Aux Paysages de France

Pour M. Adrien Mithouard Paysages français sans fiÃĻvre et sans emphase Je voudrais inflÃĐchir le contour de mes phrases Selon vos coteaux modÃĐrÃĐs; Je voudrais que parmi mes chansons incertaines Passe l’ÃĐcho prÃĐcis et vif de vos fontaines Sans rien qui soit exaspÃĐrÃĐ. Je voudrais que l’odeur de la terre mouillÃĐe, Cette odeur de vanille et de feuilles rouillÃĐes Qui lorsque la pluie a pris fin Monte le long des chemins creux qu’elle parfume S’ÃĐlÃĻve aussi des mots qui tombent de ma plume Et leur donne un arÃīme sain. Paysages français de grÃĒce et de mesure Je suis semblable au trÃĻfle, à la flouve, à la mÃŧre À la glycine, au pampre mol: J’ai besoin du conseil constant de vos collines Et la sÃĻve qu’il faut pour nourrir mes racines Ne se trouve qu’en votre sol. J’aime à voir reflÃĐtÃĐs dans les vasques pensives Vos ciels qui n’ont jamais de teintes excessives, Vos ciels ni trop bleus, ni trop gris. OÃđ les nuages doux qui glissent en silence, Sachant la vanitÃĐ de toute violence, Vont selon le chemin prescrit. Paysages amis, si les sonnets me plaisent C’est que ce sont un peu des parcs à la française PassionnÃĐs et rÃĐflÃĐchis Et je n’ai pas besoin des fontaines complices Pour retrouver en vous comme un nouveau Narcisse Mon propre reflet rÃĐflÃĐchi. Paysages si fins et si clairs oÃđ je passe Vous Êtes le miroir persistant de ma race Et vos conseils m’ont fait savoir Qu’entre les VÃĐritÃĐs qu’on rencontre au passage La VÃĐritÃĐ Française a le plus beau visage Et que l’Orgueil est un devoir! Extrait de: 1911, PoÃĻmes, (Gallimard/NRF)