L’Éveil d’un Jour Promis
Le village dort encore, paisible et sans voix,
Comme un cœur en repos dans l’écrin du silence,
Prêt à voir renaître un hymne d’espérance.
Les chaumes doucement exhalent leur haleine
Au souffle discret que l’aurore entraîne,
Et dans l’air naissant, la brume légère
S’attarde en rêves sur la terre fière.
Là, parmi les foyers aux cendres endormies,
Un vieil homme se lève, la pensée aguerrie,
Le villageois ardent, au regard lumineux,
Portant dans son sein un espoir précieux.
« Ô souffle du matin, dérobe ta lumière
Aux ténèbres d’hier, aux ombres de pierre,
Fais germer sans bruit la confiance au-dehors,
Que l’homme, en ses pas, retrouve encor l’effort. »
Il marche sans hâte, le sol encor humide,
Le vent frôle sa peau comme une eau limpide,
Et les toitures basses, écloses de rosée,
Abritent en leur sein la force inespérée.
Les enfants encore voilés dans leur paisible nuit,
S’apprêtent à recevoir la jouvence qui fuit,
Car chaque aube nouvelle est promesse offerte,
Un tableau vierge, où l’âme découvre et s’ouvre.
Un père dans ses champs, les mains pleines de terre,
Respire à pleins poumons l’air frais et la lumière,
Et voit en ses semailles, fruit d’un labeur patient,
Le reflet d’un futur en ce jour naissant.
Le village se déploie, lentement se délie,
Les pas éveillés bruissent, comme l’eau de la vie
Qui serpente, invisible, et coule sous la pierre,
Allant nourrir les cœurs d’une douce lumière.
« Ami, vois-tu l’éclat que l’aube nous annonce ?
Ne vois-tu point l’étoile au sourire qui s’élance ?
Au fond de la nuit noire où le doute s’efface,
Jaillit l’espoir puissant d’une humaine audace. »
Les voix s’élèvent alors, harmonies naturelles,
Comme le chant du vent dans la ramée frêle,
Et le vieux villageois, levant vers l’infini
Son regard, contemple la force des vies réunies.
Il songe aux jours sombres, aux hivers sans promesse,
Aux cœurs délaissés, à la féconde faiblesse,
Mais ce matin se teint d’une autre nuance,
D’un éclat qui redonne au monde la confiance.
Au fil des sentiers, dans les jardins secrets,
Les fleurs s’ouvrent au jour, délaissant leurs regrets,
Et chaque feuille morte, tombée en un second,
Se fait humus fertile où renaît le monde.
Un enfant courut vers l’aube éclatante,
Portant en ses gestes l’innocence frémissante,
Il chante et il sourit, pur élan de la vie,
Innocence du temps que l’éternel assombrit.
Le village entier s’éveille, s’anime en doux frissons,
Un ballet de lumière, une douce oraison,
Car l’homme est ce jardin, fragile et tenace,
Où l’espoir, semé fin, porte tout son audace.
Ainsi va le village, ainsi le jour s’élève,
Sur les fronts rugueux, sur les mains qui sans trêve
Tissent l’original dessein d’une vie plus fière,
Sous le ciel d’azur, d’une paix nouvelle, claire.
Et le vieux au regard chargé d’une foi muette,
S’assied sur la pierre, la peau encore inquiète,
Mais un murmure doux s’élève en son âme :
« Demain fleurira l’éclat de notre flamme. »
Voici l’aube en fête, voici l’esprit conquérant,
Celui qui dans l’ombre forge un lendemain grand,
Le village respire, conquiert sa liberté,
Et le rêve enfin règle sa destinée.
Sous le voile léger d’un matin complice,
L’homme trouve en lui-même un souffle propice,
L’aube est le poème que le temps imprime,
Le chant d’un cœur brave aux innombrables cimes.
Regarde, ô cœur sage, comme s’éveille la vie,
Dans ce village doux où l’espoir s’est bâti,
Il n’est pas de nuit qui ne cède au matin,
Ni de fatal destin qui brise l’humain.
Quand la lumière danse aux portes ébranlées,
Quand les ombres s’éloignent de leurs voiles brisées,
Le village sourit à l’étreinte des jours,
Promesse d’avenir, source des plus beaux amours.
Ainsi, en cette aube où tout renaît, peu à peu,
Se tisse une histoire que personne ne tue :
Le chant d’un village, la foi d’un homme choisi,
Le triomphe subtil d’un courage enfoui.
Qu’il souffle le vent sur les champs en fleur,
Qu’il chante le ruisseau et qu’il célèbre le cœur,
Le jour vient, le jour est là, radieux, clair et beau,
Unissant pour toujours l’Homme et son berceau.
Dans la mousse tendre où la rosée palpite,
Sous l’œil vigilant de la vie qui s’invite,
Le village s’élance, porté par son espoir,
Vers l’horizon clair d’un glorieux soir.
Et le vieil homme chante, à voix basse, sans fin,
Un hymne aux lendemains portés par le destin,
Car nul ne peut briser ce lien, cette flamme,
Qui fait se lever l’aube, et grandir l’âme.
Ô toi qui contemples le calme du matin,
Sache que le silence est un doux écrin
Où naissent chaque jour les plus belles promesses,
Et que l’homme se trouve en cette douce liesse.
L’aube s’étend sur l’herbe aux reflets argentés,
Réveille les songes trop longtemps enfermés,
Et dans ce souffle tendre, dans ce matin d’or,
Le village s’éveille et s’ouvre en un essor.
Voici le chant vibrant d’un cœur plein d’audace,
La promesse d’un monde où l’espoir se déplace,
Sur les voix des vivants, sur les âmes d’enfants,
Pour écrire à jamais la paix des instants.
Le jour s’installe ainsi, limpide et rassurant,
Comme un regard clair sur le monde naissant,
Et le vieux villageois dans son humble regard,
Voit se lever enfin un bonheur sans retard.
Doucement il s’assoit, un sourire aux lèvres,
Les yeux baignés d’or dans cette heure qui s’achève,
Car il sait, dans son cœur, que chaque aube est sienne,
Et lui donne la force de vivre et d’être humain.