Jean Cayrol, poète engagé du 20ᵉ siècle, nous offre dans ‘On est Violent quand on est Doux’ une profonde méditation sur la complexité des émotions humaines face à l’Histoire. Dans un contexte marqué par la guerre civile espagnole et la dictature de Franco, ce poème révèle comment la douceur peut masquer une violence sous-jacente, et invite le lecteur à réfléchir sur les implications de ces sentiments contradictoires dans notre société.
On est violent quand on est doux, le sourire à l’étouffée, je voudrais bien retrouver mon bagout et cette façon de prendre les mots pour des faits. Le tendre graffiti a disparu dans les bois, voici le temps où les armures ont laissé retomber leur épi dans le froid. Franco s’en va doucement dans ses décombres ; où trouver l’homme qui marche à côté de son ombre ? La mère-patrie pousse un landau sans enfant. Je parle de l’Espagne avec l’accent tonique, le Pardo demande pardon, et toute une famille dans un grand drame antique l’entoure comme autant de chardons sur une nuit de trente-six ans. Franco entouré d’une affection cardiaque ronge l’os de sa vie, les docteurs se promènent, une montre à la main. Les bandelettes de l’Histoire se défont dans la survie : « Madrid en coma politique » Extrait de: 1977, Poésie Journal, tome 2: 1945-1976, Editions du Seuil
Ce poème riche en symboles invite à une introspection sur la dualité de nos émotions, tout en nous poussant à explorer davantage les œuvres de Jean Cayrol qui interrogent notre rapport à l’Histoire et aux blessures que celle-ci engendre. Partagez vos réflexions sur ce poème puissant.