Je reste dans l’obscur à boire ta lumière,
Toi l’astre indifférent de mon ciel tourmenté ;
Je t’offre sans parler, en une humble prière,
Ce trésor douloureux de ma fidélité.
Quand ton regard distrait vient frôler mon visage,
Un frisson inconnu parcourt tout mon esprit ;
Je tremble que tu lises, au fond de ce mirage,
Le tumulte brûlant que ma raison proscrit.
Hélas ! J’étouffe en moi le cri de la tempête,
Ce je t’aime éperdu qui meurt avant de naître ;
Timide adorateur, je courbe un peu la tête,
De peur qu’un mot de trop ne me fasse tout perdre.
Mais sache qu’en secret, dans la nuit qui s’achève,
Je bâtis des palais où nous régnons à deux ;
En attendant l’instant de briser ce long rêve,
Pour vivre au grand soleil l’éclat de nos aveux.

