généralement des individus nommés, contrairement à la satire qui s’en prend à des classes entières de personnes.
Le genre présente souvent des formes complexes, avec une variété de personnages, et la rhétorique est à peu près au milieu de la complexité par rapport à la cantiga de amor et à la cantiga de amigo. L’insulte ou la moquerie en sont l’essence, bien que les techniques varient considérablement, telles que louer pour blâmer, défendre pour accuser, ou remercier pour insulter. L’obscénité est courante dans les cantigas de maldizer, tandis que la moquerie se fait de manière indirecte dans les cantigas de escárnio.
Le monde physique et social de l’époque, contrairement aux deux autres genres galicien-portugais, est très présent dans les cantigas de escárnio e maldizer, faisant de ce genre un excellent moyen d’étudier l’histoire sociale et culturelle de cette période. Ce genre inclut des thèmes sexuels, des moqueries envers d’autres troubadours et leurs chansons, des conflits sociaux, des questions juridiques et politiques, ainsi que des railleries sur la religion, plus spécifiquement le catholicisme, y compris des moqueries envers le Pape et des blasphèmes contre des figures bibliques telles que Jésus et Marie, mère de Jésus, ainsi que des parodies de cantigas de amor et de cantigas de amigo.
En général, le locuteur est un homme. La personne adressée peut être la cible de l’insulte, ou un « vous » rhétorique, servant d’exemple dans un discours plus vaste, ou une partie de l’action décrite ou mise en scène. L’intention rhétorique est toujours d’insulter. La personne insultée est généralement un individu, bien que dans certaines compositions, une classe de personnes soit moquée (« infanções »), rendant ces poèmes une satire et non une insulte personnelle. Les éléments de fond sont beaucoup plus variés que dans les deux autres genres, tout comme la situation présente et l’action. Les techniques de rhétorique par lesquelles l’insulte est formulée sont également très variées, ce qui permet une elocutio difficilement réalisable ailleurs.
Les origines des cantigas de escárnio e maldizer ne sont pas vraiment connues. Henry R. Lang soutient que le genre a des racines profondes dans la péninsule ibérique, bien que la question soit de savoir à quel point elles sont profondes. Il n’existe pas de corpus de vers comparativement large en occitan, vieux français ou italien. Une façon de trouver une explication à ce genre est de le considérer comme une continuation des coutumes romaines.
Exemple de poème en cantiga de escárnio e maldizer
Voici un poème qui illustre ce genre poétique :
O noble qui se dit sage,
Pour un sou, tu ne vaux rien,
Avec ta fausse courtoisie,
Tu n’es qu’un triste chagrin.
Dans ce poème, le locuteur s’adresse directement à une personne, lui lançant des insultes qui soulignent son hypocrisie. Les termes comme « noble » et « sage » sont utilisés de manière sarcastique, illustrant bien la moquerie inhérente aux cantigas de escárnio e maldizer. Les jeux de mots et la structure rythmique renforcent l’effet comique et critique de ce poème.