la montagne déracinés par les démons ! âmes des morts semblables aux fleurs de la vallée cueillies par les anges !
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Soleil, firmament, terre et homme, tout avait commencé, tout avait fini. Une voix secoua le néant. « Soleil ! appela cette voix, du seuil de la radieuse Jérusalem. – Soleil
! » répétèrent les échos de l’inconsolable Josaphat. – Et le soleil ouvrit ses cils d’or sur le chaos des mondes.
Mais le firmament pendait comme un lambeau d’étendard. – « Firmament ! appela cette voix, du seuil de la radieuse Jérusalem. – Firmament ! » répétèrent les
échos de l’inconsolable Josaphat. – Et le firmament déroula aux vents ses plis de pourpre et d’azur.
Mais la terre voguait à la dérive comme un navire foudroyé qui ne porte dans ses flancs que des cendres et des ossements. – « Terre ! » appela cette voix, du seuil de
la radieuse Jérusalem. – « Terre ! » répétèrent les échos de l’inconsolable Josaphat. – Et la terre ayant jeté l’ancre, la nature s’assit, couronnée
de fleurs, sous le porche des montagnes, aux cent mille colonnes.
Mais l’homme manquait à la création, et tristes étaient la terre et la nature, l’une de l’absence de son roi, l’autre de l’absence de son époux. – « Homme ! »
appela cette voix, du seuil de la radieuse Jérusalem. – « Homme ! » répétèrent les échos de l’inconsolable Josaphat. – Et l’hymne de délivrance et de
grâces ne brisa point le sceau dont la mort avait plombé les lèvres de l’homme endormi pour l’éternité dans le lit du sépulcre.
– « Ainsi soit-il ! », dit cette voix, et le seuil de la radieuse Jérusalem se voila de deux sombres ailes. – « Ainsi soit-il ! » répétèrent les
échos, et l’inconsolable Josaphat se remit à pleurer. – Et la trompette de l’archange sonna d’abîme en abîme, tandis que tout croulait avec un fracas et une ruine immenses :
le firmament, la terre et le soleil, faute de l’homme, cette pierre angulaire de la création.