Utilisation des poèmes : Tous les poèmes de unpoeme.fr sont libres de droits et 100% uniques "sauf catégorie poésie classique" .
Vous pouvez les utiliser pour vos projets, écoles, affichages, etc., en mentionnant simplement notre site.
⚠️ Les poèmes soumis par nos lecteurs qui souhaitent en limiter l'usage auront une mention spécifique à la fin. En l’absence de cette mention, considérez-les comme libres de droits pour votre usage personnel ou professionnel.
Profitez-en !
L’église
Le poème ‘L’église’ de Remy de Gourmont s’inscrit dans un contexte où la spiritualité et la mémoire prennent une place essentielle. Écrit au début du 20ᵉ siècle, ce poème évoque les souvenirs des bâtisseurs d’églises tout en rendant hommage aux hommes et aux femmes qui ont marqué l’histoire et la foi. Gourmont, connu pour son style riche et introspectif, nous emmène dans une balade douce-amère sous la lueur du soir, révélant la profondeur de la condition humaine.
Simone, je veux bien. Les bruits du soir Sont doux comme un cantique chanté par des enfants ; L’église obscure ressemble à un vieux manoir ; Les roses ont une odeur grave d’amour et d’encens. Je veux bien, nous irons lentement et bien sages, Salués par les gens qui reviennent des foins ; J’ouvrirai la barrière d’avance à ton passage, Et le chien nous suivra longtemps d’un œil chagrin. Pendant que tu prieras, je songerai aux hommes Qui ont bâti ces murailles, le clocher, la tour, La lourde nef pareille à une bête de somme Chargée du poids de nos péchés de tous les jours ; Aux hommes qui ont taillé les pierres du portail Et qui ont mis sous le porche un grand bénitier ; Aux hommes qui ont peint des rois sur le vitrail Et un petit enfant qui dort chez un fermier. Je songerai aux hommes qui ont forgé la croix, Le coq, les gonds et les ferrures de la porte ; A ceux qui ont sculpté la belle sainte en bois Qui est représentée les mains jointes et morte. Je songerai à ceux qui ont fondu le bronze Des cloches où l’on jetait un petit agneau d’or, A ceux qui ont creusé, en l’an mil deux cent onze, Le caveau où repose saint Roch, comme un trésor ; A ceux qui ont tissé la tunique de lin Pendue sous un rideau à gauche de l’autel ; A ceux qui ont chanté au livre du lutrin ; A ceux qui ont doré les fermoirs du missel. Je songerai aux mains qui ont touché l’hostie, Aux mains qui ont béni et qui ont baptisé ; Je songerai aux bagues, aux cierges, aux agonies ; Je songerai aux yeux des femmes qui ont pleuré. Je songerai aussi aux morts du cimetière, A ceux qui ne sont plus que de l’herbe et des fleurs, A ceux dont les noms se lisent encore sur les pierres, A la croix qui les garde jusqu’à la dernière heure. Quand nous reviendrons, Simone, il sera nuit close ; Nous aurons l’air de fantômes sous les sapins, Nous penserons à Dieu, à nous, à bien des choses, Au chien qui nous attend, aux roses du jardin.
Ce poème résonne avec ceux qui cherchent à comprendre leur lien avec le passé et l’essence même de la foi. N’hésitez pas à explorer d’autres œuvres de Remy de Gourmont pour découvrir davantage de réflexions poétiques sur la vie et la spiritualité.