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Dedham, Vu de Langham

Dans ‘Dedham, Vu de Langham’, Yves Bonnefoy nous transporte dans un univers où l’art et la nature se rencontrent. Écrit durant le 20ᵉ siècle, ce poème explore la beauté éphémère du monde naturel tout en réfléchissant sur le rôle du peintre comme créateur et observateur. Bonnefoy, grand poète français, réussit à capturer des images vibrantes qui interpellent nos sens et notre imaginaire.
I Dedham, vu de Langham. L’été est sombre OĂš des nuages se rassemblent. On pourrait croire Que tout cela, haies, villages au loin, Rivière, va finir. Que la terre n’est pas MĂŞme l’éternité des bĂŞtes, des arbres, Et que ce son de cloches, qui a quitté La tour de cette église, se dissipe, Bruit simplement parmi les bruits terrestres, Comme l’espoir que l’on a quelquefois D’avoir perçu des signes sur des pierres Tombe, dès qu’on voit mieux ces traits en désordre, Ces taches, ces sursauts de la chose nue. Mais tu as su mĂŞler Ă  ta couleur Une sorte de sable qui du ciel Accueille l’étincellement dans la matière. LĂ  oĂš c’était le hasard qui parlait Dans les éboulements, dans les nuées, Tu as vaincu, d’un début de musique, La forme qui se clôt dans toute vie. Tu écoutes le bruit d’abeilles des choses claires, Son gonflement parfois, cet absolu Qui vibre dans le pré parmi les ombres, Et tu le laisses vivre en toi, et tu t’allèges De n’ĂŞtre plus ainsi hâte ni peur. O peintre, Comme une main presse une grappe, main divine, De toi dépend le vin; de toi, que la lumière Ne soit pas cette griffe qui déchire Toute forme, toute espérance, mais une joie Dans les coupes mĂŞme noircies du jour de fĂŞte. Peintre de paysage, grâce Ă  toi Le ciel s’est arrĂŞté au-dessus du monde Comme l’ange au-dessus d’Agar quand elle allait, Le cœur vide, dans le dédale de la pierre. Et que de plénitude est dans le bruit, Quand tu le veux, du ruisseau qui dans l’herbe A recueilli le murmure des cloches, Et que d’éternité se donne dans l’odeur De la fleur la plus simple! C’est comme si La terre voulait bien ce que l’esprit rĂŞve. Et la petite fille qui vient en rĂŞve Jouer dans la prairie de Langham, et regarde Quelquefois ce Dedham au loin, et se demande Si ce n’est pas lĂ -bas qu’il faudrait vivre, Cueille pour rien la fleur qu’elle respire Puis la jette et l’oublie; mais ne se rident Dans l’éternel été Les eaux de cette vie ni de cette mort. II Peintre, Dès que je t’ai connu je t’ai fait confiance, Car tu as beau rĂŞver tes yeux sont ouverts Et risques-tu ta pensée dans l’image Comme on trempe la main dans l’eau, tu prends le fruit De la couleur, de la forme brisées, Tu le poses réel parmi les choses dites. Peintre, J’honore tes journées, qui ne sont rien Que la tâche terrestre, délivrée Des hâtes qui l’aveuglent. Rien que la route Mais plus lente lĂ -bas dans la poussière. Rien que la cime Des montagnes d’ici mais dégagée, Un instant, de l’espace. Rien que le bleu De l’eau prise du puits dans le vert de l’herbe Mais pour la conjonction, la métamorphose Et que monte la plante d’un autre monde, Palmes, grappes de fruits serrées encore, Dans l’accord de deux tons, notre unique vie. Tu peins, il est cinq heures dans l’éternel De la journée d’été. Et une flamme Qui brĂťlait par le monde se détache Des choses et des rĂŞves, transmutée. On dirait qu’il ne reste qu’une buée Sur la paroi de verre. Peintre, L’étoile de tes tableaux est celle en plus De l’infini qui peuple en vain les mondes. Elle guide les choses vers leur vraie place, Elle enveloppe lĂ  leur dos de lumière, Plus tard, Quand la main du dehors déchire l’image, Tache de sang l’image, Elle sait rassembler leur troupe craintive Pour le piétinement de nuit, sur un sol nu. Et quelquefois, Dans le miroir brouillé de la dernière heure, Elle sait dégager, dit-on, comme une main Essuie la vitre oĂš a brillé la pluie, Quelques figures simples, quelques signes Qui brillent au-delĂ  des mots, indéchiffrables Dans l’immobilité du souvenir. Formes redessinées, recolorées A l’horizon qui ferme le langage, C’est comme si la foudre qui frappait Suspendait, dans le mĂŞme instant, presque éternel, Son geste d’épée nue, et comme surprise Redécouvrait le pays de l’enfance, Parcourant ses chemins; et, pensive, touchait Les objets oubliés, les vĂŞtements Dans de vieilles armoires, les deux ou trois Jouets mystérieux de sa première Allégresse divine. Elle, la mort, Elle défait le temps qui va le monde, Montre le mur qu’éclaire le couchant, Et mène autour de la maison vers la tonnelle Pour offrir, ô bonheur ici, dans l’heure brève, Les fruits, les voix, les reflets, les rumeurs, Le vin léger dans rien que la lumière.
Ce poème nous incite à réfléchir sur notre propre relation avec la nature et l’art. En nous immergeant dans les vers de Bonnefoy, nous sommes invités à partager nos réflexions et à découvrir d’autres œuvres de cet auteur fascinant.

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