Mon cœur était un cloître aux portes de granit,
Où l’ombre du passé, spectre froid, se blottit.
Je craignais la lumière et fuyais les aurores,
Gardant scellés mes vœux, ces fragiles amphores.
Mais tu vins doucement, sans heurter le verrou,
Comme un rayon d’avril caressant le houx.
Ta patience fut l’onde où la glace se brise,
Un souffle tiède et pur dans ma triste bise.
Sous ton regard clément, la sève a tressailli,
Et le jardin désert, soudain, a refleuri.
Je n’ai plus peur d’aimer, l’hiver a pris la fuite,
Guidé par ta clarté dans ma nuit fortuite.
Ô miracle attendu ! Le ciel est de saphir,
Tout renaît à la vie, tout s’apprête à s’ouvrir.
C’est un hymne sacré, une promesse heureuse,
Car l’âme, grâce à toi, redevient amoureuse.

