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Le Radeau dUlysse
Le Radeau d’Ulysse, extrait de l’Odysée de Homère, est un poème qui illustre le parcours héroïque d’Ulysse, un héros piégé par les caprices des dieux. Ce poème, écrit dans l’antiquité, reste significatif pour son exploration des thèmes universels tels que l’amour, la souffrance et la lutte pour la liberté. À travers les larmes et les épreuves de son protagoniste, Homère nous transporte dans un voyage à la fois personnel et épique.
L’Aurore, s’échappant des bras du beau Tithon, Surgit pour éclairer et le ciel et la terre. Les dieux de s’assembler, sous le regard sévère De Jupin darde-foudre et maître en tout canton. Minerve leur redit les fatigues d’Ulysse Qui, captif de la Nymphe, était son grand souci : « Père Zeus, et vous tous, béats siégeant ici, Que désormais nul roi, sceptrigère d’office, Ne soit bon, clément, doux, ami de l’équité, Mais qu’il se montre dur et constamment injuste, Puisque là-bas chacun oublie un prince auguste, Parmi ce peuple grec qu’en père il a traité. En proie à la douleur, il gémit dans une île, Aux mains de Calypso qui le tient prisonnier. Il ne peut rallier son patrien asile, N’ayant aucuns vaisseaux, pas même un nautonnier, Pour l’aider à franchir l’immensité marine. Ores les Prétendants vont tuer de concert Son cher fils au retour ; car d’Ulysse il s’enquiert Dans la sainte Pylos, à Sparte la divine. » En ces mots riposta le Recteur sourcilleux : « Ma fille, de tes dents quelle parole glisse ! N’as-tu pas décidé de toi-même qu’Ulysse Rentrerait dans sa ville et se vengerait d’eux ? Dûment, comme tu sais, dirige Télémaque, Afin qu’en ses foyers il retrouve un abri, Et que ses noirs chasseurs, déçus, voltent casaque. » Il dit, et stimulant Hermès, son fils chéri : « Hermès, en tout besoin notre courrier rapide, Instruis de mon arrêt la Nymphe aux longs cheveux, Concernant le retour d’Ulysse l’intrépide. Qu’il parte, sans l’appui des hommes ni des dieux ; Mais seul, sur un radeau, souffrant mille misères, Qu’au sol gras de Schérie il aborde en vingt jours Chez les Phéaciens qui sont presque nos frères. Tous viendront, comme un dieu, l’honorer au parcours, Et le rendront par mer à sa chère peuplade, Comblé de plus d’effets, d’or, d’airain, d’objets d’art, Qu’il n’en eût rapporté du sac de la Troade, En rentrant sain et sauf avec sa quote-part. À ces conditions, sur ses rives natales, Sous son toit, près des siens, il pourra revenir. » Le courrier Argicide aussitôt d’obéir. Il attache à ses pieds de superbes sandales, Célestes, toutes d’or, faites pour l’entraîner Sur la vague et le sol, comme un vent énergique. Puis, il prend sa baguette, arme deux fois magique, Inspirant le sommeil, sachant le détourner. Cette baguette en main, l’Argicide s’envole. Des hauteurs de Piérie il plonge dans la mer, Frisant l’onde, à l’instar de l’aquatile grolle Qui happe les poissons au ras du gouffre amer, Et mouille en ce pourchas son aile palpitante. Sur la crête des flots Hermès ainsi volait. Mais quand il approcha de l’île si distante, Quittant pour le sol plat l’océan violet, Il atteignit la grotte où régnait à son aise La Nymphe aux longs cheveux : elle était au dedans. Dans le vaste foyer brûlaient des feux ardents ; Le cèdre, les thuyas, alimentant la braise, Au loin parfumaient l’air ; la dive, en gazouillant, D’une navette d’or se tissait des tuniques. Son séjour s’abritait d’un rideau scintillant D’aunes, de peupliers, de cyprès balsamiques. Là nichaient des oiseaux à vol impétueux, Chouettes, éperviers, corneilles poissonnières, Peuple criard épris des choses marinières. Autour de la caverne, en rameaux tortueux, Serpentait une vigne aux grappes transparentes. Quatre sources de front donnaient leurs clairs débits Par des canaux suivant des routes différentes. L’ache et la violette émaillaient cent tapis De verdure : un dieu même, arrivant de la nue, Aurait eu l’œil charmé, le cœur épanoui. L’Argiphonte légat se détint, ébloui. Quand il eut satisfait son esprit et sa vue, Il entra dans la grotte immense : Calypso, La noble déité, sur-le-champ le devine ; Car les membres épars de la troupe divine Se connaissent entre eux, quel que soit leur berceau. Hermès ne trouva point le magnanime Ulysse ; Il pleurait sur la grève, où depuis si longtemps, Des sanglots à la bouche et son âme au supplice, Ses regards contemplaient les flots déconcertants. L’immortelle Calypse interroge son hôte, Après l’avoir assis sur un trône soyeux : « Hermès caducifer, digne d’estime haute, Qui t’amène chez moi ? tu vins peu dans ces lieux. Narre ton but, mon cœur à t’appuyer m’engage, Si c’est en mon pouvoir, si c’est possible enfin. Mais suis-moi, je m’en vais t’offrir les mets d’usage. » Et la dive, approchant une table en bois fin, Sert le rouge nectar, dispose l’ambroisie. L’Argicide coureur mangea, but à son gré. Lorsqu’il sentit son être amplement restauré, Il répondit ces mots à la Nymphe saisie : « La visite d’un dieu t’intrigue, ô déité ? C’est bien, et franchement les causes t’en sont dues. Zeus contre mon désir ici m’a député, Car qui saurait joyeux franchir tant d’étendues D’eau salée ? il n’est point de ville tout auprès Qui sacrifie aux dieux, d’hécatombes les flatte. Mais nul des Immortels du tonnant autocrate Ne peut enfreindre ou bien éluder les arrêts. Zeus dit qu’en ta maison vit le plus pitoyable Des guerriers qui, neuf ans, portèrent le trépas Dans Ilion, et puis, à sa chute effroyable, Revinrent ; mais, en route, ils froissèrent Pallas Qui déchaîna contre eux une trombe subite. Ses braves compagnons périrent tous alors ; Pour lui, l’onde et le vent l’ont poussé sur ces bords, Et Jupin veut de toi qu’il reparte au plus vite. Car son destin n’est point de mourir loin des siens, Mais de revoir bientôt les rives de la Grèce, Sa demeure élevée et ses concitoyens. » Il dit, et Calypso, la sublime déesse, Frémit et riposta par ce discours ailé : « Dieux, vous êtes cruels, jaloux plus que personne, Vous qui ne voulez point qu’une dive se donne À l’humain qu’elle élut pour son mari zélé. Ainsi, quand d’Orion s’éprit la blanche Aurore, Contre lui vos Grandeurs rugirent tellement Que la chaste Artémis, dont le ciel se décore, L’attaqua dans Ortyge et le flécha gaîment. De même, quand Cérès, à la couronne blonde, Suivant son propre instinct, s’unit à Jasion Dans un terrain tiercé, Zeus, sachant l’action, Darda sur l’amoureux sa foudre furibonde. Ores vous m’enviez, vous dieux, cet homme-époux. Je le sauvai pourtant, lorsque à sa quille, au large, Seul il pendait : Jupin, d’une horrible décharge, Venait d’ouvrir sa nef au sein des noirs remous. Ses braves compagnons alors de disparaître ; Pour lui, l’onde et le vent chez moi l’ont apporté. Je l’admis, l’hébergeai, puis j’osai lui promettre La jeunesse éternelle et l’immortalité. Mais puisque aucun des dieux du foudroyant monarque Ne peut enfreindre ou bien éluder les mandats, Qu’il parte, ainsi que Zeus l’ordonne, et qu’il s’embarque Sur l’onde atroce : moi, je ne le chasse pas. Car je n’ai ni vaisseaux ni marins volontaires Pour l’aider à franchir la mer aux vastes flancs ; Ains je lui donnerai des conseils bons et francs, Afin que sain et sauf il regagne ses terres. » L’Argicide envoyé répliqua vivement : « Fais-le partir ainsi ; crains le dieu porte-égide ; Garde qu’il ne te frappe en son courroux fumant. » À ces mots disparut le puissant Argicide. Après avoir ouï l’ordre du roi des dieux, L’auguste nymphe alla vers le prudent Ulysse. Il demeurait assis sur la grève, et ses yeux Se rougissaient de pleurs : pour lui, plus de délice En sa prison, l’amour ayant fui de son cœur. La nuit, près de la dive, en sa caverne creuse, Par force il reposait, glaçant la chaleureuse. Le jour, sur les rochers promenant sa langueur, Des sanglots à la bouche, et l’âme déchirée, Ses regards dévoraient l’abîme infructueux.
En conclusion, ‘Le Radeau d’Ulysse’ invite les lecteurs à réfléchir sur leur propre quête de retour et de résilience face à l’adversité. N’hésitez pas à découvrir davantage d’œuvres de Homère pour enrichir votre compréhension des paysages mythologiques grecs.