La Rivière des Souvenirs Inexorables
I.
Dans le silence des monts et vallées,
Où les herbes frémissent sous le souffle du vent,
Le fleuve murmure aux abois ses secrets,
Témoins impassibles des heures filantes,
Comme le destin, inéluctable, contant
Les heures perdues et l’ombre des instants.
Là, le Poète, silhouette solitaire,
Arpentait ses rives, cœur lourd et l’esprit en errance,
Cherchant parmi les reflets d’eau clairs
Le souvenir d’un temps éteint, d’une espérance.
Ses pas résonnaient sur la terre encore fertile,
Tissant en sa marche l’écho d’une mélancolie subtile.
II.
« Ô toi, rivage des âmes égarées,
Révèle-moi enfin, par l’eau qui jamais ne s’arrête,
Les vers dissimulés dans l’ombre délavée,
De mes rêves enfouis, de mes tristesses secrètes. »
Murmurait-il aux flots, à la quête de rédemption,
Parlant aux étoiles, aux collines en communion.
Le fleuve, complice aux reflets d’argent,
Emportait le murmure en une larme silencieuse;
Il était l’écho intime d’un temps éclatant,
Où jadis brillait une lumière bienheureuse.
Mais la fatalité, implacable juge du destin,
Infligeait à la vie l’amère sentence de l’abîme.
III.
Les collines, gardiennes des mémoires antiques,
Dressaient leurs cimes contre l’altération du jour ;
Leur manteau d’herbes folles, de souvenirs veridiques,
Recelait l’épaisseur d’un passé en contour.
Au pied de ces géants, le Poète s’agenouillait,
Contemplant l’immuable sortie du soleil en secret.
« Ô Nature, chantre de l’éternelle loi,
Accorde-moi la clef de mes propres arcanes,
Pour que les larmes du destin, en une joie de soie,
Ne soient que la peinture d’espoirs de jadis, infâmes. »
Ses paroles s’envolaient, melancoliques et ferventes,
Telles des offrandes devant l’autel du temps qui emporte.
IV.
Au fil des jours, la nostalgie accablante
Se faisait plus dense, comme une brume de l’aube,
Envahissant l’âme du Poète d’une tristesse dévorante,
Où chaque souvenir en son cœur se grava et se robe.
Il se souvenait d’un été doré, aux éclats de rires,
De promesses murmurées, avant que tout ne se fige.
Lors d’une nuit sans lune, alors que la rivière
Était pareille à un ruban d’ébène, hypnotique et funèbre,
Il s’installa sur un vieux banc, rêvant d’une ère éphémère,
Se laissant bercer par l’onde, divine et terrible.
Le murmure de l’eau se calmait en un soupir,
Portant en lui les espoirs d’un avenir qui voulait s’enfuir.
V.
Parfois, dans le silence des heures solitaires,
Le Poète en proie à ses doutes se livrait à l’intime discours :
« Ma vie… est-elle qu’un long fleuve, nuage éphémère,
Errant sans but, au gré du temps, sans retour ? »
Il voyait le temps, fluide et irréversible,
S’écouler tel le fleuve, inexorable et inéluctable.
Les collines offraient en contrepoint leur majesté,
Comme témoins figés de ce destin inévitable.
L’onde, scintillante sous l’astre de l’obscuritée,
Rappelait sans trêve la fatalité insurmontable.
Ainsi, en ses monologues intimes et tremblants,
Le Poète confessait son errance aux cieux vacillants.
VI.
Un matin, alors que l’aurore semblait pleurer,
Le Poète aperçut sur le chemin une ombre vagabonde,
Un vieil homme dont le regard semblait chuchoter
Les secrets d’un temps où la vie semblait féconde.
Le vieillard, à l’allure mélancolique et discrète,
S’approcha, comme une présence éphémère et honnête.
« Cher ami, vois-tu comment le temps se délite ?
Nos âmes sont comme les feuilles balayées par l’automne.
Viens, partage avec moi ce silence, cette fuite
Des instants que le destin sans relâche empoisonne. »
Le Poète, las de ses solitaires errances,
Accepta l’invitation de ce compagnon en silence.
VII.
Sous le ciel angélique, ils cheminèrent côte à côte,
Le vieil homme, sage aux rides d’inévitable sort,
Et le Poète, en proie à la grâce morbide de ses notes,
Scrutant l’horizon où le jour à peine se tord.
