Avant le soir j’ai fini ma journée.
A peine ouverte au jour, ma rose s’est fanée.
La vie eut bien pour moi de volages douceurs ;
Je les goûtais à peine, et voilà que je meurs.
Mais, oh! que mollement reposera ma cendre,
Si parfois un penchant impérieux et tendre
Vous guidant vers la tombe où je suis endormi
Vos yeux en approchant pensent voir leur ami !
Si vos chants de mes feux vont redisant l’histoire;
Si vos discours flatteurs, tout pleins de ma mémoire,
Inspirent à vos fils, qui ne m’ont point connu,
L’ennui de naître à peine et de m’avoir perdu.
Qu’à votre belle vie ainsi ma mort obtienne
Tout l’âge, tous les biens dérobés à la mienne;
Que jamais les douleurs, par de cruels combats.
N’allument dans vos flancs un pénible trépas;
Que la joie en vos cœurs ignore les alarmes ;
Que les peines d’autrui causent seules vos larmes;
Que vos heureux destins, les délices du ciel,
Coulent toujours trempés d’ambroisie et de miel,
Et non sans quelque amour paisible et mutuelle.
Et quand la mort viendra, qu’une amante fidèle,
Près de vous désolée, en accusant les
Dieux
Pleure, et veuille vous suivre, et vous ferme les yeux