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Ce que Dit le Troisième
Dans ‘Ce que Dit le Troisième’, Louis Aragon nous entraîne dans un voyage poétique labyrinthique qui explore la nature même de la poésie. Écrit au 20ᵉ siècle, ce poème complexifie notre compréhension de l’art, en jonglant entre les mots, les émotions et les images. Au cœur d’un contexte artistique tumultueux, Aragon, membre du surréalisme, utilise son style unique pour faire résonner des interrogations intemporelles sur l’identité du poète et le pouvoir des mots.
Un poète est celui qui fait des poèmes Un poème est la forme que prend la poésie Mais qu’est-co que c’est qu’est-ce que c’est la poésie Cette chose en moi cette chose en dehors de moi Et d’abord comme si c’était appeler les choses Par un nom qui leur ressemble et qui n’est pas le leur Et soudain comme si c’était appeler les choses Justement de ce bizarre nom qui est lo leur Le linge de couleur qui sèche à la mansarde des mots J’ouvre la fenêtre et le jardin dans la pièce entre S’assied et croise les jambes Ou bien des voix qui s’éloignent claires et fortes dans l’étonnement du matin Ou des signes sur un mur que je ne comprends pas On purge les mineurs de diamants pour voir s’ils n’en ont pas avalé On met de l’ardoise dans la terre au pied de l’hortensia pour le rendre bleu Et quand on est à bout de paroles il y a Ce que tu fais à une femme enfin doucement qu’elle gémisse Ou ton cœur déchiré mais as-tu seulement jamais vu ton cœur Ces paroles pour toi seul tout à coup que tout le monde a surpris La honte devant un passant d’avoir parlé à voix haute Et pour faire semblant d’avoir chanté Vite tu mettras par-ci par-là la frime d’une rime Car l’homme est rassuré quand il entend l’écho Les coqs de l’écho Mais s’il avait seulement saisi que tu disais Ce qui me tue Ce sont Maman les choses tues Il t’aurait cependant regardé de travers Car il ne sait pas plus que toi ce que c’est que la poésie Peut-être est-elle cet assassin recherché Que va trahir une blessure Demandez à ceux qui l’ont vu son front sa bouche et ses chaussures Et nous allons la prendre à son portrait-robot Elle aura de Byron le pied bot les cheveux non beurrés de Rimbaud Les yeux crevés d’Homère Continuez sans moi jusqu’à satiété Ce ravissant petit jeu de société J’ai souvent essayé de m’imaginer la poésie Comme le poing fermé qu’on glisse dans une chaussette Histoire de voir s’il faut la repriser Ou la grimace d’un enfant à soi-même dans la glace J’ai souvent essayé de m’imaginer la poésie Comme la pêche à l’écrevisse Un chiffon rouge entre les pierres du ruisseau Ou l’étincellement nocturne d’un passage clouté Dans une ville déserte Ou le geste subit vers le ciel d’une charrette à bras J’ai vainement essayé de m’imaginer la poésie On dit pourtant de moi que je suis un poète Aussi fais-je des vers/par persuasi-on Le jour se lève-t-il si chante l’alouette Ou tout autre oisillon J’ai demandé la poésie au téléphone Il n’y a pas d’abonné au numéro que vous demandez J’ai demandé la poésie à l’éclat des armes Inconnue au régiment J’ai demandé la poésie au fond d’un verre Et la soif ne m’est point passée J’ai demandé la poésie à toutes les portes On m’a dit Madame est sortie Et moi que voulez-vous que je devienne Comme un qui s’est endormi sur l’escalier roulant Il saute drôlement à la dernière marche On ferme les grands magasins J’irai donc me laver dans la parole amère Je lancerai galets sur galets dans la mer Au bout d’une jetée au clignotement des phares J’offrirai dans la rue aux fenêtres Des oiseaux morts au bout d’un bâton Je crierai Chiffons chiffons dans l’aurore Je m’allongerai comme le soleil sur les bancs de midi N’y a-t-il pas pour celui qui chante chez les sourds Un strapontin dans le métro J’ai rencontré la folie aux bords de la Seine Tout le monde lui faisait des compliments Je n’ai pas aimé sa coiffure Avec ses belles dents mise à la dernière mode Je n’ai pas trouvé le crime si charmant que tout ça J’entrerais bien m’asseoir le soir dans les églises. J’ai demandé la poésie au carrefour Il paraît qu’elle était occupée Occupée à quoi nul ne me l’a dit Je suis le pauvre qui mendie Par charité mes bons Messieurs la poésie Plus souvent dit l’un d’eux car tu irais la boire
Ce poème est une invitation à réfléchir sur le rôle et la définition de la poésie dans nos vies. L’œuvre d’Aragon continue d’inspirer, poussant les lecteurs à explorer leurs propres interprétations de l’art. N’hésitez pas à découvrir d’autres poèmes de cet auteur emblématique et à partager vos réflexions.