Entre dialogues sobres et regards emplis de vérité,
Se tissaient les fils d’une complicité empreinte d’humanité.
« Dis-moi, noble vieillard, qui es-tu, messager du temps ?
Ta voix porte l’écho des âges, des souvenirs oubliés.
N’es-tu point le gardien de l’horloge des tourments,
Celui qui a vu l’espoir briller avant de sombrer en regrets ? »
Interrogea le Poète, le cœur alourdi des âmes en peine.
L’homme, d’un ton sûr, répondit à la rime incertaine :
« Je suis simple voyageur sur le bord des existences,
Témoin de l’inéluctable poursuite du destin,
Et de chaque vie, hélas, marquée par l’absence
D’un futur lumineux, d’un espoir divin.
Le temps, tel ce fleuve, coule sans retour,
Emportant nos joies, nos peines, en un éternel détour. »
VIII.
Les heures se durcirent, et l’amitié naissante
Offrit au Poète tout l’écho d’une humanité vaincue.
Il se vit confronté à son propre reflet, dans cette danse,
Où la fatalité s’inscrivait dans chaque ligne de sa nue.
Les mots s’entrelaçaient dans des vers tragiques,
Rappelant que toute existence se fait éphémère et pathétique.
Guidé par le vieillard, il s’aventura vers une clairière,
Où la nature offrait un répit aux âmes désenchantées.
Dans ce sanctuaire, le souvenir d’une ère passagère
S’inscrivait en poèmes, en échos sublimes et mais si déconcertés.
Le Poète assemblait alors son récit en fragments,
Témoignant d’un destin cruel et d’un temps indolent.
IX.
Sur ce argileux théâtre, où la vie se faisait songerie,
Les deux compagnons observaient le ciel, vaste et tourmenté.
« Vois, disait l’homme, le balancement de cette harmonieuse furie,
Où le passé et l’avenir s’effacent dans un douloureux reflet.
Chaque instant n’est qu’un éphémère soupir,
Une goutte d’eau dans le vaste fleuve de l’avenir. »
Ainsi, la conversation s’égrena en strophes enchanteresses,
Et le Poète, subjugué, écrivit l’histoire de ses faiblesses.
X.
Pourtant, au cœur de cette errance mélancolique,
L’ombre du destin se faisait plus oppressante encore.
Le Poète sentait, dans sa poitrine, une douleur nostalgique,
Une émotion qui le liait à cet instant fatal et mort.
« Le temps est un voleur, un funeste et sournois pilier,
Dérogeant nos vies, effaçant nos rires en un soupir. »
Avait-il murmuré dans un dernier élan de vérité,
Alors que l’écho de son âme s’apprêtait à s’évanouir.
Les rives se paraient d’un voile de tristesse insondable,
Et la rivière, éternelle complice du destin,
Révéla, dans son cours impitoyable,
La course inéluctable vers une fin trop proche, trop chagrin.
Le Poète, en quête de réponses aux abysses du temps,
Comprit enfin que toute vie est une fugace litanie, ardente et déchirant.
XI.
Dans une ultime nuit de pleine lune, baignée de froide clarté,
Ils s’arrêtèrent devant un vieil arbre gémissant qui semblait pleurer
Les secrets des âmes perdues, aux racines d’éternité.
« Vois!» dit le vieillard, « voici l’arbre des mémoires,
Dont les branches embrassent le ciel en de funestes litanies. »
Le Poète, le cœur serré par l’amertume des trajectoires,
Écoutait la nature chanter son refrain d’un fini implacable,
Où l’amour du passé se mirait dans des pleurs inévitables.
XII.
Les mots se mêlaient alors à la poussière du crépuscule,
Nuances d’or et d’argent se lançaient dans un dernier adieu.
Le Poète, le regard embué de larmes qui jamais ne se retirent,
S’écria dans un monologue douloureux et impérieux :
« Le temps, ce sculpteur cruel, dévore l’âme et la mémoire,
Laisse en héritage la tristesse, l’amertume de nos histoires.
Oh, Rivière, en ton cours, emporte mes rêves envolés,
Car dans ton écoulement se lit le destin des êtres désolés. »
Mais l’écho de ses mots se perdit dans le vent d’un matin d’hiver,
Et le vieil homme, témoin de l’inéluctable fin de cette aura,
Le regarda s’éloigner, prisonnier d’un sort qu’il ne pouvait taire.
