qui dévale
le sentier rocailleux
et glisse telle
une pierre capricieuse
sur la pente abrupte
vers la fontaine ?
Chercheuse d’eau.
Elle descend,
prudente mais gauche,
s’accroche
à chaque fois
d’une main
aux feuilles d’aloès
lisses et pointues,
de l’autre
tient la cruche en terre
– en terre du pays –
Ne sont guère sûrs
ces pieds
nus
d’Imernienne.
A quoi peut-elle rêver
sous son lamba épais
qui moule néanmoins
des seins
que l’on devine durs,
lisses et pointus ?
– A quoi pouvez-vous rêver
Teint – d’ambre
Yeux – en – amande ? –
A quoi peut-elle penser
celle – qui – n’a – jamais – connu
ni joie ni tristesse
ni l’amour ni la haine…
Attirantes pourtant
ces lèvres
menteuses :
tant elles sont
lisses et pointues.
Un souffle,
le souffle d’une brise
a tôt fait de brouiller
la chevelure noire.
A quoi peut-elle rêver
ce corps sans âme
qui brouille
l’âme du poète ?
Douce
déception.
Au tournant du sentier
l’attend
l’amant
sous le grand figuier :
– Dites, ô figuier qui regardez là-bas vers les rizières
et qui portez des fruits mûrs,
fruits du ciel ou de la terre ?
Est – ce sous votre ombre matinale
ou l’ombre du souvenir
que s’abrite- le – repiqueur – de – riz – vaincu – par – l’amour
qui s’est marié un jour d’été ?
Car ne suis,
ô figuier,
celle – qui –est vaincue – par – l’amour,
je suis l’amoureuse qui aime.
Je voudrais me mettre sous vos branches
et envoyer un message à la lune,
cette lune là – bas que j’aperçois
par les interstices des feuilles.
Rendra ma voix plus harmonieuse
l’arrière goût amer de vos fruits
que j’essaie de cueillir :
ils sont trop hauts.
Celui – qui – m’aime
n’est pas à portée du bras.
Je saisis l’invisible
et ne lâche point prise.
Apportez – lui mes soupirs,
seul mon amant saura s’en emparer.
– Vous avez chargé le grand figuier
de me remettre un message,
car l’amontana a refusé de le prendre,
le voara de la plaine
n’a daigné vous répondre.
Je suis parti
car j’avais attendu trop longtemps dans le soir ;
j’ai marché
car j’étais las d’entendre les vaines promesses.
Dites – moi, colline,
où l’herbe verte s’est enflammée,
cette nuit de lune n’est-elle celle
du chant du coq ?
Elle ressemble plutôt à l’Ikopa
à la pointe du jour :
quelques reflets clignotent dans l’ombre.
J’ai creusé un fossé
dans l’espoir d’y trouver une fontaine
pour me désaltérer
et vous dites
que c’était pour cueillir l’eau des pluies.
La traverseriez – vous à la nage
ou en pirogue au printemps ?
Vous y noyeriez – vous en été ?
Revenez en hiver, vous trouvez un puits.
L’espace sera mon domaine,
la lune mon belvédère,
le ciel mon jardin,
les étoiles mes fleurs.
Je vous ferai signe
à l’orée de la nuit :
j’agiterai le pan de mon lamba.
Empruntez alors
le chemin que nous faisions ensemble,
repassez à gué
la rivière que nous rencontrions,
et lorsque vous aurez
pour moi
poussé un soupir
les figues tomberont…
Amour fugace,
colin – maillard au clair de lune,
jeu d’antan,
n’est plus de mise.