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Au-delà des Fenêtres, Hier, Cette Bataille d’Anges!
Au-delà des Fenêtres, Hier, Cette Bataille d’Anges! est un poème remarquable de Gustave Roud qui capture l’essence de la nature dans toute sa splendeur et sa mélancolie. Écrit au début du 20ᵉ siècle, ce texte évoque les éléments du cycle de la vie, l’éphémère et la lutte contre le passage du temps. Roud, figure importante de la poésie moderne, nous invite à contempler les merveilles et les douleurs que la nature nous présente.
Leurs blancheurs par myriades épaissies noircissaient le ciel de fausses ténèbres : une ruée silencieuse, un désarroi de feuilles mortes, ces corps jusqu’à la vraie nuit précipités sans fin sur le jardin terrassé. Et les voici qui dorment au matin, lutteurs légers roulés dans leur grande aile de sel étincelante, les membres déjà troués de tiges et de fleurs vives, neige de l’absolu, charnier de givre, neige des signes trop tôt descendue, fondue en pluie grasse et bue âprement par les racines aux abois … Étoilez-vous sans peur, asters de l’extrême automne, le temps de l’adieu n’est pas encore venu ! C’est vous qu’on appelle dans mon pays des vendangeuses et vous fleurissez parfois hors de l’obscur quand les chars du jeune vin qui traversent lentement la nuit vous frôlent en balançant à leurs futailles le feu rose d’une lampe. Vous-mêmes vendangés, proie des abeilles, hautes hampes bleu de brume que je brisais par brassées pour une chambre sans miroir ! Et là vous attendait, patiente et résignée à sa prison jusqu’au oui suprême des recluses, la seule abeille d’un regard. Oh de quel miel amer nourrie ! Yeux vivants séparés de l’immense ruche du monde, vos vains appels au-delà des vitres vers les roses refleuries et l’automne en feu des vergers ! Lieu de torture, ô geôle ! Le temps et l’éternel aux prises s’y acharnaient sur une chair déchirée et qui sentait s’épaissir en elle chaque soir le sourd triomphe du marbre sur le sang. Le temps lui-même acceptait sa défaite, détachait doucement ta chambre du fleuve de la saison comme une barque vers sa rive immobile. Aux murs déjà rongés d’ailleurs, les signaux de la terre et du ciel égaraient une dernière caresse. La lumière, la nuit naissaient toujours plus loin de tes sommeils. Mais les volets béant soudain sur l’abîme d’ombre et de lueurs, si j’implorais des étoiles une jubilation moins aiguë, Orion à la cime du noyer nu toujours plus présent, plus proche, me versait pour toute réponse un pâle miel empoisonné. Extrait de: 2002, Air de solitude et autres écrits, Gallimard
Ce poème de Gustave Roud nous pousse à réfléchir sur notre relation complexe avec la nature et le temps qui passe. N’hésitez pas à explorer davantage son œuvre pour découvrir d’autres trésors poétiques qui révèlent la beauté cachée du monde.