XIII.
L’aube se leva enfin dans une pâleur cruelle,
Dissolvant en silence les dernières illusions du Poète.
La rivière, aussi fidèle à sa trame ritournelle,
Continuait sans répit son cours aux accents de tempête.
Les collines, impassibles et vastes comme un linceul,
Regardaient ce drame se dérouler dans le murmure du temps.
Et le Poète, désormais seul, la gorge serrée et en deuil,
Savait que chaque instant était un adieu déchirant.
Dans un ultime élan de mélancolie, il grava sur un vieux rocher,
Les lettres fanées d’un vers qui défiait la fatalité :
« Ô Temps, funeste et implacable, emporte-moi loin de ces pensées,
Que le fleuve de ma vie se dissolvra dans un silence consumé »
Ses mots résonnèrent, semblables à un fragile soupir,
Portant l’essence d’une quête vaine, d’un amour impossible à retenir.
XIV.
Ainsi, sur le rivage de cette existence éphémère,
Le Poète demeura, prisonnier d’un rêve déchu.
La mémoire de ses amours, de ses joies jadis si chères,
Se mêlait aux regrets d’un destin, cruel et inconnu.
Le temps, en perpétuel défilement, sculpte les âmes en silence,
Et dans son sillage, ne laisse que l’ombre d’un passé en errance.
La longue rivière, guide des destinées englouties,
Emporta dans son lit glacé les dernières lueurs de vie.
Seul, sous le ciel d’un gris infini, il s’assit face aux eaux,
Contemplant l’horizon où se dissolvaient les rêves envolés.
Chaque vague semblait conter la fin de ses idéaux,
Chaque clapotis, la marque d’un adieu déjà murmuré.
Ainsi, dans ce tableau d’une fatalité parfaitement dessinée,
Le Poète, envahi par la douce tristesse de l’inéluctable,
Prit conscience que l’espoir s’était éteint, abandonné,
Et que son âme égarée était à jamais captive du sable.
XV.
Le soir vint recouvrir le monde d’un voile de douleur,
Et la rivière, en un chant funèbre, poursuivit sa course impénible,
Emportant dans son sillage toute trace d’un temps de splendeur,
Semblable à un requiem pour des rêves désormais périssables.
Le Poète, enfin, se laissa choir dans le désespoir,
Confronté à la froide réalité de ses jours envolés.
Il vit dans l’écoulement incessant du fleuve, sans espoir,
Le cruel témoignage de toutes les âmes condamnées.
Telle était la fatalité, implacable et sans retour,
Qui broyait dans son sillage les cœurs emplis d’amour.
XVI.
Dans le silence accablant d’une nuit aux accents de tristesse,
Le Poète s’abandonna, livrant son être aux flots.
Chaque reflet d’eau, chaque bruissement, chaque faiblesse
Se fit l’écho d’un passé révolu, d’un destin en lambeaux.
Il murmura une dernière fois, d’une voix brisée par le temps :
« Ô rivage de ma mémoire, emporte-moi loin d’ici,
Là où l’ombre des regrets se dissout dans l’oubli,
Et que le poids des heures ne soit plus mon tourment. »
Mais le fleuve, fidèle à sa loi de l’inévitable,
L’engloutit dans ses eaux, dans un triste et foudroyant retour.
XVII.
Aujourd’hui encore, au crépuscule de ce vaste monde,
On dit que la rivière conserve, dans ses méandres,
La trace d’un poète, d’une âme si profonde,
Dont la quête fut de défier le temps en errances funèbres.
Les collines, silencieuses gardiennes de ce labyrinthe,
Se souviennent du murmure éperdu de ses désirs,
Et le vent porte encore, de manière ineffable et distincte,
L’écho d’un adieu, d’un regret, d’un soupir
Qui, dans l’incessante marche du temps et de la mémoire,
Rappelle à l’humanité que la vie n’est qu’un passage sans gloire.
Sur les berges parfumées d’un automne déclinant,
Là où le ruisseau se confond dans une mélodie mortelle,
Le Poète Nostalgique demeure, spectre errant,
Gardien d’un passé éphémère, d’une existence cruelle.
