Dans le tumulte vain d’un monde en désarroi,
Tu te dresses, superbe, ainsi qu’un nouveau roi ;
Non point par la terreur ou le fer d’un tyran,
Mais par cette vertu qui brave l’ouragan.
Ton âme est ce granit que l’onde ne peut mordre,
Un pilier de silence au milieu du désordre.
Sous l’écorce du chêne au feuillage éternel,
Je trouve le repos d’un calme fraternel.
Ta force n’est point glaive, elle est un bouclier,
Contre les vents glacés qui voudraient me plier.
Dans l’ombre de tes bras, citadelle de chair,
Je ne crains ni la foudre, ni l’abîme, ni l’air.
Tu es l’ancre d’argent dans l’onde de mes jours,
Le gardien vigilant de mes tendres amours.
Ton regard est ce port où s’amarre mon sort,
Loin des récifs tranchants et des rives de mort.
Je pose mon front las sur ton cœur régulier,
Et j’écoute le temps doucement s’oublier.
Accepte donc ces vers, ô mon roc, mon appui,
Toi qui changes en or la grisaille de la pluie.
Je t’offre ma constance et mon souffle et ma foi,
Car l’univers entier se résume en toi.

