Aux Confins des Ombres, l’Éclat des Âmes
Où les pierres murmurent des secrets voilés,
Un homme seul, flambeau à la main tremblante,
S’avance, explorateur d’une fosse éclatante.
Nul vent ne danse en ces cavernes profondes,
Le silence y règne, lourd de mondes.
Son pas résonne en échos moribonds,
Chaque souffle un lien entre ciel et fond.
Sous la voûte noire, des lueurs incertaines,
Comme des étoiles aux clartés lointaines,
S’infiltrent, éclatent en taches vacillantes,
Mots muets d’une énigme palpitante.
O explorateur, au regard pénétrant,
Chercheur d’horizons au linceul tremblant,
Ton âme s’immerge en sources obscures,
Cherchant les charmes d’antérieures murmures.
Non point la gloire, ni l’or fugitif,
Mais la clé portant le mystère décisif—
La quête pour sonder ce cœur insondable,
Aux portes des songes, aux abîmes palpables.
Au-delà des pierres, sous la roche avare,
L’absence du temps en suspension rare,
Luit soudain une forme entremêlée,
Telle une sphère d’azur, à peine éveillée.
Le regard fasciné, le souffle suspendu,
L’être s’avance, intuitif, presque nu,
Il touche l’éclat, l’âme de la pierre,
Qui lui retourne l’image singulière.
Dans cette sphère, miroir vivace,
Aux reflets innombrables, nulle trace
D’ombre ou de malice ; seulement la vérité
Déployée en éclats d’éternité.
L’image reflète un homme en voyage,
Non d’espaces, mais d’un lointain paysage :
Celui des pensées, des rêves insoupçonnés,
Des profondeurs vastes de l’être apprivoisé.
Les images dansent, s’entrelacent en rimes,
La cave devient théâtre des âmes intimes.
Vibrations invisibles, routes de l’esprit,
Portes que la peur même aujourd’hui défie.
« Qui suis-je, murmure l’éclaireur plongé,
Dans ce royaume sombre, que viens-je chercher ?
Si l’effroi m’étreint, si l’ombre m’assemble,
C’est pour que l’inconnu devant moi tremble. »
Son cœur palpite, confus de cette quête,
Où chaque pas dévoile son propre reflet,
Chaque pierre un symbole, chaque fissure un chant,
Chaque ombre un mystère, chaque éclat, un instant.
Sous ses doigts, la roche semble respirer,
Sa main est un phare, sa volonté dense,
Explorateur sans carte, sans certitude,
Il suit le langage d’une ancienne latitude.
Un murmure sourd, fragile, presque un soupir,
Lui conte l’histoire des âmes à venir,
Où le savoir se gagne au prix de l’oubli,
Où l’éveil succède au sommeil endormi.
La grotte s’ouvre en enchevêtrements subtils,
Portant mille sentiers, aux dédales futiles,
Là où s’emmêlent la peur et le courage,
La lumière vacille au seuil du mirage.
Voyageur intérieur, compagnon des ténèbres,
Tu cherches le visage sous mille funèbres,
Mais la vérité fuit, insaisissable et vaste,
Se livre aux pas lents de ton âme qui s’enchasse.
« Peut-être suis-je ce mystère mouvant,
Cette énigme posée en reflet changeant,
Cette grotte obscure où mon temps s’égare,
Ce silence même qui me sépare. »
Dans le gouffre, d’immenses fresques anciennes,
Symboles antiques, voix éphémères et pleines,
Racontent un récit d’errance et de quête,
Le long des méandres où le sens s’apprête.
L’homme s’immobilise, frisson troublant,
Au bord du miroir de son propre néant ;
Sa silhouette se mêle à l’ombre mouvante,
Parmi les lueurs douces et distantes.
Un dialogue naît, d’un lointain à l’autre,
Entre lui et le silence, étrange apôtre :
« Dis-moi ce que tu portes en ton sein sombre,
Pour que je puise enfin, à travers l’ombre. »
Aucune voix ne répond, seulement l’écho,
Cette répétition sans cesse en flot,
Lui renvoie ses craintes, ses doutes enfouis,
Comme un chant funèbre où tout s’abolit.
Mais sous le faix de l’obscur, une lueur,
Point fragile de paix, certitude sœur,
D’un éveil possible en ce refuge sourd,
Un éclat naissant au sein du grand tour.
L’explorateur se dresse et contemple alors,
L’horizon infini de ses propres efforts,
La grotte est son corps, la lumière sa voie,
Le chemin intime qui le mène à soi.
Que doit-il faire, sinon toujours avancer,
Dans ce temple figé, ce monde enlacé ?
Chaque révélation, un pas dans l’ombre dense,
Chaque question pose une neuve absence.
Mais voici que l’aube mêle sa clarté,
Aux lueurs de la grotte autrefois voilée,
Les ténèbres se fondent en grâce fragile,
La quête s’élance en vol gracile.
Où conduira ce sentier aux mille plis,
Cette énigme au cœur des bruits et non-dits ?
Le poème s’achève en souffle suspendu,
La vérité attend, toujours inconnue…