Les flots, en perpétuel déferlement, scellent son destin,
Témoins muets d’une lutte vaine contre l’effacement,
De ses rêves, de ses passions, et de ses lendemains,
Jusqu’à l’ultime soupir, dans l’abîme du temps.
Mais ce destin, scellé par la fatalité, s’achève dans un chagrin inouï :
Car le poète, dans le flot inévitable du souvenir,
S’est éteint, emporté par une marée de douleurs infinies.
XVIII.
Et c’est là, sur cette rive, dans le fracas des derniers échos,
Que s’achève, hélas, le récit d’un homme aux mots si intimes.
Le fleuve chante encore, en son cours mêlé d’ombres et d’eau,
La symphonie amère de la vie, de ses rêves en déprime.
Il rappelle à chacun que le temps, inévitable, se fuit,
Emportant avec lui nos plus belles espérances,
Laissant derrière lui cette tristesse infinie qui s’enfuit,
Comme une ombre funeste, balayant toute existence.
La longue rivière des souvenirs, en sa danse fatale,
Dissout les vestiges d’un passé trop douloureux à soutenir,
Et le Poète, figé dans l’éternelle nuit, en une halte finale,
Devient l’emblème d’un destin que nul ne peut prévenir.
Coda.
Au bout de ce sentier de tristesse et de mélancolie,
La nature, dans le silence de ses heures irrévocables,
Verse une complainte sur le sort des âmes en agonie.
Le Poète, en son ultime offrande, s’efface dans l’inévitable.
Les collines pleurent en échos, la rivière en larmes,
Et dans le lointain, le murmure des âges se tait ;
Car lorsque le temps s’écoule, emportant tous nos charmes,
Il ne reste que l’amertume d’un souvenir, d’un regret.
Ainsi se conclut l’histoire d’un homme en quête de sens,
Qui, face à l’immuable cours du destin, vit et souffrit,
Laissant derrière lui le récit d’une existence en errance,
Et la certitude que même les plus ardents rêves s’enfuient.
Dans ce triste adieu, la fatalité règne en souveraine,
Scellant d’un sceau d’amertume le destin de l’âme errante,
Tandis que la longue rivière, ininterrompue et vaine,
Emporte à jamais l’écho d’un destin, d’une vie déclinante.
Car, dans le flot tragique du temps, ponctué de douleurs,
Le Poète Nostalgique s’est perdu à jamais,
Dissous dans les méandres d’un univers sans couleurs,
Où, seul demeure le souvenir d’un espoir délaissé.
Et l’on entend encore, sur ces rives d’un temps révolu,
Le murmure d’un rêve, une complainte infinie,
Rappelant à l’humanité, d’un air résigné et absolu,
Que toute quête de beauté se finit dans une triste mélancolie.
Telle est la chronique immuable de l’âme égarée,
Que l’on nomme d’un nom devenu légende, et pourtant éteint,
Car le temps, inflexible et cruel, sans cesse vient rappeler
Que les rêves s’effacent, engloutis par l’inévitable destin.
Et ainsi, dans le douloureux couchant d’un jour sans avenir,
La rivière continue de serpenter, témoignant du naufrage
D’un poète, d’un cœur qui, dans l’écoulement de ses soupirs,
S’est perdu à jamais, emporté par la fatalité du passage.
Seul le souvenir demeure, fragile écho d’un passé enfui,
Un adieu funeste, une mélodie de tristesse infinie.
Car la mémoire, en ce lieu, se meurt dans l’ombre et le silence,
Et le fleuve, en son insatiable marche, scelle l’ultime sentence.
Le Poète Nostalgique, perdu à jamais dans l’écoulement du temps,
Reste, pour l’éternité, l’acheteur de ses rêves, seul et pleurant.
Ainsi se conclut ce récit, en un adieu empreint de désespoir,
Où la vie, le souvenir et la fatalité s’unissent dans un funeste miroir.
Au cœur de ces collines, sur les rives d’un fleuve qui jamais ne s’arrête,
La triste mélodie d’un destin se fane, en un écho désespéré.
Et dans le vent, porteur des regrets et des âmes égarées,
L’histoire d’un poète se perd, suspendue dans l’inéluctable course du temps,
Telle une larme, un dernier soupir, dans l’obscurité infinie
D’un univers où tout s’éteint, où l’espoir se meurt, et où demeurent
Un adieu silencieux à la splendeur d’un rêve envolé.