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Le Grand Jour des Morts

René Daumal, figure emblématique de la poésie du 20ᵉ siècle, nous convie à une exploration poignante de la mort à travers son poème ‘Le Grand Jour des Morts’. Écrit dans un contexte où les réflexions sur la condition humaine sont exacerbées, ce poème met en exergue la lutte interne entre la peur de la mort et l’émergence d’une identité plus profonde. Découvrez comment ce poème continue de résonner avec ceux qui cherchent à comprendre leur place dans un monde souvent plongé dans l’obscurité.
La nuit, la terreur, à cent pas sous terre, les caveaux sans espoir, la peur dans la moelle et le noir dans l’œil — l’appel de l’étoile meurt au bord du puits — et ces mains, ta détresse blanche dans la brume glacée du fond de toute la vie, dans la détresse blanche de ces mains qui seront les miennes un jour, tellement je les aurai aimées. Ne t’échappe pas, me dit la lumière — celle qui éclate partout ici, mais légère sur l’épaisseur aveugle qu’elle enferme et vaine ; inutile clarté qui troue la peau pourtant et qui me dit : tu ne sortiras pas, mais marche seul griffé de mon fouet fantôme, c’est le fond de la terreur, c’est le palais sans portes, cave sous cave, c’est le pays sans nuit. L’air est peuplé de notes fausses à scier l’os, c’est le pays sans silence, cave sous cave encore au pays sans repos, ce n’est pas un pays, c’est moi-même cousu dans mon sac avec la peur, avec l’hydre et le dragon; et toi, démon, voilà ta tête de verrue que je m’arrache de la poitrine oh ! monstre, menteur, mangeur d’âme. Tu me faisais croire que ton nom maudit c’était le mien, l’imprononçable, que ta face, c’était ma face, ma prison, que ma peau détestée vivait de ta vie, mais je t’ai vu : tu es un autre, tu peux bien me tourmenter à jamais, tu peux m’écraser dans des charniers sous les cadavres de toutes les races disparues, tu peux me brûler dans la graisse des dieux morts, je sais que tu n’es pas moi-même, ru ne peux rien sur le feu plus ardent que le tien, le feu, le cri de mon refus d’être rien. Non, non, non! car je vois des signes encore faibles dans un banc de brume lente mais certains, car les sons qu’ils peignent sont les frères des cris que j’étouffe, car les chemins incroyables qu’ils tracent sont les frères de mes pas de plomb ; car je vois les signes de ma force sans bornes, l’assassine de ma vie et d’autres vies sœurs. Du fond illuminé, plafond sous plafond, des caves, je vois — je me rappelle — je les avais tracés au commencement les signes cruels fouillant chaque repli du mollusque pensée aux mille bras. Ils m’enseignent la terrible patience, ils me montrent le chemin ouvert mais que mieux que toute muraille ferme la loi de flamme dite à la pointe du glaive et réglant chaque pas à l’orchestre fatal : tout est compté. Voici, j’ai arraché le manteau de chair saignante et de colère et je marche nu — non pas encore ! mais je me vois lointain et j’ai pour me guider et remplacer mon cœur, très loin, ces mains, ces mains d’aveugle, l’aveugle morte plus voyante que vos yeux de bêtes, vous opaques vivants lourds, très loin l’aveugle et ses prunelles, cercles de tout savoir, enclosant l’eau limpide et noire des lacs souterrains — je dirais comme elles sont belles, ces mains, comme elle est belle, non, comme elle parle la beauté, la morte aveugle, mais qui voit toute ma nuit, je parlerais, j’inventerais des mots-sanglots — à ses pieds il faudrait pleurer — je sangloterais sa beauté, si je pouvais pleurer, si je n’étais pas mort de n’avoir su pleurer.
La puissance émotionnelle de ‘Le Grand Jour des Morts’ invite chacun à réfléchir sur sa propre existence et ses combats intérieurs. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de René Daumal ou à partager vos pensées sur ce poème captivant.
Auteur:René Daumal

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