Le Clair-Obscur d’une Rencontre
Sous l’ombre vacillante d’un vieux bec de gaz,
L’âme errante et lasse, en quête de mystère,
Murmurait dans la nuit dont l’espoir s’effaçait.
Cette âme, sans nom, portait l’amer fardeau
D’un cœur aux mille songes, vierge de promesses,
Cherchant dans l’obscur le reflet d’un écho,
Qu’enfin s’illumine une voix pleine d’ivresse.
Le vent glissait à pas de loup sur le pavé humide,
Et les pierres usées gardaient les secrets clos
De vies et de passions, d’un temps désormais vide,
Mais où l’âme croyait trouver un refuge beau.
Elle marchait, songeuse, le regard égaré,
Absorbée par ses doutes, par ses longs soliloques,
Quand soudain s’est levée, à l’orée du passé,
Une silhouette claire, aux gestes en tocs.
– « Qui cherchez-vous, voyageur dans ces sentiers vieux ?
Demanda une voix, douce et pleine d’allégresse. »
– « Un écho, dit l’âme, un reflet merveilleux,
Quelqu’un qui, dans la nuit, fasse danser l’ivresse. »
Les yeux de l’inconnu, tels deux flammes pures,
S’ouvrirent avec l’aube au monde fatigué,
Et la lampe chancelante offrait, dans sa lueur,
Un théâtre muet où brilla l’amitié.
Ils s’assirent là, sous la voûte fumée,
Parler fut un souffle que portait le silence,
Chaque mot un trésor, un fruit de vérité
Cueilli sur l’arbre fragile de l’espérance.
Le temps se fit rivière aux eaux douces et calmes,
Et l’âme sentit naître un chant dans ses entrailles,
Une chaude lumière coulant dans ses palmes,
Et balayant le froid que portaient les murailles.
– « Depuis tant d’années, » dit l’ombre au cœur sincère,
« Je cherche ce reflet que tu m’annonces ici. »
L’autre sourit, fière, ô noble lumière,
« Qu’il soit notre lien, notre fragile abri. »
Ils partageaient l’instant, un pacte sans paroles,
Un serment muet gravé dans l’étoffe noire,
De porter ensemble la joie qui s’envole,
De prêter à leurs pas l’éclat d’un bon espoir.
La lampe vacilla puis brilla doucement,
Comme une fleur rare déployant sa couleur,
Signe que l’écho est né doucement au vent,
Un souffle qui dissipe les antiques peurs.
Les ombres se délièrent et le monde chanta,
Au coin de cette rue où s’aimait la lumière,
Car l’âme en sa quête, au moment où tout bascula,
Trouva dans un reflet la douceur première.
Ainsi naquit l’aurore après l’éternelle nuit,
Un hymne aux promesses, une clarté choisie,
Deux cœurs noués soudain sur l’étoile d’un fruit,
Le fruit d’une rencontre qui brisa la nuit.
Et dans ce coin humble, où tout semblait fini,
L’espérance fleurit, tendre et libre enfin,
Un éclat d’humanité, clair et infini,
Où chaque âme s’entend, se comprend et se devine.
Que ce poème soit alors humble témoignage,
Que même dans l’ombre, quand tout semble désert,
L’écho le plus pur surgit du profond naufrage,
En un lien sincère, éclat d’un univers.
Alors ne désespère point, toi, chercheur d’échos,
Car sous chaque réverbère au souffle vacillant,
Peut naître, comme ici, le doux crescendo
D’une rencontre vraie et d’un regard aimant.