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Illusion sous une montagne enneigée

Plongez dans ‘Illusion sous une montagne enneigée’, un poème poignant qui explore la quête d’un enfant orphelin à la recherche d’une vérité promise. À travers des paysages glacés et des rencontres mystérieuses, ce récit nous entraîne dans une réflexion profonde sur l’espoir, la persévérance et les illusions qui façonnent nos vies.
« `

Le Mirage des Cimes

Au fond d’un val perdu que le givre couronne,
Où l’hiver, souverain, déploie son linceul,
Un enfant aux yeux pâles, en qui tout frissonne,
Marchait, pieds nus et lents, sur un chemin de glace.

Orphelin du destin, nourri de songes vains,
Il cherchait dans les cieux une étoile obstinée,
Celle qu’un vieil errant, un soir de pleurs lointains,
Lui jura mère et guide au seuil de la chaumière.

« Là-haut, où les sommets mordent le firmament,
Une vérité dort sous les neiges anciennes.
Va, suis le fil des rocs où gemme le tourment,
Et tu sauras ton sang, ta peine, et ton lignage. »

Le vent, ce traducteur des légendes fanées,
Souffla dans son oreille un nom : l’Aube Éternelle.
L’enfant, cœur suspendu aux lèvres du vent froid,
Crut entendre l’appel d’une voix maternelle.

Il gravit les contreforts, brûlant de chaque veine,
Tandis que le soleil, spectre indifférent,
Noyait les précipices en lueurs incertaines,
Peignant sur les remparts l’ombre des nuages blancs.

Trois jours, trois nuits sans pain, sans feu, sans espérance,
Il lutta contre l’ombre et ses doigts de cristal,
Tissant sa propre histoire en une marche absurde,
Bercé par le mensonge éclos dans les rafales.

Au quatrième soir, quand la bise en furie
Déchira les lambeaux de son manteau trop mince,
Il vit, entre deux rocs, une forme embellie :
Un homme au front sévère, assis sur une échine.

« Je suis le Gardien des Routes Évanouies,
Celui qui tient les clés des songes inachevés.
Tes pas ont ébranlé le sommeil des nuits vieilles :
Que cherches-tu, petit spectre aux sanglots glacés ? »

L’enfant, joignant ses mains tremblantes de faiblesse,
Récita le serment du vieillard d’autrefois :
« La vérité promise est là-haut qui m’attend,
Et je dois l’arracher aux griffes de la montagne. »

Le Gardien sourit, tel un loup devant l’agneau :
« Je te porterai, frêle âme en quête d’aurore.
Mais si tu faiblis, si ton cœur rompt le flambeau,
Tu deviendras un mot que le vent dévore. »

Ils lièrent leur pacte au creux d’une caverne,
Où la neige pleurait en stalactites lentes.
L’enfant offrit sa main ; l’étranger, taciturne,
Y grava sept runes d’un noir de cendre absente.

L’ascension reprit, plus âpre et plus funèbre.
Le Gardien, parfois, se retournait, hagard,
Et murmurait des mots pareils à des funérailles,
Tandis que l’orphelin priait en regardant.

« Vois-tu ces pics lointains, ces gouffres, ces abîmes ?
Chaque pas est un deuil, chaque souffle un adieu.
Mais continue, enfant, vers les hauteurs sublimes :
La vérité n’est rien sans le chemin vers elle. »

Pourtant, quand vint le jour où le ciel se fendit,
Où les neiges chantèrent un hymne de délivre,
Le Gardien s’arrêta, son visage obscurci,
Et dit : « Ici s’arrête mon vœu de te conduire. »

« Pourquoi rompre l’espoir dont tu fis ma couronne ?
La cime est là, si proche ! Entends-tu son appel ? »
Mais l’homme, déjà ombre, aux brumes s’abandonne :
« Nul n’atteint l’Aube Éternelle. C’était un leurre. »

Seul, l’enfant écouta mourir les pas fantômes,
Tandis que la montagne, en un rire sans voix,
Lui montrait les débris de tous les vieux royaumes
Où d’autres avant lui avaient cru voir leur étoile.

Il marcha, pourtant. Marcha jusqu’à la faille,
Ceint de vertige et d’un silence de tombeau.
Là, dans un cirque blanc où la lumière aille,
Il crut voir une forme… Un visage… Un berceau…

« Mère ! » cria-t-il, tendant ses bras de squelette,
Vers un mirage ardent, dansant dans les frimas.
La vision tendait les bras, douce et muette,
Et l’appelait d’un nom perdu depuis les temps.

Il courut, déchirant la croûte des névés,
Boitant, tombant, pleurant des larmes de brûlure.
Le spectre reculait, toujours plus éthéré,
Jusqu’à n’être qu’un souffle au bord de l’azur pâle.

Alors, comprenant trop tard le jeu des nuées,
Il s’effondra, son sang sculptant des fleurs de gel.
« La vérité… n’était… qu’une ombre constellée… »
Murmura-t-il, mêlant son souffle au vent cruel.

Et la montagne, alors, en un geste infinie,
L’enveloppa de blancs, linceul silencieux,
Faisant de lui, peut-être, une éternelle énigme,
Un mot gelé parmi les chants plaintifs des cieux.

Au village d’en bas, on dit que par les brumes,
Quand la lune se teinte aux pleurs du crépuscule,
On entend une voix qui interroge et fume,
Cherchant encore l’Aube… et celui qui la trompa.

Ainsi meurent les rêves aux mains des illusions,
Ainsi se tordent les serments dans l’air glacé.
Et la montagne veille, éternelle solution,
Gardienne sans pitié des vérités cassées.

« `

Ce poème nous rappelle que la quête de la vérité est souvent semée d’illusions et de désillusions. Il nous invite à réfléchir sur nos propres rêves et sur les montagnes que nous gravissons, parfois pour découvrir que la vérité n’est pas toujours ce que nous espérions. Mais peut-être que le véritable trésor réside dans le voyage lui-même, dans les épreuves surmontées et dans les leçons apprises en chemin.
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Auteur: Jean J. pour unpoeme.fr

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