Asefru : un genre poétique kabyle
L’asefru (pluriel : isefra) est une composition poétique de la littérature berbère de Kabylie. Il s’agit d’une sorte de court sonnet à structure ternaire, formé de trois strophes de trois vers chacune. Les rimes suivent le schéma AAB AAB AAB, tandis que la longueur des trois vers de chaque strophe est de 7 + 5 + 7 syllabes.
Ce mètre est relativement nouveau par rapport à ceux de la poésie traditionnelle, probablement né vers le milieu du XIXe siècle. Le poète qui a indissolublement lié son nom à ce type de composition est Si Mohand. L’asefru est généralement lu ou récité mais peut également être chanté. De nombreux exemples d’isefra chantés sont présents dans le répertoire de différents chanteurs kabyles, tels que Taos Amrouche (par exemple « Vaste est la prison »), Slimane Azem (« Effɤ ay ajrad tamurt-iw », Sauterelle, quitte mon pays) ou Malika Domrane (« Nnehta », Soupir).
Voici un exemple d’asefru de Si Mohand :
Ggulleɣ seg Tizi-wuzzu
armi d Akfadu
ur ḥkimen dg’ akken llanA neṛṛez wal’ a neknu
axiṛ daεwessu
anda ttqewwiden ccifanLɣwerba tura deg uqerru
welleh ard a nenfu
wala leεquba ɣer yilfan
Je jure, de Tizi Ouzou
jusqu’au col d’Akfadou
aucun de ceux-là ne me commandera
Je me brise mais je ne plie pas
je préfère être damné
là où les proxénètes gouvernent
L’émigration est mon destin
Dieu, mieux vaut l’exil
que la loi des porcs
Exemple de poème en asefru
Voici un poème original écrit dans le style de l’asefru :
Au sommet des montagnes
là où le vent chante
je trouve ma libertéLes chaînes de l’oppression
je les brise en silence
et danse avec les étoilesUn cœur en errance
vers un horizon doré
la vie est ma seule loi
Ce poème respecte le genre poétique de l’asefru par sa structure ternaire, avec trois strophes de trois vers. Chaque strophe suit le schéma de rimes AAB, et les syllabes des vers sont organisées de manière à refléter l’essence de ce genre poétique.