Qui remue à peine
Et tient son haleine
Au son de ta voix,
Séduite à tes charmes,
Craignant tes alarmes,
Pleurant de tes larmes,
Emue à la fois.
Tu n’as pas tant d’âmes
D’hommes ni de femmes,
Ni tant d’yeux en flammes
Entre les piliers,
Tes lèvres frivoles
Ont moins de paroles
Ardentes et folles ,
Sortant par milliers;
Tu n’as pas aux portes
Autant de cohortes
Avec des mains fortes
Et en noirs chapeaux;
Tu n’as pas aux grilles
Tant de jeunes filles
Froissant leurs mantilles
Auprès des manteaux,
Tant de galeries
Peintes et fleuries,
Tant d’allégories
De
Mars et d’Amours,
Tant d’or qui flamboie
Ou qui se déploie
Sur la loge en soie
Aux bras de velours;
Foule spectatrice,
Foule adoratrice
De la belle actrice
Aux yeux grands et bleus,
Ton parterre sombre
Comme un lac dans l’ombre,
N’a pas si grand nombre
De fronts onduleux
Que ses lèvres pures
N’ont eu de morsures
Changeant en blessures
Mes baisers ardents,
Lorsqu’elle soupire
Et lorsque j’expire,
Baisant son sourire
Sur ses belles dents.