Nous marchons côte à côte, hélas, sans nous toucher,
Comme deux astres d’or au ciel de l’infortune.
Je vois ton ombre douce à mes pieds se coucher,
Mais le destin jaloux nous refuse la lune.
Telles ces lignes sœurs que la géométrie
Condamne à l’infini sans jamais s’embrasser,
Notre course est tracée, ô mon âme meurtrie,
Sur des chemins d’exil qu’on ne peut effacer.
Pourquoi le sort cruel a-t-il croisé nos yeux
Si nos mains, pour toujours, doivent rester distantes ?
Nous sommes les amants du royaume des cieux,
Perdus dans la douleur des heures impatientes.
Adieu donc, mon amour, inaccessible étoile,
Dans le grand livre obscur où s’écrit le regret.
L’amour impossible est le seul qui dévoile
L’éternelle beauté de son triste secret.

