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En Quercy, l’été
Le poème ‘En Quercy, l’été’ de Léon Cladel se présente comme une immersion sensorielle dans les paysages estivaux de la France rurale. Écrit au 19ᵉ siècle, ce poème transporte le lecteur dans une Quercy brûlante, où chaque image évoque une nature vibrante mais aussi assujettie à la chaleur accablante de l’été. Cladel, avec sa plume évocatrice, nous invite à réfléchir sur l’interaction entre l’homme et la nature dans cet environnement envoûtant.
La campagne éclatait, embrasée ; & les blés Jaunis succombaient sous leurs épis d’or brûlés ; Il faisait un août à racornir les arbres, Les cieux semblaient plaqués de pierres & de marbres, Rien ne bougeait en haut, rien ne bougeait en bas, Et si tout respirait, on ne l’entendait pas ; Empourpré, le soleil allongeait en silence Ses grands dards trisaigus comme des fers de lance, Et le sol, assailli de toutes parts, fendu, S’ouvrait aux rayons chauds comme le plomb fondu ; Pas d’air ; à l’horizon d’immenses prés, dont l’herbe Ourlait une forêt immobile & superbe ; Un grand fleuve arrêté, comme s’il était las, Réverbérant du ciel les splendides éclats ; Et plus loin, dévoré par les baisers de l’astre, Un mont, dans la lumière ; un mont, tel qu’un pilastre ; Un mont qui, sous la voûte en feu du firmament, Flamboyait, chauve & nu, dans le rayonnement Immense des cieux. Or, étendu sous un orme Dont le soleil trouait la frondaison énorme, Je regardais la roche âpre, chauffée à blanc, Corrodée à la cime & corrodée au flanc, Et, sous elle, l’abîme intense de la plaine Avalant tout le feu dont la nue était pleine ; Et je voyais flamber dans le miroir de l’eau Les cheveux du soleil & les bras du bouleau ; Mais, si loin que mes yeux lassés pouvaient s’étendre, Rien de vert, rien de doux, rien d’ombreux, rien de tendre Ne se montrait parmi l’irradiation De la nature, tout entière en fusion. Nul souffle. Aucun bruit. Rien ne remuait. Les terres, Au nord comme au midi, rutilaient, solitaires Sous ce ciel implacable & rempli d’un éclair, Qui n’avait pas de trêve & qui dévorait l’air. De ses langues de feu l’élémentaire flamme Ardait tout, m’arrivant, subtile, jusqu’à l’âme, Et je croyais qu’en proie à cet ardent baiser, J’allais m’évanouir & me vaporiser ; Et qu’altérés, chauffés au point de se dissoudre, Incendiés, noircis, calcinés, mis en poudre, Ravins & mamelons, encore tout fumants, Se désagrégeraient sous ces cieux incléments ; Et déjà je pleurais, hélas ! sur nos vallées… Sur ma vallée autour de laquelle, empilées, S’étagent dans l’azur des crêtes de granit, Où l’aigle farouche a ses petits & son nid Royal ! O joie !… Émus, les cieux impérissables Se mouillent tout à coup, &, sur l’éclat des sables, Mille atomes d’or pur, par un souffle enlevés, Miroitent en dansant dans les airs avivés. En vain le grand soleil agrandit son cratère, Les gramens, les gazons ondulent sur la terre : Avoines, blés, maïs, redressent leurs cheveux, Et le saule, oscillant sur ses orteils baveux. Incline vers les eaux sa difforme ramure Où le vent, revenu, pleure, rit & murmure… Tout renaît & palpite, & tout, monts, plaines, eaux, Se meut ! Yeuses, sapins, houx, chênes & roseaux, Les grands bois font sonner leurs cimes inégales ; Et l’on entend des chants incertains de cigales Et mille bruits charmants errant par-ci par-là : Soudain, — j’en pleure encore, — un brave oiseau parla Dans un arbre ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ce poème de Léon Cladel nous rappelle la puissance et la beauté de la nature, ainsi que son impact sur nos émotions. Lisez-le, savourez chaque image, et envisagez de plonger encore plus profondément dans d’autres œuvres de cet auteur fascinant.