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Levées d’Empreintes

Dans ‘Levées d’Empreintes’, Pierre Dhainaut nous invite à une exploration sensible de la mémoire et du silence. Écrit au 20ᵉ siècle, ce poème s’ancre dans une réflexion profonde sur la difficulté de saisir les mots et les émotions qui nous habitent. À travers des images puissantes, l’auteur interroge notre rapport au temps et à nos souvenirs, rendant cette œuvre intemporelle et d’une pertinence toujours actuelle.
1. Inlassablement, et disant cela, on a beau détacher chaque syllabe afin de lui être présent, ce mot-là ou un autre, qu’importe, tous se ressemblent, on n’a pu faire un tri, on recrée le bruit de ces blocs lorsqu’ils s’écroulent, un à un, des falaises, sans que l’on sache en différer la chute, la vague aussi avide en s’éloignant continue son travail de sape, continue de mêler silence, tumulte, on voit comme on entend, comme on respire, inlassablement donc, le resserrement de la gorge quand on se trouve ainsi devant, vers quoi les mains s’élancent-elles ? déjà elles s’arrêtent, elles sont impuissantes à cerner, à nommer l’obstacle, les paupières de même, qui s’écartent pour rien : alors, malgré soi, on reprend les quelques mots dont on dispose, on les inscrit, friables, sur du papier friable . 2. Nuit glaciale, oppressante, de toutes parts toutes les nuits s’y dressent, on en est responsable, on n’a évidemment qu’une obsession : au-dehors, se dit-on, l’espace libre enfin s’agrandirait, on ferait corps en lui, lettre après lettre, à force, on dessine une ligne, on arrive au bout pour la reproduire, c’est à la craie encore que l’on s’agrippe, on ouvrirait pourtant ne fût-ce qu’une fente, il suffit de la moins visible, on le saurait au vent aussitôt qui se précipite, la déchire, amenant d’un coup comme la mer une lumière sans rivages, la page reste aride, les doigts n’en sont que plus opaques, les yeux, aucune voix ne s’élève des traces, au-dehors rien que l’on ne doive ici réinventer, on divise une fois de plus, on pense en termes de secrets à vaincre, de cibles orgueilleuses, dans l’épaisseur on se fraie un passage, très mal, on ne parvient qu’en bas. 3. Au-dessous, ce n’est au-dessous qu’une masse compacte, en la croyant impénétrable on veut se rassurer : comme on tend l’oreille au long de parois quand on comprend que l’on y frappe en vain, on ne sait plus qu’elle rumeur s’insinue peu à peu, peu à peu s’élargit, d’une forêt en plein orage ou du ressac sur des galets avec celles qui va et vient au creux de la poitrine, pourquoi s’agirait-il d’un leurre ? sans se soucier de blessures, de durée, ni le temps ni le sol rugueux ne refusent leur aide, on appuierait la paume nue, elle seule sensible reconnaît en la moindre ride une crevasse, s’abandonne à la profondeur qu’on ne définit pas, laisse venir des années enfouies dans l’obscur remuement où se confondent la terre, les os et les racines, la mémoire fidèle, la mémoire exigeant d’être portée au jour, fécondée à nouveau d’une parole.
Ce poème, riche en métaphores et en émotions, nous pousse à réfléchir sur notre propre rapport à la mémoire. N’hésitez pas à explorer davantage l’œuvre de Pierre Dhainaut pour découvrir d’autres facettes de sa sensibilité poétique.

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